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Le Monde Diplomatique, août 2013

Serge Halimi, dans son éditorial de la livraison d’août 2013, revient sur la situation extrêmement tendue en Égypte :

« Ils avaient juré qu’ils ne brigueraient pas la présidence égyptienne. Ce premier serment rompu, les Frères musulmans devaient apporter « pain, liberté, justice sociale ». Sous leur férule, l’insécurité s’est accrue, la misère aussi. La foule a alors reconquis la rue pour exiger le départ du président Morsi. Certaines révolutions commencent ainsi. Lorsqu’elles triomphent, on les célèbre pendant des siècles sans se soucier exagérément de leur spontanéité relative ou des fondements juridiques de leur déclenchement. L’histoire n’est pas un séminaire de droit.

Au lendemain de la dictature de M. Hosni Moubarak, il était illusoire d’imaginer que l’étouffement prolongé de la vie politique, du débat contradictoire, ne pèserait pas sur les premiers scrutins. Dans de tels cas, les électeurs confirment souvent l’influence des forces sociales ou institutionnelles les mieux structurées (les grandes familles, l’armée, l’ancien parti unique) ou celle des groupes organisés qui ont maillé leurs réseaux clandestins pour échapper à la répression (les Frères musulmans). L’apprentissage démocratique déborde largement le temps d’une élection. »

Le mensuel donne la parole à Evo Morales, chef d’État latino-américain séquestré par des chefs d’État européens sur l’ordre d’Obama :

« Le dévoilement par M. Edward Snowden du caractère tentaculaire de l’espionnage américain n’a suscité que des réactions frileuses de la part des dirigeants européens. Lesquels, en revanche, n’ont pas hésité à immobiliser l’avion du président bolivien Evo Morales, soupçonné de transporter l’informaticien fugitif.

Le 2 juillet dernier s’est produit l’un des événements les plus insolites de l’histoire du droit international : l’interdiction faite à l’avion présidentiel de l’Etat plurinational de Bolivie de survoler les territoires français, espagnol, italien et portugais, puis ma séquestration à l’aéroport de Vienne (Autriche) pendant quatorze heures.
Plusieurs semaines après, cet attentat contre la vie des membres d’une délégation officielle, commis par des Etats réputés démocratiques et respectueux des lois, continue de soulever l’indignation, cependant qu’abondent les condamnations de citoyens, d’organisations sociales, d’organismes internationaux et de gouvernements à travers le monde.

Que s’est-il passé ? J’étais à Moscou, quelques instants avant le début d’une réunion avec M.Vladimir Poutine, quand un assistant m’a alerté de difficultés techniques : impossible de nous rendre au Portugal comme prévu initialement. Toutefois, lorsque s’achève mon entretien avec le le président russe, il devient déjà clair que le problème n’a rien de technique… »

Toujours cette grave et difficile question que pose Frédéric Lordon : faut-il sortir de l’euro ?

« Beaucoup, notamment à gauche, continuent de croire qu’on va changer l’euro. Qu’on va passer de l’euro austéritaire présent à un euro enfin rénové, progressiste et social. Cela n’arrivera pas. Il suffirait d’évoquer l’absence de tout levier politique en l’état d’incrustation institutionnelle de l’actuelle union monétaire européenne pour s’en faire une première idée. Mais cette impossibilité tient surtout à un argument beaucoup plus fort, qui s’exprime à la manière d’un syllogisme.

Majeure : l’euro actuel procède d’une construction qui a eu pour effet, et même pour intention, de donner toute satisfaction aux marchés de capitaux et d’organiser leur emprise sur les politiques économiques européennes. Mineure : tout projet de transformation significative de l’euro est ipso facto un projet de démantèlement du pouvoir des marchés financiers et d’expulsion des investisseurs internationaux du champ de la construction des politiques publiques. Ergo, conclusions : 1. Jamais les marchés ne laisseront s’élaborer tranquillement, sous leurs yeux, un projet qui a pour évidente finalité de leur retirer leur pouvoir disciplinaire ; 2. Sitôt qu’un tel projet commencerait d’acquérir un tant soit peu de consistance politique et de chances d’être mis en œuvre, il se heurterait à un déchaînement de spéculation et à une crise de marché aiguë qui réduiraient à rien le temps d’institutionnalisation d’une construction monétaire alternative, et dont la seule issue, à chaud, serait le retour aux monnaies nationales. »

