RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les sociétés minières, pompes à profit broyeuses de vies humaines

Les mineurs meurent toujours aux quatre coins du monde, par centaines en même temps, agonisent dans des conditions à peine imaginables à des km de profondeur, piégés par leur gagne-pain... les « gueules noires » n’ont pas changé de siècle, sont plus que jamais sacrifiées sur l’autel des profits et de la spéculation financière.

Dans le secteur, l’argent coule à flot, les rendements sont de plus en plus élevés, les profits faramineux, les conditions fiscales paradisiaques, les protections juridiques plutôt blindées... L’industrie minière est ainsi avant tout un champ de bataille spéculative. En première ligne, il y a les compagnies qui explorent (juniors), repèrent, découvrent, estiment les réserves de charbon de cuivre, de coltan, de cobalt, de fer, d’or, d’uranium, de diamants... et qui entrent ensuite sur les marchés pour proposer leurs concessions au plus offrant. Elles cèdent alors leurs droits ou se font tout simplement acheter par des sociétés d’exploitation (majors), celles qui vont investir pour extraire les réserves disponibles et investir encore pour explorer à nouveau les ressources estimées. « Les premières provoquent beaucoup de désordre social, environnemental, politique en faisant miroiter aux Etats et aux marchés des exploitations juteuses », explique Alain Deneault, enseignant en sciences politiques, à l’Université de Montréal (1). Les secondes se mettent à l’œuvre en tirant abondemment profit aux moindres coûts de main-d’œuvre, de protection de droits sociaux, de préservation de l’environnement et de sécurité du travail.

Des pratiques mafieuses

Les sièges de plus de 75% de ces sociétés mondiales d’exploration ou d’exploitation minière sont domiciliés au Canada. Et pour cause, elles y trouvent les conditions idéales pour se livrer à une spéculation sans retenue. Le Canada est « un pays offshore, un havre, une sorte de « Suisse des mines », coupable de beaucoup de passivité et de complaisance vis-à-vis de ce secteur, qu’il attire en lui aménageant une législation dégagée de toute contrainte. On vient, mettons, de Belgique, créer une société à Toronto qui exploitera une mine de cuivre au Katanga, en république démocratique du Congo (RDC) », décrit Alain Deneault. Cerise sur le gâteau : outre les avantages fiscaux qui attirent l’investissement de fonds de retraites, de banques, de compagnie d’assurance, les autorités canadiennes font ouvertement du lobbying pour préparer le terrain aux sociétés minières, incitent les Etats et les autorités locales à piétiner les droits des populations, à faire évacuer des territoires.

L’industrie minière est au boute du compte « hors de portée, hors de tout contrôle ». Des sociétés comme Brick Gold, Banjo, Kinross, American Mineral Fields (AMFI), Imaged... ont les coudées franches, usant sans surprise de pratiques mafieuses pour parvenir à leurs fins sans trop être inquiétées. « Les sociétés canadiennes sont impliquées dans des cas de corruption, de pollutions massives, d’atteinte à la santé publique, dans des trafics d’armes, des collusions avec des seigneurs de guerre ou des partenariats avec des dictatures, dans des affaires d’évasion fiscale, de tensions avec les populations et des meurtres... », dénonce Alain Deneault. Selon lui, « le Canada feint de contrôler son industrie alors qu’il la couvre. L’OCDE a publié un rapport indiquant que le Canada n’avait anormalement poursuivi qu’une seule entreprise en plus de dix ans ».

Des milliers de disparus

Derrière cette face cachée de l’industrie minière, il y a les drames à répétition dans un secteur par ailleurs infesté d’exploitations clandestines aux risques incalculables. La Chine figure en tête dans cette hécatombe. Quatorze des 21 accidents qui se sont produits depuis 1990, provoquant plus de cent morts, ont eu lieu dans ce pays. Durant ces 14 années, des centaines de mineurs ont également disparus sous terre au Congo, au Pakistan, en Ukraine, en Nouvelle-Zélande, en Sierra Leonne, en Tanzanie, au Soudan, aux Philippines, au Mexique, en Colombie, en Bosnie, aux Etats-Unis... La dernière catastrophe en date a fait près de 300 morts en Turquie. Trimer au fond d’une mine, et où que ce soit, n’a finalement jamais cessé d’être un jeu de cache-cache avec la mort en contrepartie d’un salaire de misère.

Nadjib Touaibia

Spécialiste des paradis fiscaux, auteur avec William Sacher de Paradis sous terre. Comment le Canada est devenu une plaque tournante pour l’industrie minière mondiale (Rue de l’échiquier, 2012)

»» http://www.michelcollon.info/Les-societes-minieres-pompes-a.html++cs_INTERRO++lang=fr
URL de cet article 25980
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Thomas Frank. Pourquoi les pauvres votent à droite ? Marseille : Agone, 2008.
Bernard GENSANE
Rien que pour la préface de Serge Halimi (quel mec, cet Halimi !), ce livre vaut le déplacement. Le titre d’origine est " Qu’est-ce qui cloche avec le Kansas ? Comment les Conservateurs ont gagné le coeur de l’Amérique. " Ceci pour dire que nous sommes en présence d’un fort volume qui dissèque les réflexes politiques, non pas des pauvres en général, mais uniquement de ceux du Kansas, dont l’auteur est originaire. Cela dit, dans sa préface, Halimi a eu pleinement raison d’élargir le débat et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La meilleure forteresse des tyrans c’est l’inertie des peuples.

Machiavel

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.