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The Nation

La Turquie, Israël et les Etats-Unis

Jason Vest

Jason Vest continue à dêmeler les liens entre le pouvoir à Washington, la nécessité absolue d’envahir l’Irak et les interêts israeliens et turcs.

Dans un article pour l’Institute for Advanced Strategic and Political Studies rédigé en 1996 à l’attention de Benyamin Netanyahu, les auteurs -Richard Perle et Douglas Feith, qui sont maintenant et respectivement président du Conseil de la Politique de Défense ( chair of the Defense Policy Board ) et Sous-secrétaire pour la politique de défense ( Under Secretary of Defense for Policy ) conseillaient à Israël de "modeler son environnement stratégique en affaiblissant, contenant et prenant à revers la Syrie," ainsi qu’en "se concentrant pour déposer Saddam Hussein en Irak - un objectif stratégique israélien trés important en soi ." C’est là toute la substance de l’article. Mais peut-être les parties les plus intéressantes sont-elles les références à la réalisation "d’une nouvelle stratégie pour garantir le royaume" en "travaillant étroitement avec" ou "en coopération" avec la Turquie.

l’Institut Juif pour les Affaires de sécurité nationale ( Jewish Institute for National Security Affairs ) JINSA et le Centre pour la Politique de Sécurité ( Center for Security Policy ) CSP ne se sont pas contenté, de manière enthousiaste, d’assurer un flux constant d’aide militaire AMÉRICAINE pour la Turquie. Les Conseillers du JINSA/CSP, PERLE et Feith, ont passé les quinze dernières années - dans des postes gouvernementaux ou privés - à travailler tranquillement et adroitement pour maintenir les vannes des Etats Unis ouvertes à la Turquie, aussi bien qu’à rapprocher la Turquie et Israël ainsi que leurs groupes de pression (lobby) américains respectifs .

Pour Perle, Feith et d’autres faucons, l’importance de la Turquie non seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour Israël est évidente en soi. En tant qu’état Musulman laïc, la Turquie a toujours été un allié politique et militaire attirant pour les Israéliens. Marquant leur respect pour les relations trés proches entre les Etats Unis et Israël, cela fait plus d’une décennie que les Turcs ont commencé d’apprécier la valeur pour les relations Turques-américaines de la proximité à Israël et qu’ils ont aussi ont commencé à apprécier l’utilité d’un allié comme le lobby Juif américain contre les groupes de pression Grecs et Arméno-américains.

En fait, l’idée d’un puissant tiercé gagnant américain-turc et israelien n’a rien de nouveau. C’était une idée chérie par le mentor de Perle au Comité du Danger Présent ( Committee on the Present Danger ) Albert Wohlstetter, de l’Université de mathématiciens de Chicago et consultant du RAND. l’homme était la clef dans l’élaboration des plans stratégiques et nucléaires du Pentagone pendant la guerre froide. Dans des études confidentielles écrites à la demande du Pentagone durant des années, Wohlstetter apparaissait comme un fervent partisan de la Turquie. Quand Perle a occupé son poste au Pentagone durant l’ère Reagan, il a entrepris de mettre en oeuvre la vision de Wohlstetter, conduisant des réunions régulières à Ankara et réalisant en 1986 un accord militaire et économique quinquennal avec la Turquie( Defense and Economic Cooperation Agreement ) que le Financial times a décrit comme "une forme de triomphe personnel" pour Perle. Ce n’était pas si mal pour la Turquie, non plus : Après Israël et l’Egypte, la Turquie devenait le troisième destinataire en volume de l’aide militaire AMÉRICAINE et obtenait un réechelonnement utile de ses dettes à l’égard des Etats-Unis.

Perle a quitté le gouvernement en 1987. En 1989, des articles de presse Turcs divers ont annoncé qu’il avait commencé à faire du lobbyng à Washington pour la Turquie. Dans l’ordre, le Wall Street Journal l’a confirmé, annonçant qu’il avait "vendu l’idée d’une nouvelle société (de lobbing) à Turgut Ozal, le Premier ministre Turc, lors d’une réunion à New York en mai dernier." Mais Perle ne s’était pas fait inscrire comme un agent étranger parce qu’il n’était que "le président du conseil consultatif de la société," qui, comme l’a relevé The Journal, n’était constituée que d’une seule personne : Perle.

Perle a répliqué à la révélation de The Journal par une lettre bizarre, prétendant d’une part que - malgré les années de rapport émis par les media sur ses initiatives Pentagono-Turques - il n’avait eu aucune responsabilité à l’égard de la Turquie lorsqu’il était fonctionnaire de Pentagone, mais qu’il avait, néanmoins, plaidé pour la Turquie au Pentagone. Maintenant qu’il était passé au privé, il allait en faire quelque chose - mais seulement dans la mesure où Doug Feith prendrait le relais, Perle lui même ne faisant qu’un travail de conseiller.

