RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Affaires BNP et ALSTOM : Face aux diktats des Etats-Unis, la France osera-t-elle enfin le courage politique ?

Les USA se comportent comme les pires bandits de grands chemins de l’histoire. Hors la loi et sûrs d’eux, ils détroussent, rackettent au passage ceux qui n’obéissent pas à leurs diktats : un brigandage international qu’aucune nation digne de ce nom ne devrait tolérer. Les Nord-américains ont déjà gangréné le monde avec leur dollar en imposant son hégémonie. En favorisant la constitution de cette Europe-là, ils pensaient à juste titre que la dilution des caractères nationaux dans un magma sans âme acquis à l’ultralibéralisme, favoriserait leur contrôle et leur permettrait toutes les manipulations. Ainsi depuis quelques années, s’arrogent-ils le droit ubuesque de punir les banques étrangères parce qu’elles n’auraient pas obéi à leurs propres règles ! Elles ont pourtant respecté les réglementations françaises, européennes et internationales, mais pour l’hyper-puissance qui se fiche du droit international (même quand ils en sont à l’origine) comme de son premier indien tué, c’est d’abord à ses règles et à nulle autre que le monde doit se soumettre. Comme l’Europe est un ventre mou, ils peuvent imposer ce qu’ils veulent sans qu’ils ne soient jamais inquiétés et mettre en application leurs prétentions obscènes !

Le crime de lèse-majesté qui est reproché à la BNP comme à bien d’autres établissements financiers d’ailleurs, est d’avoir osé commercer en dollars avec des pays que les E-U haïssent et qu’ils ont décidé arbitrairement de châtier en les plaçant sous embargo (Cuba, Iran et Soudan notamment). Cela tendrait à prouver au moins une chose : quand un Etat veut s’attaquer à la finance, c’est tout à fait possible ! Mais pour cela faut-il encore disposer des armes pour le faire. A force de soumission aux dogmes ultralibéraux, à force de complaisance coupable avec la finance et son gendarme étatsunien, face aux décisions péremptoires de l’Empire, la France se retrouve en culottes courtes, la tête basse, les jambes tremblantes. Grondée, punie comme un gosse pris la main dans le sac de billes, elle se fait humilier. Comment le peuple de France peut-il accepter d’être traité de la sorte ? Comment la France officielle peut-elle continuer à accepter sans broncher ces actes de brigandage, ce racket insupportable digne des pires flibustiers du 17e siècle, au nom de décisions unilatérales qu’elle ne partage pas... mieux, qu’elle récuse ? Mais surtout comme dans le cas de Cuba, au nom d’un blocus condamné depuis 20 ans par la quasi-totalité des membres de l’ONU ? Pas un seul journaliste officiel ne relève dans ses commentaires, le caractère monstrueusement illégal, au regard du droit international, de l’extra-territorialité des lois et sanctions décidées par les seuls USA ! Pas un seul ne condamne la prétention étatsunienne à imposer sa vision de l’ordre mondial ! Pourtant, cela devrait faire bondir tous les patriotes, tous ceux qui se réclament d’une nation forte et souveraine.

Loin de moi l’idée de défendre les banques françaises qui sont des maillons forts de l’immoralité du commerce international, des acteurs de la spéculation financière et de l’évasion fiscale à grande échelle et les instruments de l’exploitation des peuples partout dans le monde. Non, il s’agit tout simplement de défendre notre souveraineté et notre indépendance, en un mot notre dignité. Il est clair, au vu des sanctions précédentes infligées à d’autres organismes financiers, que pour les E-U, blanchir l’argent de la drogue ou organiser l’évasion fiscale est bien moins grave que faire des affaires avec leurs ennemis. Toutes ces banques affairistes ont perdu leur honneur en se fourvoyant dans des acquisitions aléatoires ou des spéculations honteuses, en délaissant le cœur de leur métier, le dépôt et l’investissement productif. Elles font des affaires juteuses aux Etats-Unis qui rémunèrent grassement les actionnaires. Mais justement, de cet engagement est issue leur faiblesse, et leur talon d’Achille : la peur de perdre leur licence américaine !

Nous savons bien que les banques sont dures avec les faibles et pleutres avec les puissants. Alors imaginer un sursaut de patriotisme de leur part est purement illusoire. Comme le Crédit Suisse qui a montré la voie, la BNP, le béret à la main, "ira à Canossa", "plaidera coupable" et "reconnaîtra ses torts" pour tenter de réduire le montant de l’amende. Et pour finir ce sont les clients de la BNP qui paieront.