Il fut un temps où les citoyens étasuniens refusaient de se laisser espionner, et refusaient même que l’on espionne Al Capone (David Price) :

« Nul n’a été surpris d’apprendre que Washington disposait d’un puissant système d’espionnage, mais la révélation de son ampleur par l’informaticien Edward Snowden a créé un scandale planétaire. Aux États-Unis, la nouvelle fut accueillie avec une certaine apathie. Le temps est révolu où les affaires d’écoutes téléphoniques déclenchaient l’ire de la population, des médias… et des entreprises de télécommunications.

Les révélations de M. Edward Snowden sur l’étendue du programme de surveillance électronique de la National Security Agency (NSA) posent la question de l’intrusion des agences américaines de renseignement dans la vie des citoyens. Mais, au-delà de l’enregistrement de métadonnées à partir des lignes télé-phoniques et de la navigation sur Internet, cette affaire met au jour une autre réalité, tout aussi inquiétante : la plupart des Américains approuveraient le contrôle des communications électroniques privées. Selon un sondage du Washington Post effectué quelques jours après les déclarations de M. Snowden, 56 % de la population juge que le programme de surveillance Prism est « acceptable » et 45 % que l’Etat doit « être capable de surveiller les courriels de n’importe qui pour lutter contre le terrorisme ». Des résultats peu surprenants : depuis plus de dix ans, médias, experts et dirigeants politiques ne cessent de présenter la surveillance comme une arme indispensable à la « guerre contre le terrorisme ». »

Un article passionnant d’Olivier Razac sur la philosophie du fil de fer barbelé :

« A l’ère des caméras de vidéosurveillance, de l’identification biométrique ou encore du mobilier urbain dissuasif, on aurait pu croire le barbelé obsolète. Il reste pourtant largement utilisé dans le monde entier, même si, en Occident, où il demeure associé aux camps de concentration, on le réserve à des usages bien circonscrits. Inventorier ses multiples emplois ou ses substituts s’avère riche d’enseignements.

Inventé en 1874 par un agriculteur américain, Joseph Glidden, pour clôturer les propriétés des Grandes Plaines, le fil de fer barbelé est immédiatement devenu un outil politique de première importance. En moins d’un siècle et demi, il a tour à tour servi à enclore les terres des Indiens d’Amérique, à enfermer des populations entières lors de la guerre d’indépendance de Cuba (1895-1898) ou de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud (1899-1902) ; il a garni les tranchées de la première guerre mondiale, ou encore fourni la clôture incandescente des camps de concentration et d’extermination nazis.

Pour l’essentiel, le barbelé de type « Glidden » n’a plus que des usages agricoles. Lorsqu’il s’agit de repousser des hommes, on a recours au barbelé dit « rasoir » : de petites lames hérissées sur le fil central, qui peuvent à la fois couper et piquer l’intrus, remplacent les barbes. La forme de la lame change selon l’utilisation prévue, et peut relever de la simple dissuasion comme avoir la capacité de blesser mortellement. »

Aujourd’hui, la pollution commerciale n’est plus seulement visuelle, elle est de plus en plus sonore (Juliette Volcler) :

« Choisissez l’ambiance musicale de votre gare ! » Cette invitation lancée en mai par la SNCF aux usagers de ses lignes d’Ile-de-France dissimulait une intention moins innocente qu’il n’y paraît : les concertos de Mozart ou les nocturnes de Chopin visaient à éloigner les jeunes et les sans-domicile-fixe. Encore balbutiant, le modelage de l’univers sonore des villes suscite une foule d’initiatives… et de questions.