Selon les archives de la loi sur l’enregistrement des Agent Étrangers [1] ( Foreign Agent Registration Act filings ), le conseil de Perle a été trés couteux - un total de 231,000 $ entre 1990 et 1994. Pour aider la Turquie, Feith a aussi mis en avant l’avocat Michel Mobbs - maintenant conseiller du Pentagone, et rendu célèbre depuis qu’un juge fédéral a décidé que sa note traitant du cas de la détention d’Yaser Esam Hamdi comme " combattant ennemi" était insuffisante. Feith a aussi embauché Morris Amitay, l’ancien directeur du Comité des Affaires Publiques Américano-Israeliennes, (American Israel Public Affairs Committee, AIPAC) et actuel patron du lobby pro-Israëlien de Washington, qui a visé cette année l’ambassadeur Juif-américain nommé par Bush en Israël, Daniel Kurtzer, du fait de sa critique publique circonspecte de la politique des colonies en Israël.

International Advisors,Inc. emporte l’affaire courant 1989, en accroissant ses pressions et en asurant la défaite des efforts du Congrès pour maintenir l’aide militaire AMÉRICAINE à la Turquie à un niveau inférieur à celle de la Grèce voisine. En plus de cimenter les relations américano-turques de militaires à militaires, l’IAI était aussi partie prenante dans l’effort Israélo-turc de 1989 pour annuler une résolution du Sénat AMÉRICAIN marquant le soixante-quinzième anniversaire du génocide arménien commis par les Turcs. " Tranquillement, des diplomates israéliens et quelques activistes Juifs américains ont consenti à aider la Turquie alors même que d’autres leaders Juifs se sont plaints du fait qu’ils n’avaient pas à intervenir dans une question si sensible, " a annoncé Wolf Blitzer qui était alors correspondant du Jerusalem Post à Washington. Blitzer a même cité une source qui expliquait qu’" en tant que victimes de génocide, nous éprouvons une sympathie naturelle pour les arméniens. Mais Israël veut favoriser ses relations avec la Turquie, qu’il considère de la plus grande importance. "

Depuis que les faucons du Pentagone préparent à nouveau pour une guerre contre l’Irak , Perle et ceux de son espèce cherchent à obtenir un soutien et à promouvoir la Turquie, qui, à l’heure actuelle, se trouve dans une situation économique et politique chancelante, malgré les efforts précédents de l’Administration de Bush, qui comprennent un prêt arrangé de 16 milliards de $ du FMI et un paquet d’aide AMÉRICAIN de l’ordre de 228 millions de $ en suspens. En réponse aux inquiétudes Turques concernant le potentiel de déstabilisation politique et économique d’une attaque sur l’Irak, Perle et d’autres ont proposé un accord de libre-échange expansif entre la Turquie et les Etats-Unis. Un premier pas dans cette direction transparait déjà dans le projet de loi du Sénat, patronné par des Sénateurs John Breaux et John McCain. Il est renforcé par les trois douzaine de Comité électoral Américano-turcs bipartisans récemment mis en place au Capitole, qui permettraient au textile Turc d’entrer aux Etats-Unis via Israël en bénéficiant d’une exemption de droits. Selon une source du Pentagone informée du voyage récent de Paul Wolfowitz, secrétaire d’état à la Défense Nationale, à Ankara, les Turcs ont indiqué qu’ils pourraient soutenir une invasion de l’Irak en échange d’une autre annulation de la dette militaire à hauteur de 5 milliards de $, aussi bien qu’un système de défense de missile Patriote gratuit.

Mais même avec telles mesures - et malgré l’aidfe de Perle et Feith au cours de ces années - l’avenir des relations AMÉRICAINES-TURQUES n’est pas assuré. Des élections turques sont prévues pour novembre et le parti modérément pro-Islamiste Justice et Développement (AK) semble mener dans les sondages. Cette situation déprime et Washington et Ankara. [2] Par ailleurs, selon des sources diplomatiques à Washington, alors que les Turcs ont montré un certain empressement à soutenir une invasion AMÉRICAINE et la restructuration de l’Irak, ils continuent à s’inquiéter sérieusement de la déstabilisation régionale qui en résulterait. Il s’inquiétent aussi du coût financier de la guerre pour la Turquie et de l’établissement d’une province Kurde dans un état fédéral post-saddam qui pourrait constituer une première étape pour une campagne militaire revogorée menée par les Kurdes de Turquie en vue d’une indépendance Kurde totale. Cet effort pourrait être rendu plus facile si Kirkuk, une ville pétrolière de l’Irak du nord, tombait sous le contrôle Kurde. " Ce n’est pas encore ni exactement ce qu’on peut appeler une situation volatile , "dit un diplomate basé à Washington," mais disons juste que beaucoup de gens gardent un oeil très vigilant sur la Turquie. "

Article original en anglais dans The Nation : Turkey, Israel and the US

Translated with permission from the (date of issue) issue of The Nation magazine. For subscription information, call 1-800-333-8536.

Portions of each week of Nation magazine can be accessed at http://www.thenation.com.


[1Aucune compagnie étrangère ne peut prétendre influencer l’action du gouvernement américain sans s’être dument enregistrée comme requis par le Foreign Agent Registration Act. Note du Traducteur

[2A la date du 23 septembre, les généraux démocratiquement autoproclamés d’Ankara viennent de mettre hors jeu Recep Tayyip Erdogan, le leader du Parti de la justice et du développement (AKP, islamiste modéré), donné favori aux élections législatives du 3 novembre. Lire : La Turquie évince le favori islamiste sur le site de Liberation. Note du Traducteur


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