RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

C’est reparti comme en 14 ?

Une proposition de lecture pour sortir du prêt-à-penser économique qu’on nous mâchouille dans les médias afin que la digestion soit moins douloureuse : un article de Frédéric Lordon, “ Les entreprises ne créent pas l’emploi. Les irresponsables du pacte de responsabilité" (sans oublier certains des commentaires qui ont nourri ma réflexion).

Même si finalement cet article reste une analyse dans le cadre du capitalisme (en essayant de prouver par une sorte de néo-keynésianisme qu’une politique de la demande est souvent plus logique que celle de l’offre), il rappelle, agrémenté des commentaires, quelques éléments essentiels et notamment que :

* Les entreprises ne créent pas l’emploi mais convertissent en emplois les demandes de biens et services qui leurs sont adressées en fonction de la conjoncture macroéconomique.

* Le capital prend actuellement les sociétés en otage par une grève de l’investissement et de la redistribution par les salaires (et là, Pujadas est content : on associe « grève » et « prise d’otages » dans la même phrase). Bien sûr, il y a différents types et tailles d’entreprises : l’article a trop tendance à confondre entrepreneurs, dirigeants et actionnaires... Mais si les grandes entreprises n’embauchent pas, et ne permettent pas de relancer ainsi la demande, ce n’est pas parce que la concurrence est rude et les cotisations sociales trop importantes, mais parce qu’elles font le choix de réduire la masse salariale plutôt que de réduire la part des bénéfices allouée aux actionnaires et rémunérations diverses des dirigeants.

* Il est faux de croire qu’avec le "pacte de responsabilité", le gouvernement a pris un tournant social-libéral-démocrate-blablabla (ou alors un « tournant rectiligne » : sa politique est libérale et de droite depuis le début). Ce que fait Hollande, c’est un cadeau supplémentaire au patronat en allégeant non pas les « charges », mais les cotisations sociales. Réduire les cotisations des entreprises, c’est leur permettre de se désengager envers la société, donc une diminution de leurs responsabilités. Pour résumer, il n’est question ici ni de « pacte », ni de « responsabilité », mais du contraire : une prime à l’irresponsabilité. Le postulat est de faire un cadeau aux entreprises qui, si elles sont gentilles (qu’est-ce qu’elle fait la marmotte ?), créeront de l’emploi pour ne répondre à aucune demande de biens et de services. Donc en créant des richesses « inutiles car non marchandisables » : Oui car les enfants qui meurent de faim et les pauvres qui crèvent du diabète ne sont pas censés représenter une demande crédible...

* Nous n’avons pas besoin de plus de richesses. Nous pouvons déjà tout faire, n’importe où, et n’importe comment. Il suffit de mieux répartir les richesses disponibles et de les partager. Egalement apprendre à en produire moins car certaines sont inutiles ?! Cela serait enfin remettre en cause le dogme de la croissance (sans pour autant faire de la décroissance un autre dogme) : simplement tendre vers la satisfaction des besoins essentiels de tous en prenant en compte notre environnement et l’urgence écologique.

* La réduction du temps de travail est une solution trop rarement évoquée. Les robots remplacent progressivement le travail manuel et les logiciels détruisent une grande part du travail intellectuel « simple ». Grâce au progrès technique et aux gains de productivité, nous produisons toujours plus de richesses avec moins de travail. Combien d’heures de travail pour produire une voiture ou une tonne de blé par rapport à ce que cela demandait il y a cent ou même vingt ans ? Partageons donc ce travail en réduisant la durée légale !!! Cela ferait en plus un beau moyen de chantage envers le patronat qui tremblerait, ce qui ne lui est plus arrivé depuis longtemps. Le « plein emploi », donc un emploi pour tous ou presque, ne doit pas être un objectif : l’objectif est de permettre à tous une vie digne, dans laquelle on ne vit pas uniquement pour travailler.

 La guerre mondiale comme moyen de tout détruire afin de permettre la croissance par la reconstruction et sauver ainsi le capitalisme à bout de souffle ? C’est peut-être une solution qu’envisagent en ce moment certains adeptes de la "stratégie du choc" en haut lieu. Après tout, cela a déjà fait ses preuves... Ne dit-on pas « c’est reparti comme en 14 » ?! En 2014...

URL de cet article 24775
   
Même Thème
Sélection naturelle. Un roman capitaliste.
Alexandre Grondeau
John, Yan et Jean ont des quotidiens et des parcours professionnels très différents, mais ils arrivent tous les trois à un moment clef de leur vie. John est un avocat d’affaires sur le point de devenir associé monde dans un grand cabinet. Yan, un petit dealer toujours dans les embrouilles et les galères. Jean, enfin, est un retraité qui vient d’apprendre que ses jours sont comptés. Malgré leurs différences, ces trois antihéros se débattent dans les contradictions de la société de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Chaque fois que nous sommes témoins d’une injustice et que nous n’agissons pas, nous entraînons notre caractère à être passif en sa présence et nous finissons par perdre toute capacité de nous défendre et de défendre ceux que nous aimons. Dans une économie moderne, il est impossible de s’isoler de l’injustice."

Julian Assange - Wikileaks

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.