« Il y a trente ans, en France, chaque individu avait un haut-parleur : son radio-cassette. Aujourd’hui, si chacun comptait le nombre de haut-parleurs à sa disposition, il en trouverait des dizaines. Nous assistons à une démultiplication et à une diversification, le haut-parleur prenant d’autres apparences : ce ne sont pas uniquement les enceintes placées de part et d’autre de la chaîne hi-fi, ce sont des objets intégrés à la vie quotidienne, des casques, des sonnettes, de petits systèmes vocaux, des téléphones portables. » A l’heure des « villes intelligentes » et de la « réalité augmentée », la tendance pointée par le designer sonore Roland Cahen ne semble pas près de décliner : la technologie travaille à doter de langage, musique, alertes ou décorations auditives de multiples matières jusqu’ici muettes ou simplement bruyantes. »

Quel que soit le sens de l’histoire, il semble que les militaires en Égypte soient toujours présents (Alain Gresh) :

« Coup d’État ? Soulèvement populaire ? Nouvelle phase de la révolution ? Comment qualifier le mouvement massif contre M. Mohamed Morsi, puis la destitution, le 30 juin, du premier président civil démocratiquement élu d’Egypte ? Si les Frères musulmans portent une lourde responsabilité dans leur échec, l’ombre des militaires et de l’ancien régime se profile derrière les manifestants.

Bien sûr, on peut s’étonner de voir une source militaire certifier que quatorze millions d’Egyptiens (chiffre parfois porté à trente-trois millions) sont descendus dans la rue le 30 juin 2013, et l’armée fournir aux médias des vues prises par ses avions pour confirmer ses dires. Bien sûr, on peut s’interroger quand des responsables du ministère de l’intérieur saluent les plus grandes manifestations de l’histoire de l’Egypte. Bien sûr, on peut être un peu sceptique sur les quinze, voire vingt-deux, millions de signatures obtenues par le mouvement Tamarrod (« Rébellion ») demandant la démission du président Mohamed Morsi, et sourire lorsqu’une « philosophe égyptienne » assure qu’elles ont été « recomptées par la Haute Cour constitutionnelle ». »

Qu’en est-il de la danse clasique sur les bords du Nil (Mona Abouissa) ? :

« Créé sur le modèle du Bolchoï grâce à l’intensification des relations soviéto-égyptiennes dans les années 1950, le ballet de l’Opéra du Caire a dû se battre pour survivre et s’adapter à un paysage politique mouvant.

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », murmure le cygne blanc avant de déployer ses ailes imaginaires et de faire son apparition dans la lumière des projecteurs. Oubliée, l’Ekaterina Ivanovna qui a fui l’Union soviétique à l’époque où s’effondrait le bloc de l’Est et qui a trouvé refuge en Egypte. A présent, elle est la reine des cygnes et vit au bord du lac formé par les larmes de sa mère. Dans l’ombre se cache Hany Hassan, le danseur-vedette du ballet de l’Opéra du Caire, qui interprète le sorcier Rothbart, incarnation du mal absolu. Dans les coulisses, il forme une ronde avec ses cygnes pour quelques pas de danse sur la musique de Tchaïkovski, puis se précipite sur scène pour mener son ultime combat contre le prince. Sous les projecteurs, la scène lui appartient ; mais, derrière le rideau rouge, c’est l’ancienne reine des cygnes, l’Italienne Erminia, qui mène le bal. »

En Algérie, l’histoire est désormais de plus en plus écrite par les Algériens eux-mêmes (Pierre Daum) :

« Pendant des décennies, la guerre d’Algérie fut le monopole des historiens – et des témoins – français. Désormais se multiplient les récits de moudjahidins et de « djounoud » (soldats) qui ont résisté durant huit ans au colonialisme. Ces documents, avec leurs limites, ont commencé à évoquer certains sujets délicats interdits par l’histoire officielle en Algérie. »

Martine Bulard est allée étudier la rééducation capitaliste des Coréens du Nord échappés en Corée du Sud :

« C’est un passage obligé pour les Nord-Coréens qui, au péril de leur vie, parviennent à gagner le Sud : un séjour de trois mois au centre d’accueil de Hanawon, censé leur enseigner les règles régissant leur nouvel univers. Avant le grand saut dans le monde réel…

« On ne peut pas vous donner l’adresse ; c’est secret. Mais, au terminal de l’autobus à Anseong, le taxi vous conduira. Si vous venez en voiture, ce qui est préférable, on vous guidera. » Le tout doit prendre un peu plus d’une heure à partir du centre de Séoul, précise notre interlocuteur.