Mes amis, entendez-vous gronder le bruit sourd du silence coupable de nos gouvernants ? Que fait Montebourg, le "protecteur de l’industrie française" ? Où est Sapin, notre ministre des finances si soucieux de nos deniers ? Et Fabius, que dit-il, lui qui est venu à Cuba pour tenter de raccrocher l’Europe et la France aux wagons du développement industriel de l’Amérique du sud ? Et Hollande, où se cache-t-il, lui qui proclamait que son adversaire était la finance ? Entendez-vous Marine Le Pen, la poissonnière qui brandit sans cesse comme un glaive le drapeau de la souveraineté nationale ? Et L’OMC, le gendarme du commerce international ? Aux abonnés absents ! Il paraît que sur le sujet, nos ministres travaillent dans la plus grande discrétion... pour une meilleure efficacité. Sans doute, comme pour le marché transatlantique qui nous réserve de très mauvaises surprises, à ce niveau de négociation, il faut exclure le peuple des commandes, laisser les experts expertiser et les politiciens nous dépouiller dans le plus grand secret "démocratique". C’est alors que nous allons voir ce que nous allons voir ! Craignons donc le pire.

Question protection de la souveraineté de la France, ce qui se joue actuellement avec le dépeçage d’Alstom est d’une importance capitale. La seule solution qui renforcerait et honorerait la France serait de nationaliser Alstom qui est une entreprise industrielle hautement stratégique pour le pays (Transports, Energie). Mais, comme cela est malheureusement envisagé, si le rachat de sa branche Energie par l’américain General Electric (*) se concrétisait, tous les accords commerciaux passés entre Cuba et Alstom qui, implantée à Cuba, assure un tiers de la production électrique du pays, seraient du fait du blocus étatsunien, immédiatement interrompus. Ce qui entraînerait évidemment de graves conséquences, d’abord pour l’économie cubaine qui verrait s’interrompre un partenariat industriel crucial dans un secteur en plein développement, mais aussi comme le précise André Chassaigne dans sa question écrite (**) au ministre Laurent Fabius, pour la France au plan financier, par "la mise en jeu de la garantie financière de la COFACE si l’entreprise est défaillante" et au plan économique "par l’interruption de la fourniture des pièces nécessaires à la maintenance".

Est-il imaginable que la France officielle qui a émis ces derniers mois quelques signes positifs de rapprochement avec Cuba, puisse ne pas tenir compte des conséquences désastreuses que cette cession entraînerait à la fois pour l’économie cubaine et pour les relations franco-cubaines ? Dans ce domaine aussi nous pouvons craindre le pire. Mais ce serait une faute politique grave d’ignorer le rôle moteur et la place privilégiée qu’occupe désormais Cuba en Amérique Latine, notamment comme point d’entrée au "marché" de 600 millions d’habitants que représente désormais, pour le reste du monde, la jeune mais solide Communauté des Etats Latino-Américains et Caraïbes (CELAC) qui s’est ainsi émancipée de la tutelle des E-U et a pu se proclamer zone de paix.

La France va-t-elle se laisser traiter en subordonnée et se plier aux lois extraterritoriales nord-américaines qui n’ont aucune légitimité internationale ? Ou va-t-elle enfin relever la tête et réagir vigoureusement en refusant tout net cet odieux racket ? Car si la France tient à voir son nom en bonne place en tant que partenaire économique de l’un des 33 pays rassemblés au sein de la CELAC, elle n’a pas d’autre solution que de s’opposer aux prétentions mafieuses des E-U, mais il lui faudra faire preuve d’intelligence, de réalisme géostratégique, et surtout il lui faudra choisir le courage politique, s’imposer le respect de ses partenaires et de ses engagements et préférer l’investissement dans l’avenir plutôt que poursuivre sa politique atlantiste et creuser ainsi sa tombe en persévérant dans la soumission à un Empire sclérosé voué au déclin, un Empire qui, dans sa longue agonie, use d’expédients et jette, en rugissant, ses derniers coups de griffes.

Michel Taupin

(*) La patronne de GE France est la très discrète Clara Gaymard, fille du professeur Jérôme Lejeune (catholique intégriste, activiste de l’anti-avortement) et l’épouse du sieur Hervé Gaymard ancien ministre bien connu pour son "affaire d’appartement" de fonction.

(**) voir la question écrite d’André Chassaigne :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=656689394424445&set=a.202069516553104.47725.195628263863896&type=1&theater

»» http://www.facebook.com/taupin.michel
URL de cet article 25848
   
Même Auteur
30 ans d’Humanité, ce que je n’ai pas eu le temps de vous dire
Michel TAUPIN
Quel plaisir de lire José Fort ! Je pose le livre sur mon bureau. Je ferme les yeux. Je viens de l’avaler d’une traite. Comme je le trouve trop court, je décide de le relire. Même à la seconde lecture, il est captivant. Cette fois, j’imagine ce qu’aurait été ce bouquin illustré par son compère Georges Wolinski comme c’était prévu. Ç’aurait été tout simplement génial. Des tarés fanatiques ne l’ont pas permis. La bêtise a fait la peau de l’intelligence et de l’élégance. De l’élégance, José (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

La mort de la démocratie ne sera probablement pas le résultat d’une embuscade. Ce sera une lente extinction par apathie, indifférence et privation.

Robert M. Hutchins

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.