RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les révolutions de couleur sont-elles si spontanées que ça ?

Depuis plus de trois ans, les pays du monde arabe ont vécu sous l’influence de « révolutions » qui ont secoué les fondements politiques d’un certain nombre d’États, conduisant à un changement et à la naissance de nouveaux partis et à un changement de la vie politique locale. Les véritables bénéficiaires et instigateurs de ces révolutions ont été au centre de nombreuses interrogations.

Ces questions sont de nouveau sous les feux de la rampe depuis la naissance et le développement des « révolutions de couleur » dans d’autres parties du monde. On pense particulièrement aux événements qui ont dernièrement marqué l’Ukraine. Les analystes sont particulièrement perplexes sur l’action des hommes politiques européens et étasuniens, l’opposition ukrainienne appelant à des réactions extrêmement virulentes contre le gouvernement légalement élu du pays. La question ne se limite pas seulement aux appels lancés par les États-Unis et par le sénateur John McCain pour faire tomber le régime ukrainien actuel, mais s’étend aussi au soutien financier dont bénéficient les leaders de l’opposition qui ont bien souvent un point d’ancrage à l’ouest. Le cas de l’ex-boxeur et candidat à la présidentielle Vitali Klitschko parle de lui-même : il dispose d’un permis de séjour en Allemagne et y paie ses impôts.

Dans ce contexte, les conclusions tirées par les experts du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) sont particulièrement intéressantes : les révolutions de couleur « spontanées » pourraient être le résultat d’opérations coordonnées. Selon ces experts, les militants révolutionnaires d’Europe de l’est mais également du monde arabe (en particulier ceux du Mouvement de la jeunesse du 6 avril qui a contribué au renversement d’Hosni Moubarak) et même d’Amérique du sud, ont participé à des séminaires axés sur la non-violence organisés en Serbie par CANVAS (Centre for applied nonviolent action and strategies). Fondé en 2001, ce centre n’est qu’une émanation du mouvement serbe OTPOR ! (résistance) qui a été un acteur majeur dans la chute de Slobodan Milosevic. Son rôle discret dans les révolutions arabes a soulevé nombre de questions.

Les experts du CF2R ont ainsi retracé les activités des « conseillers » qui ont contribué à la révolution orange en Ukraine. Ils mirent à jour des liens très étroits qui les unissaient avec l’organisation biélorusse Zubr (bison), créée en 2001 dans le but de renverser le régime du président Loukachenko. Bien évidemment, de telles activités nécessitent un financement substantiel. Srđa Popović, le directeur de CANVAS, affirme que l’association ne reçoit que des subventions privées. Les auteurs de l’étude brossent cependant un tout autre tableau. Selon des sources généralement bien informées, deux organisations étasuniennes contribueraient à son financement : l’IRI (International republican institute) et la Freedom house.

L’IRI est une organisation politique associée au Parti républicain. Fondée en 1983, elle travaille également avec d’autres think tanks néolibéraux. Sa source principale de financement est le gouvernement fédéral des États-Unis. Sa mission officielle est de « soutenir la croissance des libertés économiques et politiques, de la bonne gouvernance et des droits humains autour du monde par l’éducation des gens, des partis politiques et des gouvernements sur les valeurs et la pratique de la démocratie ». Dans les faits, l’IRI est directement impliquée dans le coup d’État de 2004 à Haïti tout en finançant des groupes d’opposition dans le pays. L’organisation aurait également tenu une place non négligeable dans la déstabilisation du Honduras en 2009. L’IRI n’est en réalité que le bras masqué de la CIA.

Freedom house a quant à elle été fondée en 1941. Cette organisation non gouvernementale aide officiellement au développement des libertés dans le monde. Cette organisation se déclare indépendante bien qu’elle reçoive un financement du gouvernement des États-Unis par l’intermédiaire du National endowment for democracy, de l’USAID et du département d’État américain. Environ 75 % de ses ressources proviennent d’allocations fédérales étasuniennes. Freedom house a eu pour président jusqu’en 2005… James Woolsey, qui a été directeur de la CIA de 1993 à 1995. Rien d’étonnant à ce que la blogueuse égyptienne Israa Abdel Fattah, cofondatrice du mouvement du 6 avril, ait fait partie d’un groupe d’activistes invités par Freedom house, le tout financé par l’USAID (United States agency for international development).

La participation financière de l’IRI et de Freedom house, tout comme celle des forces spéciales qui utilisent le paravent d’associations soi-disant indépendantes, a contribué à développer des « activités révolutionnaires » non seulement en Égypte, mais aussi en Tunisie, en Libye, en Syrie et dans quantité d’autres pays du Proche-Orient. Dans ces conditions, difficile de ne pas voir là une action (voire une manipulation) étasunienne, même si elle n’est pas du seul fait de l’administration Obama.

Quand on connaît un peu mieux les activités et les moyens déployés par ces organisations et l’utilisation qui en est faite par les États-Unis, on a peine à croire que la déstabilisation du Proche-Orient, de l’Ukraine et demain d’ailleurs puisse connaître un jour un répit.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-les-revolutions-de-couleur-...

URL de cet article 24183
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Ukraine : Histoires d’une guerre
Michel Segal
Préface Dès le premier regard, les premiers comptes-rendus, les premières photos, c’est ce qui frappe : la « guerre » en Ukraine est un gâchis ! Un incroyable et absurde gâchis. Morts inutiles, souffrances, cruauté, haine, vies brisées. Un ravage insensé, des destructions stériles, d’infrastructures, d’habitations, de matériels, de villes, de toute une région. Deuil et ruines, partout. Pour quoi tout cela ? Et d’abord, pourquoi s’intéresser à la guerre en Ukraine lorsque l’on n’est pas même ukrainien ? (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’écart gigantesque entre ce que les dirigeants des Etats-Unis font dans le monde et ce que les habitants des Etats-Unis croient qu’ils font est une des grandes réussites de propagande de la mythologie politique dominante.

Michael Parenti

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.