Ali Aarrass est un citoyen belgo-marocain, mais qui n’a d’appartenance au Maroc que son passeport. Il n’y a jamais vécu avant d’y être emprisonné. Arrêté à Mellila en Espagne en 2008, suspecté de terrorisme, il est innocenté à la suite d’une longue enquête (1 an et demi d’écoute téléphonique).
Mais alors que sa famille à la suite de son procès attend sa libération, il est extradé vers le Maroc. Il disparait pendant 12 jours. 12 jours pendant lesquels il sera torturé et signera des documents en arabe qu’il ne lit pas : ses aveux, obtenus sous la torture, torture qui a été rapportée par un rapporter de l’ONU. Pourtant, alors qu’Ali a toujours vécu en Belgique, et y a effectué son service militaire, le consulat belge refuse toujours d’intervenir, s’appuyant sur un accord bilatéral de La Haye. Mais le Maroc n’a jamais signé cet accord, il date de 1930, et de nombreux cas de jurisprudence démontrent que la Belgique peut intervenir. Par ailleurs l’article 3 des Nations Unies, prévaut sur le fait qu’en cas de torture les états se doivent d’intervenir pour protéger leurs citoyens.
Il se trouve actuellement en grève de la faim (29 jours) et vient de mettre fin à une grève de la soif à la prison de Salé, suite à de nouveaux traitements dégradants et inhumains subis en prison. Cette grève constitue la quatrième.
Le ministère des affaires étrangères belge, sous la pression citoyenne des dernières semaines, vient d’écrire à son homologue marocain. Une première en 5 ans ! Le comité de soutien demande l’annulation du procès marocain où les aveux obtenus sous la torture ont été la seule preuve de l’accusation et rappelle qu’Ali Aarrass a toujours conçu et conçoit sa lutte comme une lutte pour les droits de tous les prisonniers. Dans ce cadre, ils soutiennent l’appel de Human Rights Warch pour la libération de tous les détenus restants dans le procès Belliraj et de tous les prisonniers politiques au Maroc.
Le lien vidéo vers la dernière conférence de presse avec le résumé de l’histoire.
Demande de grâce...
Ô Votre Majesté, Belle Reine Mathilde
Je viens à vous lestée, du murmure des guildes
Montant des bas quartiers, sortant des chrysalides
Du peuple agenouillé, que la justice guide
Entendez vous chanter, aux portes du palais,
Le nom d’un innocent que l’on a torturé
Tendez l’oreille Sire, aiguisez vos feuillets
Au nom d’Ali, mon Roi, enfermé à Salé
Ô ne voyez vous pas, Votre Altesse infinie,
Se creuser sous vos pas, le fossé des harpies
Abandonnant les uns, usant de calomnies
L’injustice déjà, nous réduit en charpie
Ignorez Vous Monsieur, qu’un belge innocenté
De faim, d’ennui se meurt, au Maroc extradé
Ô ne pourriez vous pas expliquer à Didier*
Oui l’invalidité de l’accord de La Haye
Ou bien l’article 3, mon Roi, ce dernier droit
Que l’on offre à la proie, crucifiée sur la croix
Faudra-t-il qu’on le broie ? Qu’on aille jusqu’à l’endroit
Où triomphe l’effroi, pour qu’on le lui octroie
Je sais votre bonté, l’amour de la famille
Vous venez à régner juste avant votre fille
Il serait déplacé, dangereux, inouï
Que vous vous taisiez, pendant que lui expie.
Julie Jaroszewski
*Didier Reynders - ministre des affaires étrangères belge.