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La guerre des satellites au Moyen-Orient

À l’heure où le monde entier attend des frappes contre la Syrie, il serait intéressant de comprendre comment ce genre de guerre à distance se déroule de nos jours.

L’évolution des guerres au cours de l’histoire a été accompagnée par un développement remarquable des moyens et capacités militaires, y compris les satellites d’espionnage. Et on peut considérer notre ère comme celle de la guerre spatiale incluant la militarisation de l’espace et l’utilisation des satellites militaires qui surveillent précisément et en un temps court et rapide tous les traits et caractéristiques du terrain, permettant ainsi aux pays possédant ces satellites de renforcer leur capacité d’espionnage, d’intelligence, de surveillance et de suivi des opérations stratégiques et militaires des adversaires, d’une part, en plus de la détection des ressources naturelles (y compris les eaux souterraines, le pétrole, etc.), d’autre part.

Évolution dans les technologies

L’utilisation des satellites dans les guerres modernes a permis de réduire la taille des armées et de changer un grand nombre de plans tactiques. Les composants de la guerre de l’espace s’avèrent très éloignés du champ de confrontation directe sur le terrain, bien que ceux-ci puissent surveiller la Terre avec succès. Voici quelques exemples réels de l’utilisation des images satellite dans les guerres modernes :

  • La guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988), durant laquelle les Satellites français pour l’observation de la Terre SPOT 3 (avec une résolution spatiale – ou capacité de différentiation entre les divers objets – de 10 m à peu près) ont fourni des images dans les zones de Bosra et Chatt el-Arab à l’armée irakienne qui les a exploitées durant son attaque contre les forces iraniennes, ce qui a permis une nette supériorité du côté irakien sur son adversaire.
  • Les première et deuxième guerres du Golfe (1990-1991) durant lesquelles les États-Unis ont utilisé trois satellites KH-11 avec une résolution spatiale très élevée pouvant atteindre 10 à 15 cm pour la gestion des conflits, le recensement des soldats et la localisation de leur déploiement, et le placement de tir des missiles balistiques comme les missiles Scud irakiens (utilisant les capteurs thermiques), en plus de l’utilisation de Washington de 2 satellites appartenant à la série d’imagerie radar « Lacrosse » ayant une résolution spatiale très forte (1 mètre) et une capacité de détection dans des conditions climatiques difficiles (ex. : brouillard).

Actuellement, les États-Unis et la Russie possèdent les centaines de satellites à usages multiples, y compris les satellites militaires surveillant par diffusion directe les diverses régions du monde, notamment le Moyen-Orient. Par exemple, les États-Unis ont lancé en 2012 un grand nombre de satellites militaires à des intervalles de temps très rapprochés, qui se caractérisent par une résolution spatiale très élevée de quelques millimètres près, parmi ceux-ci :

  • WGSF4 (lancé le 20 janvier 2012), fournissant les communications essentielles pour les forces militaires américaines dans la région du Moyen-Orient.
  • MUOS (lancé le 24 février 2012), fournissant des informations tactiques en surveillant les appels téléphoniques et les courriels.
  • USA234 (lancé le 2 avril 2012 comme un satellite d’espionnage).
  • AEHF2 (lancé le 4 mai 2012) a coûté près de 1,7 milliard de dollars américains et peut assurer les communications marines et terrestres n’importe où dans le monde.
  • USA236 (lancé le 20 juin 2012 comme un satellite d’espionnage).
  • USA237 (satellite d’espionnage lancé le 29 juin 2012).
  • OTV3 (lancé le 11 décembre 2012) a été créé par les forces aériennes américaines et comprend des équipements expérimentaux secrets).

La Russie, elle, a envoyé de nombreux satellites militaires au cours de l’année 2012, comme le « Meridian 6 » (satellite d’espionnage lancé le 20 janvier 2012), le « Cosmos 2479 » (lancé le 30 mars 2012 et considéré comme un satellite d’alerte précoce couvrant une grande partie de l’hémisphère terrestre), et le « Cosmos 2481 » (lancé le 28 juin 2012 et qui a rejoint le réseau russe composé d’environ 70 satellites d’espionnage).

Parmi les pays européens, la France est considérée comme le pionnier dans le domaine de l’espace, ayant conçu depuis plusieurs années de s’introduire dans l’espace comme moyen de prouver sa supériorité technique et renforcer sa sécurité nationale. La France a collaboré conjointement avec les États-Unis et la Russie dans des programmes spatiaux communs, et elle a lancé plusieurs satellites dans divers domaines, y compris militaire. Parmi ceux-ci, on cite le satellite « Elisa E12 » (lancé le 17 décembre 2011 et qui intercepte les émissions radar dans toutes les régions du monde, y compris au Moyen-Orient) et le satellite « Pleiades 1B » (lancé le 2 janvier 2012 et qui fournit une couverture instantanée complète de chaque hémisphère toutes les 24 heures).

Le Japon est un des pays leaders dans le domaine de la recherche spatiale et a été en mesure de lancer plusieurs satellites à différentes utilisations, incluant le satellite d’espionnage « IGS6A » lancé le 23 septembre 2011 au coût de 500 millions de dollars américains. La Chine, l’Inde et la Corée du Sud ont également prouvé leur capacité à militariser l’espace, depuis que la Chine a lancé récemment plusieurs satellites militaires, dont « Chinsat 2A » (lancé le 26 mai 2012, surveillant les diverses communications militaires) et « Yaogan 15 » (lancé le 29 mai 2012, incluant un système radar capable de photographier dans diverses conditions climatiques, et de transmettre des images de nuit et de jour pour les différentes parties du monde, y compris le Moyen-Orient, avec une résolution spatiale très élevée).
Pékin possède à l’heure actuelle des moyens antisatellites et offre des possibilités d’emploi dans le domaine de l’espace pour plus de cent mille personnes.

En outre, l’Inde est devenue une destination pour les pays du monde afin de lancer leurs satellites militaires à partir de son territoire. De plus, l’Inde dispose actuellement plusieurs satellites tels que « RISAT1 » qui a été lancé le 26 avril 2012, un satellite radar fournissant par diffusion spontanée des images pour les différentes régions du monde avec une capacité de différentiation d’un mètre.

La capacité spatiale des pays du Moyen-Orient varie de façon significative en dépit de l’attribution de tous ces pays d’un pourcentage élevé de leur revenu national à acheter différents types d’armes et d’équipements militaires.

L’Arabie saoudite vient en premier lieu pour ce type d’achat de matériels à usage militaire, étant donné qu’en 2012, une proportion de plus de 10 % de son revenu national (équivalent à 46,219 milliards de dollars US) a été attribuée pour les dépenses militaires, suivie par Oman (9,7 % du revenu national ou l’équivalent de 4,047 milliards de dollars US) et les Émirats arabes unis (6,9 %, soit l’équivalent de 16,062 milliards de dollars US). Israël a dépensé en 2012 6,5 % de son GDP (soit 15,209 milliards de dollars US), la Jordanie 6,1 % (soit 1,363 milliard), l’Irak 5,4 % (4,663 milliards), le Koweït 4,4 % (soit 4,411 milliards), le Liban 4,1 % (ou 1,564 milliard), la Syrie 4 % (ou 2,236 milliards), le Yémen 3,9 % (ou 1,222 milliard), l’Algérie 3,8 % (ou 5,586 milliards), le Bahreïn 3,7 % (ou 731 millions), le Maroc 3,4 % (ou 3,256 milliards), le Soudan 3,4 % (ou 1,991 milliard), la Turquie 2,4 % (ou 18,687 milliards), l’Égypte 2,1 % (ou 3,914 millions), l’Iran 1,8 % (ou 7,463 millions), la Tunisie 1,3 % (ou 548 000) et la Libye 1,2 % (ou 1,1 milliard). Tous les pays arabes dont le pourcentage du revenu national cumulé dépassant le PNB israélien n’investissent pas dans le domaine militaire aérospatial autant qu’Israël.

Rania Bou Kheir [1], le 30/08/2013.

»» L’Orient-Le Jour

Logo : Vue satellitaire de Damas et de ses environs. Photo Google Earth


[1Rania BOU KHEIR est professeure à l’Université libanaise en télédétection et environnement, lauréate du prix de la francophonie pour jeunes chercheurs en 2011, habilitée à diriger des recherches par l’Université Pierre et Marie Curie, Paris XI, qualifiée professeur par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.


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