Il s’est ainsi engagé à :
1) Laisser tranquille les exploitants : "un régime plus simple pour accélérer les décisions de modernisation de certaines d’exploitations" ... "relever d’une procédure d’enregistrement et non plus d’un mécanisme d’autorisation".
2) Conserver le statut de "bien meublé" des animaux dans le code civil : "beaucoup d’efforts ont été réalisés pour le bien-être animal sans qu’il soit nécessaire de le traduire par une loi. Dans le code rural notamment, l’animal est déjà considéré comme un être sensible. Pourquoi ajouter d’autres considérations ?"
Il semble ainsi que le président ait voulu s’inscrire dans une démarche républicaine et modérée puisqu’il ne faut pas oublier que :
1) Staline voulait tout réglementer
2) Hitler voulait protéger les animaux
et que, d’après mon voisin "tout ça, on voit bien ce que ça a donné".
On peut quand même lui reprocher de ne pas avoir tenu ses promesses électorales. Ainsi, dans une lettre de réponse à l’association de défense des animaux L214 (2), ses conseillères déclaraient le 30 mars 2012 que : "Le bien être animal, qu’il s’agisse des conditions d’élevage, d’abattage ou encore de la protection d’espèces menacées, doit, de ce fait, faire l’objet de fortes et ambitieuses mesures que le candidats socialiste s’engage à mettre en oeuvre" ... "Il nous paraît nécessaire de réformer le Code civil afin que ce dernier ne définisse plus l’animal par son utilisation, en tant qu’objet patrimonial, mais bien comme un être sensible"..."en son état actuel, le droit français apparaît trop peu progressiste et peu cohérent". Peu avant son élection, Hollande reprenait d’ailleurs ces mêmes arguments dans un questionnaire de La Fondation Droit Animal, éthique et sciences (3).
Probablement mal conseillé à l’époque, Hollande a certainement pris le temps de s’informer sur les conditions de l’élevage intensif (4) (5) (6) (7). Peut être est-ce la FNSEA, le puissant syndicat agricole qui a su user une fois de plus de ses talents de persuasion (Sodexo peut en témoigner, ayant récemment retiré ses affiches et renié ses propres analyses environnementales (8)). Quoi qu’il en soit, le président déclare aujourd’hui sans sourciller que "Nous sommes en fait unis sur un certain nombre de principes et de valeurs. En France, nous aimons les animaux. Et les premiers qui les aiment ce sont ceux les éleveurs qui les soignent." (1)
Au pays de Mickey, on connaissait déjà la remarque de Donald (Rumsfeld) à propos des techniques d’interrogatoire renforcées (torture pour les intimes). "Je suis moi-même debout de 8 à 10 heures par jour. Pourquoi la posture debout des prisonniers est-elle limitée à 4 heures ?" (9) (10). Depuis quelques années il semble que la France concurrence le grand-frère Etasunien dans l’art de la formule. Au risque de passer pour un conspirationniste, négationniste, remisencausionniste du 11 Septembre (11), je me demande même si ils ne profitent pas des sommets Bildeberg ou autres pour se lancer des défis de ce genre. "This year, the winner is the French President with : "Une réforme du code civil ? Pour quoi faire ? En France nous aimons les animaux". Bravo ! Clap ! Clap ! Clap ! Cela me rappelle 1984, l’oeuvre de Georges Orwell : "La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force."
Prenant modèle sur les grands de ce monde, je cherche d’ailleurs moi aussi à m’élever socialement en conceptualisant tout. Quand on me parle des cochons qui ne peuvent pas bouger dans leurs enclos trop étroits, je réponds "C’est du cocooning". Le gavage des oies ? "C’est un peu comme la cuillerée du nourrisson". La surpopulation des poulets en batteries ? "Pensez aux personnes âgées qui aimeraient être moins seules". Les porcelets castrés à vif, les volailles au bec brûlé, les animaux saignés en pleine conscience ... ? "Ils doivent eux aussi participer à l’effort économique du pays".
