En apportant de précieux dons en hommage. C’est ce qu’on comprend du communiqué de la Maison Blanche. Avant tout « le Président et le premier ministre Letta soutiennent tous les deux le Partenariat transatlantique pour le commerce et les investissements ». Le projet d’une OTAN économique, voulu par les multinationales et grandes banques étasuniennes, auquel le président Napolitano, en février dernier à la Maison Blanche, a exprimé son appui inconditionnel avant même que l’accord ne soit écrit et que n’en soient évaluées les conséquences pour l’économie italienne (surtout pour les PME et les exploitations agricoles).
Un autre thème de la rencontre sera « la coopération États-Unis-Italie dans l’OTAN ». C’est-à-dire la coopération italienne à la présence de commandements et bases militaires étasuniennes, auxquels s’ajoutent les structures de l’OTAN qui sont toujours sous commandement étasunien. Letta assurera Obama que le Muos de Niscemi sera complété, malgré l’opposition populaire. Il l’assurera que l’Italie restera dans le programme du chasseur étasunien F-35, quoi qu’en dise le parlement. Ce dont témoigne le fait que, bien que la Chambre (26 mai) et le Sénat (16 juillet) aient engagé le gouvernement à ne pas acheter de chasseur F-35 sans que le parlement se soit exprimé à ce sujet, le 12 juillet a été consigné au site de Cameri le fuselage du premier F-35 « italien » et, le 30 juillet, le Pentagone a commandé à la firme Lockheed Martin les 6 premiers des 90 F-35 que l’Italie achètera. À un prix qui reste à définir : dans le budget 2014 du Pentagone, les 29 premiers chasseurs coûtent 219 millions de dollars pièce, qui, développement et essais compris, grimpent à 291 millions.
Troisième thème de la rencontre : celui des « défis communs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». Letta assurera Obama que l’Italie, outre qu’elle restera en Afghanistan comme « nation cadre » après 2014, s’occupera en Libye de reconstituer l’armée et les institutions et de désarmer les milices. Ce n’est pas par hasard que, trois jours avant que Letta soit reçu à la Maison Blanche, son gouvernement a lancé la « mission militaire humanitaire », dont l’objectif déclaré est de faire de la Méditerranée « une mer sûre ». Le but de l’opération, déclare le ministre de la Défense Mario Mauro, est de « tripler notre présence, en termes d’hommes et de moyens, dans la zone sud de la Méditerranée, pour une mission militaro-humanitaire dont le but est de contenir la crise due en partie à la situation de "non État" dans lequel se trouve la Libye ». Ces mêmes forces aéronavales, utilisées dans la guerre qui a réduit la Libye à un « non État », sont maintenant envoyées « contenir la crise » qui en est dérivée. On instrumentalise la tragédie humaine provoquée par la guerre, dont les derniers drames en Méditerranée ne sont que le pointe de l’iceberg. Les sauvetages de naufragés, sous les objectifs des télécaméras, servent à accréditer l’idée qu’il faut potentialiser les forces armées, impliquées toujours et partout dans des « missions humanitaires ». Si le véritable objectif était de sauver des vies humaines, on n’utiliserait pas des navires de guerre, très coûteux et non adaptés à ces opérations, mais on créerait une task force civile adaptée. Le but réel de la mission, qui triplera la présence militaire italienne dans la zone sud de la Méditerranée, est de renforcer la stratégie USA/OTAN en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Pour sa mission « humanitaire » Obama fera les louanges de Letta sous les objectifs des télécaméras. Celles qui nous montrent les tragédies de la Méditerranée, par contre, s’éteindront bientôt.
Et d’autres embarcations couleront en silence.
Manlio Dinucci, édition de mardi 15 octobre 2013.
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio