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Budget de l’État : Surtout ne rien faire. On continue comme avant !

Que de congratulations socialistes après le chiffre spectaculaire de 50 000 chômeurs en moins au mois d’août et la présentation du budget 2014 de l’État ! La masse salariale serait quasiment stabilisée et les dépenses de fonctionnement des ministères réduites de 2%, portant l’effort global à 2,6 milliards d’euros, a précisé le projet de loi de finances présenté en Conseil des ministres.

La masse salariale devrait s’élever à environ 81 milliards (contre 80,6 milliards en 2013), selon le ministère de la Fonction publique. Le chômage baisse mais en 2014, 13.123 emplois de fonctionnaires seront supprimés dans les secteurs qui ne concourent pas aux missions prioritaires de l’État à savoir 7.881 postes de moins au ministère de la Défense et 2.564 à Bercy, aux Finances. Pourquoi ces deux ministères ? Le premier parce que c’est bien connu, les militaires, ça obéit, ça ne rechigne pas ; le second parce qu’on informatise à tout va pour supprimer les postes.

A l’inverse, on aura noté que le budget prévoit 10.979 créations de postes, dont 9.984 pour l’Éducation (lycées et universités), 405 pour la police et la gendarmerie et 590 pour la justice. Et comment faire autrement ? Les prisons sont saturées, la police sur tous les fronts et l’éducation nationale à bout de souffle.

Pourtant, les créations à l’Éducation nationale sont un peu aberrantes. La réforme Chatel, sous la présidence Sarkozy, conçue au départ pour faire des économies devient à son tour budgétivore avec les accompagnements personnalisés et autres tutorats. Mais Peillon ne touchera à rien. Quid dans le budget de la suppression des départements, quid de la réduction de la classe politique, quid des niches fiscales. On continue comme avant.

Le budget a confirmé l’annonce « électoraliste »du 20 septembre concernant les agents les moins payés. Les fonctionnaires de la catégorie C, soit près de la moitié des quelques 5 millions d’agents, se verront ainsi attribuer au 1er janvier 2014 des augmentations allant de 4,6 euros à quelque 46 euros mensuels. Sur l’ensemble du quinquennat, les effectifs de la fonction publique doivent rester stables, les créations dans l’enseignement (60.000), la justice et la sécurité (5.000) devant être compensées par des réductions dans d’autres ministères. Ce sera quand même pour 2014, 3 347 postes de fonctionnaires en plus ! La Cour des comptes reste très dubitative. Stabiliser la masse salariale en maintenant les effectifs au même niveau ou en les augmentant supposait de geler les salaires. Or l’actuel gouvernement ne peut demander aux fonctionnaires de travailler plus et de toujours gagner moins ! Bref, ce n’est pas le budget de la cacophonie, c’est le budget du sauve qui peut, d’un état incapable de s’en prendre à la caste politique et à l’administration publique.

Concernant la fiscalité, le projet de loi de finances présenté en Conseil des ministres, insiste bien sur l’effort de l’État mais en fait, il maintient le mille-feuille administratif. Le budget par ailleurs reste plus discret sur l’évolution de la fiscalité, après, il faut bien le dénoncer les 20 milliards d’augmentation d’impôts sur les ménages et les entreprises votées l’an dernier pour 2013.

Une critique qui s’adresse aussi bien à Nicolas Sarkozy – Fillon qu’à François Hollande-Ayrault. Le Monde rappelle que Nicolas Sarkozy a augmenté les impôts de 16,2 milliards d’euros en 2011, puis de 11,7 milliards net en 2012. Depuis son élection, François Hollande a rajouté 7,6 milliards d’impôts en 2012, et a « poursuivi le tour de vis en 2013 avec plus de 20 milliards d’euros d’augmentations », écrit le quotidien. Soit 55,5 milliards d’euros d’impôts en plus en 4 ans.

Pierre Moscovici a déclaré pourtant : "Nous préférons faire des économies plutôt que d’augmenter les impôts" et a même rajouté "Nous avons retrouvé notre souveraineté budgétaire, c’est-à-dire la liberté de faire des choix qui préparent l’avenir". Il reporte ainsi la solution de la dette nationale sur les générations futures mais aussi les collectivités locales qu’ils dépouillent encore plus (la réunion annuelle avec les maires risque d’être mouvementée !), les mutuelles surtaxées au maximum et une nouvelle taxe sur l’excédent brut d’exploitation pour les pigeons.

Enfin, Bercy s’est bien gardé de préciser que le budget doit être essentiellement financé par le relèvement de 19,6 à 20% du taux normal de la TVA, et de 7 à 10% du taux intermédiaire au 1er janvier. Nicolas Sarkozy, en 2012, avait annoncé que « le taux normal de TVA passerait de 19,6% à 21,2%. Quant au "taux réduit", qui vient de passer de 5,5% à 7%, il restera inchangé ».

Ainsi, en 2014, la France atteindra un nouveau taux record absolu de prélèvements obligatoires avec 46,1% du produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement n’a été soucieux que de préserver le pouvoir d’achat de ses électeurs potentiels à l’approche des échéances électorales. La dette souveraine française va bientôt atteindre les 2.000 milliards d’euros, c’est-à-dire 95,1% du PIB fin 2014, soit 30.000 € par Français. Pour l’instant, l’agence France Trésor emprunte à taux bas mais elle risque de se voir imposer des taux à plus de 5% et le Qatar ne sera pas toujours là !

Les élections en Allemagne sont passées et Merkel devrait remettre très vite les pendules à l’heure de l’austérité pour tenter de sauver l’euro. Ne prenant pas les décisions politiques d’exception qui s’imposent aujourd’hui, la France sera contrainte un jour ou l’autre de solliciter l’aide du FMI et de la BCE.

Michel Lhomme

»» http://www.metamag.fr/metamag-1574-BUDGET-DE-L%E2%80%99ETAT.html
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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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