Les deux journalistes russes détenus depuis le 18 mai en Ukraine, Oleg Sidyakin and Marat Saichenko, ont été libérés le 24 mai sur intervention et négociations secrètes du chef de la république tchétchène Ramzan Kadyrov. Ils ont été ramenés en Tchétchénie dans l’avion personnel de Kadyrov, pour être reçus personnellement par lui à Grozny. Puis ils ont été transférés à Moscou où ils ont pu donner leurs appréciations sur leur détention.
• Ce rôle du président tchétchène dans cette affaire est jugé par certains comme un événement très important dans la crise ukrainienne. On doit lire notamment le commentaire de The Saker, sur le site The Vineyard of The Saker, ce 26 mai 2014 :
« Comme vous le savez sans doute, les deux journalistes russes qui travaillaient pour LifeNews, Oleg Sidyakin et Marat Saichenko, ont finalement été libérés via Grozny en Tchétchénie. Vous savez même peut-être que le président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a joué un rôle tout particulier dans leur libération. Je pense que l’importance de ce fait est probablement sous estimée par de nombreux observateurs et je veux l’évoquer rapidement. [...] Un groupe de négociateurs tchétchènes envoyé secrètement par Kadyrov dans son avion personnel, est resté 4 jours à Kiev et a eu des conversations très franches avec les gens qui comptent à Kiev. Les Tchétchènes ont probablement utilisé comme à l’habitude un cocktail de menaces et de pots de vin et ont finalement obtenu la libération des deux reporters. Ce qui est très intéressant c’est qu’il y a de plus en plus de signes que Poutine était impliqué tout au long de ce processus même s’il ne l’a jamais mentionné.
»En ce moment le bruit court en Ukraine que les Tchétchènes sont venus soutenir les républiques de Donetsk et de Lugansk. D’après ce que je sais, ce n’est pourtant pas (encore ?) le cas. [...] Mais je vois très bien Kadyrov envoyer des forces spéciales tchétchènes comme "volontaires" dans le Donbass si les choses se gâtaient vraiment là-bas. A condition toutefois qu’il parvienne à obtenir l’accord indispensable de Poutine. »
• Parmi les appréciations données par Sidyakine et Saichenko après leur retour à Moscou, on retiendra les appréciations sur ce qu’ils ont pu percevoir des forces qui les ont détenus, notamment des éléments de l’armée ukrainienne. Il y a également les indications qui semblent confirmer la présence de mercenaires dont les références hypothétiques seraient qu’ils sont d’allure occidentale, c’est-à-dire du type-Akademi (ex-Blackwater), et évoluant d’une façon assez autonome par rapport aux forces ukrainiennes. (Dans Russia Today, le 25 mai 2014.)
« [Les] deux journalistes retenus en détention en Ukraine pendant plusieurs jours disent qu’ils ont été enfermés dans un cellule souterraine avec des sacs sur la tête, les mains et les pieds liés. Ils affirment qu’ils ont été menacés de mort. A la question de savoir combien de personnes ils avaient vu pendant leur détention, ils ont répondu que le contingent qui les avait arrêtés à l’aéroport était très disparate.
»"Il y avait beaucoup de mercenaires. Il y avait des gens qui portaient des uniformes qu’on ne voit pas d’habitude en Ukraine. Ils ne parlaient à personne, ils entraient juste en silence dans le QG. Leur identité demeure un mystère." Sidyakin a précisé que, s’il n’avait pas entendu qui que ce soit parler Anglais, il avait remarqué beaucoup de personnes " à l’attitude et l’allure étranges qui portaient des uniformes et des équipement de type occidental et qui ne disaient pas un mot."
» Selon Saichenko, l’armée ukrainienne est très disparate. "Etant donné tout le temps nous avons passé avec l’armée ukrainienne nous avons pu sentir beaucoup de choses et nous rendre compte qu’elle était très divisée. Beaucoup de conscrits, y compris ceux qui nous gardaient, nous ont dit qu’ils auraient dû être renvoyés chez eux depuis longtemps et se plaignaient d’être toujours là. Ils se plaignaient aussi de la mauvaise nourriture, a dit Saichenko. "Il y avait parmi eux un jeune homme qui au début idéalisait Maidan [le coeur des manifestations de Kiev au début de l’année] et qui nous a dit que maintenant il comprenait ce dans quoi il était pris..." a ajouté Saichenko. »
Traduction : Dominique Muselet
Original de l’article