Comme ils sont à pleurer il vaut mieux essayer d’en rire.
La France est encore sur le podium bien qu’il lui faille descendre de nouveau d’une marche, mais comme celle-ci est réputée stable, au moins dans l’avenir immédiat, tout ne va pas si mal.
Pourtant, la prochaine inversion de la courbe du chômage ne paraît pas évidente aux yeux de l’agence, et pour cause... c’est la politique qu’elle préconise qui conduit à ce résultat.
Elle a la cruauté d’ajouter au constat que le niveau actuel du chômage amoindrit le soutien populaire en faveur de nouvelles réformes structurelles et sectorielles et affecte les perspectives de croissance à plus long terme.
Ce qui est d’un autre point de vue un indice de bonne santé (AAA) de l’opinion, au moins une bonne nouvelle !
En fait de réformes structurelles et sectorielles, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a beau se débattre comme un beau diable en expliquant que l’agence n’a pas pris en compte toutes les réformes et notamment, last but not least, celle en cours d’adoption (mais rejetée au Sénat) des retraites, il ne fait qu’apporter au passage la confirmation que cette réforme est sensée satisfaire la sphère de la finance... qui fait donc preuve de beaucoup d’ingratitude.
C’est contre cette ingratitude que le travailleur fatigué qui caresse l’espoir de toucher une pension réduite devra sans doute se retourner quand il déposera ses prochains bulletins de vote dans les urnes...
Comme la circonstance permet à Jean-Marc Ayrault d’exercer sa verve il ajoute comme exemple la réforme du marché du travail ( l’ANI qui précarise l’emploi) en précisant bien avec l’accord des syndicats, c’est-à-dire de trois syndicats minoritaires, et le refus des deux syndicats majoritaires.
Et pour compléter le tableau de ce qui conduit le pédalo à prendre de la bande, il place une dernière touche avec la Banque publique d’investissement qui n’est qu’une évanescence, compte tenu du capital ridicule dont elle dispose.
Il voulait sans doute voler la vedette à son ministre de l’Économie Pierre Moscovici dans son numéro de comique involontaire qui fait valoir les réformes d’envergure pour redresser l’économie du pays, ses finances publiques, et sa compétitivité, envergure dont ses compatriotes n’ont pas encore apprécié tous les bienfaits : en particuliers ceux des cadeaux accordés au capital.
Pour un peu il volerait à son tour son mérite à son prédécesseur DSK en se présentant comme le meilleur étalon puisque, parmi les atouts reconnus de la France, il met en tête ses perspectives démographiques. Et il ajoute avec l’aplomb et l’air faux qui le caractérisent : la qualité de ses infrastructures, le haut niveau d’éducation et de productivité de sa main d’œuvre, le niveau d’épargne élevé du secteur privé et son statut d’émetteur de référence au sein de la zone euro. Toutes vertus de la France dont il se targue mais que la politique actuelle est en train de continuer à mettre à bas, et alors qu’il fournit lui-même la cause du mal :
La perspective "stable", écrit le ministre, "traduit, selon S&P, l’engagement du gouvernement à contenir la dette publique".
Et pour chapeauter la prestation de l’inspecteur Derrick-Ayrault et de son adjoint au blouson de daim... venue de là-haut, la promesse rassurante de Fanfan la Teinture :
"Je confirmerai la stratégie qui est la nôtre, le cap qui est le mien", a-t-il déclaré lors d’une visite au siège de la Banque mondiale à Paris.
Qui donc a prétendu que l’équipe gouvernementale faisait preuve d’incohérence ? En tout cas, pas son noyau dur, – dur avec le peuple.
Mauris Dwaabala