RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Valls, le VRP de l’ultra-libéralisme

Mêlez-vous de vos oignons, monsieur Valls ! Ils sont assez pouraves pour que nous n’alliez pas jouer au donneur de leçons libérales ailleurs. Mais pour qui vous prenez vous en vous ingérant ouvertement dans les affaires des Espagnols à propos de la question catalane, déjà bien compliquée sans que des docteurs Diafoirus viennent s’en mêler ?

Imaginons l’inverse : le chef néo-franquiste du gouvernement espagnol s’inquiétant

 de l’état de nos banlieues,

 de nos médias aux ordres,

 des cadeaux "socialistes" au patronat,

 de la liberté de manifester en France,

et exiger, par exemple, la co-officialité de nos langues régionales...

Cela s’appelle de l’ingérence dans les affaires d’un pays souverain et viole les normes de base de la diplomatie.

En visite officielle en Espagne ce mercredi, le premier ministre français a déclaré qu’une éventuelle "sécession" (qui parle de sécession ?) de la Catalogne "aurait des conséquences très dangereuses" pour la Catalogne, l’Espagne mais aussi l’Europe. Valls a ressorti les vieux épouvantails des "nationalismes" et des "populismes" qui menaceraient "la construction européenne" ultralibérale.

Dans un pays déjà saigné aux quatre veines par la Troïka, le docteur Diafoirus a recommandé d’intensifier "les efforts" (entendez les sacrifices) pour "réduire le déficit public et la dette". Il s’est même permis de faire la leçon au nouveau secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, qui avait appelé les socialistes espagnols au Parlement européen à voter contre l’élection de Jean-Claude Juncker. Le premier ministre français, du haut de sa morgue, l’a indirectement enjoint à "être cohérent".

De la part d’un premier ministre français, fût-il d’origine catalane, ces "singérences" dans la vie politique d’un autre pays relèvent de la faute lourde. Au nom de quoi nierait-on à un peuple le droit à un référendum sur l’autodétermination ? La Catalogne n’est pas une région, mais une nation. Et l’Espagne n’est pas l’Etat espagnol. Il y a en Catalogne des forces de gauche qui souhaitent ce référendum, tout en refusant la "sécession". Ce qui est en crise en Espagne, irréversible, c’est le modèle néo-libéral issu de la "transition". De plus en plus d’Espagnols considèrent que seule une République sociale, fédérale, pluri-nationale, peut éviter l’implosion. Cela exige, estiment notamment "Izquierda unida", Podemos, l’ERC, et d’autres petites formations de gauche, un processus constituant et une nouvelle constitution à la recherche de nouveaux équilibres fiscaux, territoriaux, participatifs, et prenant en compte les aspirations non seulement des Catalans, mais de toutes les victimes du système dont vous êtes l’un des VRP, monsieur Valls.

Vous qui vous rêvez en fossoyeur de la gauche en France, en chef de file d’un parti démocrate à l’Américaine, ne prenez pas les Espagnols pour des gugusses. En Espagne, les libertés dont celle de voter n’ont pas été octroyées par la monarchie, mais conquises au prix du sang, des tortures, de milliers de "disparus", de prisonniers politiques, d’exilés, gagnées de haute lutte.

Jean Ortiz

URL de cet article 26363
   
Même Auteur
Vive le Che !
Jean ORTIZ
Comment expliquer en 2017 le prestige têtu de Che Guevarra, la fascination qu’il exerce encore et toujours ? Le nouvel ouvrage de Jean Ortiz propose une analyse et un point de vue fournis et argumentés, à contre-courant des poncifs et des contre-vérités qui ne manqueront pas de ressurgir en ce cinquantième anniversaire de son assassinat. Il est évident que se joue sur cette figure du combat anticapitaliste comme dans son legs au mouvement pour l’émancipation humaine, une bataille toujours (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le cynisme particulier des États-Unis est que durant toute l’existence de Cuba révolutionnaire, ils ont délibérément cherché une stratégie pour étrangler le pays, discriminer son peuple et détruire l’économie.

Maria Zarajova
porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères de Russie

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.