La Genèse du fascisme remonte au concept même de civilisation. Toutes les civilisations de l’histoire ont méprisé l’autre, ceci car sans rabaisser son semblable à un rang inférieur, il est impossible de justifier moralement son exploitation. Le capitalisme n’est pas différent sur ce point des civilisations qui nous ont précédées.
Si le fascisme moderne remonte à 1880, ce qui le rends possible est le racisme institutionnel, lequel existe depuis que la religion de la première civilisation s’est mise, lors de l’antiquité, à séparer l’homme de la Nature. A partir de là, il est possible de séparer l’esprit de la chair ce qui permet de fabriquer des frustrés qui ne maîtrisent pas leur violence et qui sont insensibles aux discours rationnels.
Dans de tels conditions, les marxistes ne peuvent pas rejeter tous les tords sur les capitalistes mais ils doivent aussi reconnaître leur part de responsabilité dans la montée du fascisme. En effet, ils ont cru, et ils continuent de croire, que faire des discours rationnels suffirait à conquérir les masses à leur cause. Hitler s’est montré bien supérieur à ce petit jeu, il avait compris que les masses ne demandent qu’a être manipulées et c’est ce qu’il a fait depuis le début. Face à cette réalité, il n’y a qu’une issue pour quelqu’un d’intègre : montrer l’exemple. Montrer qu’en faisant les choses d’une autre façon, ça marche aussi bien que de la façon capitaliste.
De plus, il ne faut jamais généraliser en parlant de marxisme. Il y a autant d’interprétations de Marx que de gens qui l’ont lu, sans compter tous ceux qui n’ont jamais rien lu de lui à part quelques citations sorties de leur contexte, mais qui ont quand même leur avis sur la question. J’ai même rencontré un libanais qui avait fait ses études en URSS. Il m’avait dit - Tu peux résumer Marx en une phrase : Plus tu travailles, plus tu t’enrichis. Pour se limiter aux marxistes, certains s’investissent dans toutes les luttes alors que d’autres, au nom de dogmes qui ont prouvé leur incapacité à empêcher la montée du fascisme dans les années 20 et 30, continuent de ne soutenir aucune lutte sous prétexte que ce ne sont que des bourgeoisies ou des impérialismes qui s’affrontent. Certains ont compris qu’une révolution qui joue une classe sociale, celles des ouvriers de villes dans la Russie de Lénine, celle des paysans des campagnes dans la Chine de Mao, contre toutes les autres, ne peut qu’échouer sur le long terme, et ils font appel aux peuples. D’autres continuent de nier l’existence des peuples, exactement comme les sionistes, et à vouloir répéter l’histoire et précipiter une classe sociale non pas contre la seule bourgeoisie capitaliste, mais contre toutes les autres.
L’union fait la force. Ce que je crois est que discuter c’est bien, mais il arrive un moment où il faut mettre ses divergences d’opinions de côté et se focaliser sur la pratique. Qu’est-ce qu’on peut bien faire ensemble pour faire avancer le schmilblick ? Ceci surtout que si un des buts recherchés est réellement de donner le pouvoir de décision au peuple ou aux ouvriers, ce sont à eux que la décision finale de la politique à suivre appartiendra. C’est pour moi le point fondamental sur lequel les marxistes de chez nous ont encore un gros travail à faire, il y a beaucoup de divisions dans la gauche progressiste, et ces divisions l’empêche souvent de se focaliser sur la pratique, ce qui fait le jeu des fachos. Ce qui m’énerve le plus chez certains marxistes est leur propension à critiquer les mouvements des autres, au lieu de dire tu te bats pour ça, je me bats pour ça, notre ennemi commun est le capitalisme, que pouvons-nous faire ensemble ?
La communication est au vivre ensemble ce que le racisme est au diviser pour régner. Nous ne serons jamais d’accord sur tout, mais il y a quand même bien des points sur lesquels nous pouvons travailler ensemble.