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Les barbares campent sur Twitter

Insultes sexistes et racistes, menaces physiques, appel au viol… Des cyber-activistes d’extrême droite se déchaînent sur la toile contre une jeune militante du Parti de gauche, coupable d’avoir raconté sur Twitter sa participation à la manifestation organisée à Marseille contre l’université du Front national, samedi.

La violence et la haine envahissent dangereusement les réseaux sociaux. C’est devenu banal de le dire.
Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’on prenne pleinement la mesure du fumet sorti des égouts qu’exhale de plus en plus la toile à mesure qu’enflent les intentions de vote en faveur du Front national de Marine Le Pen.
Si l’on n’y remédie pas, notamment en appliquant aux infractions et aux délits les plus flagrants les lois qui encadrent la liberté de la presse, il est plus que probable que des esprits simples (le web en attire beaucoup), chauffés par des excités, passent à l’acte.
Présent sur le plateau de LCI au moment de l’annonce de la mort de Clément Méric, j’avais dit à chaud ne pas être surpris par l’agression violente de ce jeune militant, ayant constaté depuis plusieurs mois, sur le net, une montée de la violence verbale des militants et sympathisants d’extrême droite à l’encontre de tous leurs contradicteurs.

Le fascisme le plus bestial

La haine déversée sur une jeune militante du Parti de gauche, et quelques uns de ses soutiens, depuis ce week-end par quelques cyber-activistes qui se revendiquent de cette mouvance en est une nouvelle illustration. Et elle est édifiante. Le fascisme le plus bestial, avec son lot de menaces, de propos orduriers, racistes, mais en l’espèce aussi particulièrement sexistes, s’exprime désormais sans retenue.

Le prétexte à cette attaque aura été la manifestation organisée à Marseille contre la tenue dans cette ville de l’université d’été du FN. Quelques 8.000 personnes ont défilé du Vieux-Port à la place Castellane, à l’appel du collectif Marseille contre l’extrême droite, qui regroupe une quarantaine d’organisations. Dans le cortège, Julie Del Papa rend compte de l’ambiance sur Twitter, s’attirant de premières répliques de twittos nationalistes auxquelles elle répond parfois.
Assez vite à court d’arguments un certain @olbag, qui reconnaît avoir « l’intelligence de Nabilla », propose à la jeune femme de « l’enculer », suggestion reprise par @DTsumeo à la suite duquel @Fortesque18 suggère de la « flooder » (traduction française = envoyer une grande quantité de données aussi inutiles que malveillantes).

Pour ceux qui l’ignorent, le GHB ou acide gamma hydro butyrique est le nom scientifique de la drogue du viol. L’incitation au viol est explicite. Et l’appel au « flood » entendu.
Voici une sélection de captures d’écran (impossible de toutes les produire) des écrits (si l’on peut dire) de ce club de poètes :

Attention, âmes sensibles s’abstenir !

Je vous avais prévenu, ces messieurs ont quelques obsessions lourdingues... Et des difficultés à manier l’orthographe de la langue française.

Insensibles aux menaces de plainte

Quand Julie Del Papa a protesté, alerté ses camarades, suscitant de très nombreux tweets de soutien, et annoncé qu’elle déposait plainte [1], les trolls ont continué de plus belle, non sans prétexter que tout cela n’était que de l’humour. Extraits :

Intimidations tous azimuts

A ces menaces de viol, sont venus s’ajouter des tweets plus précis, laissant entendre que leurs auteurs savaient très bien où cette jeune militante habitait. Un certain @19constitution lui conseille ainsi de bien regarder où elle met les pieds, Avignon étant « une petite ville ». Un autre n’a pas hésité à balancer l’adresse et le téléphone d’un bloggeur, Nathanaël Uhl, qui, dans un billet titré Encore un week-end ordinaire à facholand, avait pris la défense de Julie Del Papa.

Dans leurs délires, ces fanatiques imaginent déjà déporter leurs opposants...

...jusqu’au bout de l’enfer. À Auschwitz même !!

Notez que la deuxième « salope » visée dans ce tweet, Sophia Hocini, a eu le tort de s’opposer à la meute lâchée sur Julie Del Papa, sur twitter et sur son blog. Ce qui lui vaut d’être également harcelée.

Qui sont ces trolls ?

D’abord de courageux anonymes qui se planquent derrière leur clavier. Et quand on essaie d’en savoir plus, on note que
 @Merkava_83, dont le compte est protégé (cela renforce l’anonymat), se présente sur son profil comme un Anti-UMPS-Radical et se flatte d’être suivi par Marine Le Pen.
 @olbag, qui crie à la diffamation quand il est qualifié de « facho », a fêté en juillet l’anniversaire de... Mussolini.
 @Corlugdunum, qui sur son profil appelle à la Reconquista sur la reproduction d’un tableau représentant Charles Martel, est un fan de Marine Le Pen.

Grand discours de #MLP, une prise de hauteur indéniable, un constat pragmatique, une vision explicite, l’émergence d’une future Présidente ?

— Coeur De Lyon (@CorLugdunum) September 15, 2013

- @WalterKruger88 avec qui il était en relation sur le réseau avait pour avatar la photo d’un officier SS ; j’écris « avait » car ce compte semble avoir été fermé.
 @ElConnardo, autre relation de @CorLugdunum, déclare que ses « tweets n’engagent qu’Adolf Hitler »...
 Etc.
Si cela vous dit de plonger dans ce bestiaire, vous pouvez continuer les recherches... Vous y trouverez confirmation que la France bleu marine dont on nous vante un peu trop la dédiabolisation-normalisation tire fortement vers le brun.
P.-S.

En terminant ce billet, je découvre que le Parti de gauche vient de publier un communiqué demandant que « les menaces de mort et de viol contre Julie Del Papa [soient] sanctionnées ». Vous pouvez le lire ici.

Vos commentaires sont les bienvenus, mais l’anonymat y est prohibé.

Michel Soudais - 17 septembre 2013.

»» http://www.politis.fr/Les-barbares-campent-sur-Twitter,23681.html

[1Son commissariat n’a voulu retenir qu’une main courante.


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