Et puis, considérer les animaux comme des biens meublés ce n’est pas si mal dans une société de surconsommation. Quand je pense à mon voisin qui se met dans tous ses états si quelqu’un touche à sa voiture, c’est bien que la loi l’incite ainsi à soigner les animaux. Aristote nous le prouverait aisément avec un syllogisme : "Mon voisin ne mange pas de meubles, les animaux sont des meubles, mon voisin est donc végétarien". Louons donc encore une fois le capitalisme pour ses bienfaits. Alors que beaucoup de gens rêvent d’avoir une grande maison, une belle voiture et des objets numériques derniers cris, combien de chiens errants peuvent être ainsi sauvés ? "Chérie, j’ai ramené des meubles, mais fait attention, y en a un qui a la patte cassée". Preuve s’il en faut de l’efficacité du concept, nous n’avons pas en France de chiens errants comme à Sotchi. Depuis le début des jeux olympiques, nos médias de masse ne manquent d’ailleurs pas de nous le rappeler dans une ambiance pro-Etasunienne qui rappelle Rocky IV :
– BFMTV : "Depuis qu’un chien errant a été aperçu se promenant au milieu du stade olympique, les autorités Russes ont décidé d’exterminer tous les animaux errants dans la région" (12)
– francetvinfo : "Sotchi voulait exterminer les chiens errants avant les JO" (13)
– Europe 1 : "Quand vous traduisez du langage bureaucratique en langage humain, le terme ’élimination’ signifie ’meurtre’ " (14)
– Le Monde : "Offrir à l’adoption ces ’poubelles ambulantes’ ne fait pas partie de son mandat"... "La presse américaine, extrêmement sensible à la question animalière, a couvert ce sujet abondamment ces derniers jours"... "Pourquoi une solution si radicale ?" (15)
– L’Express : "’J’ai l’impression que les chiens sont parfois maltraités (en Russie)’, a expliqué Gus Kenworthy (médaillé d’argent aux JO de Sotchi)" (16)
– Huffington Post : "cette jeune américaine de 28 ans a décidé d’adopter un chien errant avant de repartir pour les Etats-Unis" ..."Gus Kenworthy, a l’intention d’adopter non pas un mais cinq chiens" ..."La nouvelle de l’adoption a même touché Miley Cyrus, qui n’a pas hésité à poster la photo du skieur en le félicitant sur son compte Twitter". (17)
Bien sûr, en France aussi les maires ont l’obligation d’organiser le ramassage d’animaux errants et peuvent eux aussi déléguer cette tâche à une structure privée (18). Une structure privée euh ... comme "Basya services" (l’entreprise Russe qui était chargée du ramassage de chiens errants à Sotchi) ? Oui, mais en Russie on massacre certainement les animaux à la faucille et au marteau :
– Le Monde : "Il (Alexeï Sorokin, directeur de Basya services) refuse de préciser comment ceux-ci seront tués" (15)
– 30 millions d’amis : "Des milliers de chiens sont actuellement euthanasiés par le gouvernement russe à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Sotchi" (19)
– francetvinfo : "Faute de pouvoir les euthanasier, les autorités avaient prévu de stériliser ces animaux" (20)
Connaissez-vous les "Ch’tis Fox days" qui se déroulent en ce moment même dans le département du Nord ? (21) (22) Rassurez-vous, ce n’est pas un massacre à la Russe, c’est juste une "opération de régulation" (les "opérations de régulation" sont un peu aux massacres d’animaux ce que les "opérations extérieures" sont à la guerre : en gros, c’est nous donc ce n’est pas pareil). Sangliers (23), pigeons (24), bouquetins du Bargy (25) ... on régule, on régule ... aux États-Unis, ils régulent même le "clébard" dans les rues des grandes villes (26). Seuls les défenseurs des animaux retiendront de ces J.O. deux athlètes végans : la Canadienne Meagan Duhamel (27) et le Russe Alekseï Ivanovitch Voïevoda (28). Végans dîtes-vous ? Ce sont des extrémistes !
Jérôme Henriques