D’un côté, la colère des salariés, ceux qui se battent pour maintenir leurs emplois et, de l’autre, les patrons qui utilisent cette colère sociale pour ne pas payer une taxe.
La suspension de l’écotaxe, la seule décision possible face à la situation provoquée par les tensions et leur cristallisation sous la forme des mobilisations, n’apporte aucune réponse à la situation de l’agroalimentaire et à la multiplication des fermetures d’usines qui touchent directement les salariés bretons.
Une nouvelle mouture de la loi votée sous le gouvernement Fillon, avait été votée au Sénat à l’unanimité le 12 février 2013, puis à l’Assemblée en avril.
Une mesure votée par la majorité présidentielle comme par la droite est remise en cause à partir du moment où un groupe d’individus cassent des biens publics sous l’œil complaisant des caméras de télévision.
Toujours produire plus, dans le moins de fermes avec le moins de salariés possible et en continuant à polluer le plus longtemps possible...
Une nouvelle fois, le gouvernement a reculé et cédé au lobbying patronal, celui de l’agro-industriel mené par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, et le Medef pour casser une logique économique qui serait la relocalisation.
Le mouvement des patrons bretons s’inscrit en effet dans une offensive générale du Medef qui avait préconisé lundi d’ajourner l’entrée en vigueur de l’écotaxe et de la taxe à 75% sur les très hauts revenus, voire de les supprimer au titre de la compétitivité et de l’emploi.
Les patrons se sont organisés dans le pays pour ne plus payer de cotisations sociales, ne plus payer d’impôts, et pour ne pas payer l’écotaxe.
Ils le font très bien, puisque le gouvernement a cédé un nouveau cadeau fiscal aux entreprises. Elles ont l’oreille du gouvernement dont elles perçoivent chaque année 200 milliards d’euros d’aides publiques.
Les patrons ont encore remporté une victoire, mais plus le gouvernement cède à droite, plus il est en difficulté sur sa gauche.
Une piqûre de rappel
Cependant, les dirigeants du Front de Gauche devraient tirer des enseignements de cette dernière péripétie : il s’agit du cas de figure typique devant lequel ils se trouveraient placés si d’aventure ils parvenaient aux responsabilités gouvernementales.
Des travailleurs mécontents poussés en avant contre le pouvoir par les patrons qui les excitent.
Il vaut peut-être mieux que ce soient la viande socialiste et sa tendreté qui les avertissent des dangers qui les attendent s’ils étaient portés aux commandes sans le soutien d’un puissant mouvement populaire qui demeure tout à fait hypothétique dans la conjoncture.
Il y a dans ces derniers évènements de quoi puiser un peu d’eau froide pour la jeter sur les discours enflammés de gauche qui ne s’appuient sur aucune ressource d’énergie populaire.
Mauris Dwaabala