Nous partons donc en voiture vers Hanawon, le centre d’accueil des réfugiés nord-coréens. Mais l’autoroute a raison de notre guimbarde. Soudain, elle s’arrête, dégageant une odeur de caoutchouc brûlé. Après plusieurs essais infructueux pour trouver un taxi, l’administration du centre propose de venir nous chercher. Nous quittons enfin les lieux chauffés par un soleil de plomb pour nous installer dans un 4 ×— 4 climatisé. Avec une compassion certaine, Mme Shin Sun-hee, une toute jeune femme élégante, nous a apporté une bouteille d’eau. »

Le Marché est partout, même dans la spéculation immobilière pour les pauvres de Lima (Elizabeth Rush) :

« Dans la capitale péruvienne comme ailleurs en Amérique latine, les efforts de planification urbaine se résument bien souvent à l’intégration progressive des campements spontanés de nouveaux venus. Alors qu’hier ce processus s’organisait de façon à favoriser l’émergence de véritables quartiers, il ne vise plus désormais qu’à constituer un marché… »

Un texte tout bonnement formidable d’Achille Mbembe sur Nelson Mandela :

« Son nom scandé sur les cinq continents est synonyme de résistance, de libération, d’universalité. Lutteur entêté autant que malicieux, Nelson Mandela a fêté ses 95 ans. L’idée même que l’on se prosterne au pied de sa statue l’a toujours exaspéré : mieux vaut aller de l’avant et poursuivre la tâche immense de l’émancipation.

Une fois Nelson Mandela éteint, l’on sera en droit de déclarer la fin du XXe siècle. L’homme qui, aujourd’hui, se trouve au crépuscule de sa vie en aura été l’une des figures emblématiques. Exception faite de Fidel Castro, il est peut-être le dernier d’une lignée de grands hommes vouée à l’extinction, tant notre époque est pressée d’en finir une fois pour toutes avec les mythes.

Plus que le saint qu’il affirme volontiers ne jamais avoir été, Mandela aura en effet été un mythe vivant, avant, pendant et après sa longue incarcération. En lui, l’Afrique du Sud, cet accident géographique qui peine à se faire concept, aura trouvé son Idée. Et si elle n’est guère pressée de s’en séparer, c’est bel et bien parce que le mythe de la société sans mythes n’est pas sans danger pour sa nouvelle existence en tant que communauté de vie au lendemain de l’apartheid. »

Pour se soigner en Afrique du Sud, il faut prendre le train (Guillaume Pitron) :

« Le système de santé sud-africain, défaillant, pâtit d’une fuite des cerveaux massive. Depuis près de vingt ans, un convoi de dix-huit voitures abritant diverses spécialités médicales sillonne le pays pour dispenser les soins de base à ses habitants.

Prendre la route plein ouest depuis Johannesburg vers la ville de Kathu revient à effectuer un voyage dans le temps. Les autoroutes laissent progressivement place à des chaussées vétustes bordées de veld. La voie se détériore encore passé la frontière invisible du Cap-Nord, la plus vaste et la moins habitée des provinces d’Afrique du Sud. Encore cinq cents kilomètres sur des lambeaux d’asphalte au milieu de paysages d’épineux, et presque aucun signe de vie. Puis Kathu, bourgade de dix mille habitants endormie sur les contreforts d’un chapelet de montagnes aux teintes mauves. De part et d’autre de la rue principale, un centre commercial, des échoppes de spiritueux et de luxueux lodges aux bars desquels, le soir, des jeunes filles accablées d’ennui sirotent des vodkas-fraise. »

La petite ville andalouse de Marinaleda est un phalanstère de plus en plus connu (Gilbert Haffner) :

