Artisan de la reprise fin juillet du dialogue direct entre Israël et les Palestiniens, le secrétaire d’État étasunien a incontestablement piégé Mahmoud Abbas et ses conseillers en leur faisant admettre leur retour à la table des négociations malgré le refus de Netanyahu et de son cabinet de geler l’extension de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Préalable posé pourtant depuis 2010 par l’Autorité palestinienne à son retour à cette table et a été déclaré par elle non négociable.
En faisant confiance au secrétaire d’État qui a dû certainement leur promettre que les États-Unis allaient exercer des pressions sur le Premier ministre israélien pour qu’une fois le dialogue direct israélo-palestinien entamé, il soit mis fin à l’extension de la colonisation, Mahmoud Abbas et ses conseillers ont pour le moins fait preuve de « naïveté ». Le cap de la reprise du dialogue franchi, Israël a non seulement poursuivi l’extension des colonies juives mais en a accéléré et amplifie le rythme, sans craindre à l’évidence les réactions américaines à son arrogante politique en la matière. De fait, celles-ci se limitent à « regretter » et à déplorer cette politique.
Mahmoud Abbas et les négociateurs palestiniens tempêtent et dénoncent, voire même ils menacent de quitter la table des négociations. Sans que la partie israélienne ne s’en inquiète vraiment. Et elle a raison car pour avoir renoncé au préalable de son gel avant la reprise du dialogue direct, les négociateurs palestiniens ne peuvent sans préjudice diplomatique arguer de la poursuite de la colonisation juive pour rompre le processus du dialogue.
Cynique comme à son accoutumée, Benyamin Netanyahu a d’ailleurs balayé les protestations palestiniennes et celles de la communauté internationale qui se sont élevées à l’annonce par son gouvernement du lancement d’un chantier de plus de mille logements juifs en Cisjordanie occupée et d’un autre de près de 900 à Jérusalem-Est occupée, en faisant valoir que l’Autorité palestinienne savait que la reprise du dialogue direct palestino-israélien n’a pas été conditionnée par l’abandon de la part d’Israël de la poursuite de la colonisation juive en territoires occupés.
A moins d’un « coup de sang » improbable de Mahmoud Abbas qui constate avoir été floué par les assurances étasuniennes, les négociateurs palestiniens ne se retireront probablement pas de la table des négociations, du moins pas avant que ne s’écoulent les 9 mois impartis au premier rond des négociations palestino-israéliennes par leur parrain John Kerry. Il sait en effet n’avoir à attendre aucune compréhension de la part des États-Unis s’il décide effectivement de rompre avant cela le dialogue direct engagé. C’est en effet à la partie palestinienne que Washington, Tel-Aviv et les Européens s’empresseront d’imputer le blocage en niant le fait que la poursuite de la colonisation lui en a fait obligation effectivement impérative.
Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne se sont retrouvés dans la désastreuse situation de faire « le dos rond » face au grignotage des territoires palestiniens en train de prendre une dimension qui rend absurde la création dans ces conditions d’un État palestinien viable. Attitude à laquelle John Kerry, de retour dans la région pour soi-disant tenter de faire fléchir la position israélienne sur ce volet des différends palestino-israéliens, demandera à l’Autorité palestinienne de s’en tenir et de faire toujours « confiance » à Washington. En somme de persister dans la naïveté de croire à « l’équité » de la position américaine sur le conflit palestino-israélien.
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Nous devons employer la force parce que nous sommes l’Amérique. Nous sommes la nation indispensable.
Madeleine Allbright Secrétaire d’Etat des Etats-Unis