A l’occasion du 50e anniversaire des Farc en Colombie, le chef de la guérilla marxiste, Timoleon Jimenez alias "Timochenko", a affiché mardi son espoir de parvenir à une "paix efficace" lors des négociations avec le gouvernement, tout en dénonçant l’"arrogance" du pouvoir.
Dans une vidéo de près d’une demi-heure, le numéro un des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), célèbre "cinquante années de lutte incorruptible" et prévient que les rebelles "feront le nécessaire si l’oligarchie persiste à empêcher la paix". Revêtu de son uniforme au milieu d’une forêt, "Timochenko", dont la localisation est inconnue, clame que les négociations de paix avec le gouvernement du président Juan Manuel Santos, qui se déroulent depuis 18 mois à Cuba, ne se traduiront pas par une "reddition humiliante" de la guérilla.
"Nous sommes à La Havane car nous rêvons d’une paix efficace", ajoute le chef des Farc, dont le discours est intégralement reproduit sur le site internet de la guérilla (www.farc-ep.co).
Forte d’environ 8.000 combattants selon les autorités, la principale guérilla colombienne, la plus ancienne d’Amérique latine, attribue sa naissance au lancement le 27 mai 1964 d’une vaste opération militaire contre un foyer d’insurrection paysanne. Le conflit interne, qui a mêlé des milices paramilitaires et des bandes criminelles, a fait plus de 220.000 morts et 5 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.
Nous sommes nés en conséquence d’une déclaration de guerre de l’oligarchie colombienne et de la Maison Blanche", affirme le dirigeant suprême des Farc. "C’est la dure réalité politique de notre pays qui a fait basculer nos vie dans la lutte armée", cet ancien étudiant en médecine formé à Moscou, nommé à la tête de la rébellion en 2011 après la mort de son prédecesseur, Alfonso Cano, lors d’un raid militaire.
Dans son intervention, qui intervient entre les deux tours de l’élection présidentielle, "Timochenko" lance aussi une violente charge contre le chef de l’Etat, en lice pour un second mandat, lui reprochant notamment d’avoir refusé un cessez-le-feu durant les négociations. "Le président Santos n’a cessé d’accuser pendant sa campagne ses opposants fanatiques d’extrême-droite de vouloir tuer l’espoir de paix du peuple colombien. Comme s’il n’ordonnait pas chaque jour d’intensifier les opérations militaires et les bombardements dans sa soif d’éliminer les leaders de l’insurrection avec laquelle il dialogue à La Havane", clame-t-il.
Le chef des Farc reproche enfin au gouvernement actuel de "n’avoir rien fait d’autre que répondre par la moquerie" aux mouvements de protestation ruraux contre "les effets de la politique noélibérale". "La réconciliation nationale passe par le démontage de la politique de haine et d’anéantissement menée par les plus hauts représentants de l’Etat", conclut-il.