« Avec ses camarades du Syndicat andalou des travailleurs, M. Juan Manuel Sánchez Gordillo a mené plusieurs actions de réquisition de nourriture dans les supermarchés en faveur des victimes de la crise. Ces coups d’éclat ont suscité un regain d’intérêt pour Marinaleda, la commune dont il est le maire. Ici, on ne fait rien comme ailleurs. Et cela semble marcher…

Marinaleda, commune espagnole de vingt-cinq kilomètres carrés, deux mille huit cents habitants, dans la province de Séville, est entouré d’immenses propriétés appartenant pour la plupart à de riches propriétaires terriens. « Los terratenientes », l’aristocratie seigneuriale séculaire, exploitent des milliers d’hectares et des dizaines de milliers d’ouvriers agricoles, peones ou jornaleros (journaliers). C’est le royaume du travail précaire. »

Recenser les populations dans les Balkans est un exercice périlleux (Jean-Arnault Dérens) :

« Dans les Balkans, compter les habitants d’un pays n’a rien d’une banale opération statistique. Puisque dénombrer les populations revient à mesurer des rapports de forces, les recensements sont au cœur de tous les conflits politiques. Leur conduite comme leurs résultats laissent transparaître une radiographie des identités, des antagonismes, mais aussi des espoirs d’une région convalescente. »

Pour Régis Genté , le gaz de schiste chamboule la géopolitique :

« Russie, Iran, Qatar, Bolivie… Réunis à Moscou le 1er juillet, les membres du Forum des pays exportateurs de gaz ont tenté de s’accorder sur une stratégie commune face à la montée en puissance du gaz de schiste. Ces producteurs traditionnels s’inquiètent. Car la nouvelle manne, exploitée en premier lieu aux Etats-Unis, n’a pas seulement dopé l’industrie locale : elle pourrait bouleverser la géographie énergétique mondiale. »

Maxime Robin a vu au Dakota du Nord des vaches perdre leur queue :

« L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste aux Etats-Unis provoque d’importants dégâts environnementaux. Dans le Dakota du Nord, les autorités détournent le regard.

La ferme de Mme Jacki Schilke est la seule habitation à trente-cinq kilomètres à la ronde. Cette agricultrice des environs de Williston a toujours refusé que les compagnies forent son terrain, mais plusieurs infrastructures pétrolières jouxtent ses pâtures. Depuis 2011, certaines de ses vaches sont atteintes d’un mal étrange : elles maigrissent, et parfois perdent leur queue. Elle fait donc appel aux autorités du Dakota du Nord pour expertiser son terrain. Dépêchés sur place, les inspecteurs ne trouvent rien d’anormal. »

Un beau texte de Gérard Mordillat sur les miroirs voilés :

« Avènement d’une civilisation de l’image avec l’omniprésence de la télévision, retour en grâce de l’écriture avec l’essor du courrier électronique et du Web… Et si, à force de considérer ces deux moyens de communication que sont le texte et l’image comme des rivaux, on en finissait par perdre de vue leurs natures jumelles et leur intimité première ?

Une réflexion ironique sur les mots, anglais bien sûr, qui structurent le discours des pays du Golfe :

« En avril 2013, lors d’une conférence sur l’énergie organisée à Doha, au Qatar, l’un des intervenants, un officiel qatari, commence et conclut son intervention en anglais – la lingua franca dans le Golfe – en rendant hommage à la « vision éclairée » de son émir. Dans la salle, journalistes et universitaires échangent clins d’œil et sourires entendus. Habitués de ce genre de manifestations, certains ont même parié sur le nombre de fois où serait prononcée l’expression « the vision ». Il faut dire qu’elle est devenue omniprésente dans toutes les monarchies pétrolières ou gazières du golfe Arabo-Persique. Que ce soit lors d’un colloque, dans un document officiel ou dans une simple plaquette touristique, il faut célébrer la « vijieune » — exigez l’accent — de Son Altesse royale, ou plutôt, en forçant un peu le trait, de « Son Altessissime des cieux très élevés ». »

En illustration : "La Machine infernale" d’Oscar Dominguez

http://bernard-gensane.over-blog.com

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