RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Les antifascistes du FUIQP 59/62 à propos de la curieuse « Coordination Antifasciste (Lille) »

Communiqué Lille, le 09 juillet 2013

Les antifascistes du FUIQP 59/62 à propos de la curieuse « Coordination Antifasciste (Lille) »

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires, comité Nord-Pas-de-Calais dénonce l’intervention d’un petit groupe de personnes venues insulter et provoquer le public, les intervenants et les organisateurs du débat public organisé sur les guerres impérialistes ce jeudi 20 juin 2013 à la bourse du travail de Lille-Fives. Avec une technique bien connue (que résume la formule « le pyromane qui crie au feu ») ce groupe s’autoproclamant « antifa » a diffusé sur le net un communiqué déformant la réalité et les présentant comme des victimes agressées. Rétablissons les faits avant de mettre en circulation dans les prochains jours la vidéo de cette conférence.

Préalable

• Aux personnes ayant spontanément adhéré à la version des ces « antifa » sans être informé : qui sommes-nous ?

Le Front uni des immigrations et des quartiers rassemble dans notre région des associations, collectifs militants, connus et identifiés des luttes de l’immigration et des classes ouvrières et populaires. Nous ne sommes pas un mystérieux nouveau collectif, mais sommes parmi les acteurs centraux des luttes de l’immigration et des quartiers. Pour ce qui est de l’histoire récente d’une nouvelle dynamique nationale et locale de création du FUIQP, lire l’appel (en pièce jointe).

Notre positionnement politique est anticapitaliste, antiraciste, antisexiste, anticolonialiste, antisioniste, antifasciste et anti-impérialiste. Ces combats nous les avons menés contre la droite Sarkoziste hier et nous le menons aujourd’hui contre Hollande et son gouvernement. Ces combats ne doivent pas nous séparer, puisqu’ils sont issus d’un même système pour lequel la maximisation du profit exige de diviser les classes populaires selon la couleur ou le sexe et de déclencher des nouvelles guerres impérialistes pour le contrôle des matières premières.

Le terreau de paupérisation, de précarisation et de division ainsi créé est pour nous la véritable base de l’émergence et du développement d’une galaxie de groupes fascistes directement ou indirectement reliés au Front National. Le combat antifasciste n’est pour nous, ni nouveau, ni secondaire, ni à durée déterminée et à géométrie variable. On comprendra notre colère de nous voir insulté de « fasciste » par des soi-disant « antifa » donneurs de leçons.

• L’antifascisme, Clément Méric, agressions islamophobes et « nous »

Investi-e-s pour les plus ancien-nes d’entre nous depuis les années 1970 dans les luttes ouvrières et immigrées, mais aussi les luttes antiracistes et antifascistes, nous avons été plus récemment au coeur de l’organisation par exemple d’une contre-manifestation opposée à l’opération de récupération de l’histoire ouvrière de gauche par l’extrême droite (Troisième Voie et Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub, les Identitaires, la Maison Flamande, etc.) le 8 octobre 2011 à Lille-Fives, contribuant effectivement à brouiller les repères politiques. Nous avons dénoncé et appelé à la mobilisation pour la mort de Clément Méric assassiné par les fascistes. Nous avons également été à l’initiative de la manifestation contre les trois agressions islamophobes d’Argenteuil le 19 juin dernier dans laquelle ces soi-disant « antifa » ont brillé par leur absence. Plus largement nous sommes au 1er rang des mobilisations contre le racisme, les discriminations racistes, l’islamophobie, et autres violences d’État contre les étranger-es, immigré-es avec ou sans papiers.

Si nous sommes prêts à débattre des tactiques nécessaires pour développer la lutte antifasciste, nous n’avons aucune leçon d’antifascisme à recevoir de singletons absents des luttes concrètes.

Revenons sur les faits et sur leur chronologie.

I) Sur la démarche de la « coordination antifasciste de Lille »

1) Insultes publiques et courage masqué

Alors que notre initiative sur les guerres impérialistes est publique, que nos organisations sont connues et reconnues sur la région Nord-Pas-de-Calais et au-delà, nous avons découvert ce mercredi qu’un étrange appel à manifester contre notre initiative circulait sur internet. Le FUIQP 59/62 et la MJCF 59 était nominativement sommé de « prendre position ». Plusieurs 1ers problèmes se posent à nous :

1) nous sommes interpellés, mais aucun courrier ne nous a été adressé, aucune tentative de joindre une seule des 20 associations et collectifs ou individu-es membres du FUIQP 59/62.

2) nous ne trouvons aucun contact téléphonique ou mail pour « répondre ».

3) les auteur-es sont inconnu-es et non identifié-es. Seule une mystérieuse « Coordination antifascistes » (Lille) » est indiquée. Aucun nom d’organisations connues n’est mentionné dans cette « coordination » comme s’est pourtant l’usage dans le militantisme local. Étrange donc : une coordination sans qu’aucun syndicat, parti, association, collectif, habituellement présents dans ces collectifs ou coordination antiraciste ou antifasciste n’y figurent. Cette coordination se coordonnerait donc elle-même et seule ?

Nous avons donc douté du sérieux de ces « antifascistes » inconnu-es. Ce d’autant qu’après quelques coups de téléphone, personne n’avait entendu parler de ce collectif, ni de cette initiative isolée. De plus, alors que leur appel à manifestation était prévu à 19h, à 19h30, lorsque notre conférence commence, toujours pas un seul manifestant en vu. Les organisateurs commencent par inviter d’éventuel-les manifestant-es présente-s dans la salle à venir à la tribune pour exposer leur analyse et critique afin d’engager un débat sur leurs accusations et leur « demande » de « prise de position ». Personne ne répond dans la salle. Cela nous surprend d’abord, puis nous fait rire. N’était-ce qu’une énième blague ou manoeuvre d’obscurs web-militants ?

2) Finalement ces « antifa » arrivent et sont (plus ou moins) identifié-es

Après 30mn de débat, une dizaine d’individu-es arrivent avec un mégaphone (qui sera confisqué à l’entrée). À notre grande surprise, la petite 10aine de personnes venues perturber le débat regroupent des militant-es d’Indymedia Lille, du « Centre J’En Suis, J’Y Reste -Centre LGBTQIF de Lille Nord Pas-de-Calais », Gewola Ricordeau, sociologue à l’université de Lille 1, et d’autres personnes inconnues. Précisions ici que nous ne tenons pas responsable les organisations citées ici puisqu’officiellement les individu-es ne se sont pas présenté-e-s comme affilier à elles. Néanmoins cela pose question. Si nous sommes surpris, c’est que leurs organisations appartenance sont traditionnellement des soutiens anti-racistes et anti-fascistes des luttes de l’immigration en région, et traditionnellement aussi des militant-es opposé-es aux guerres impérialistes (Irak, Afganistan, etc.).

3) « Coordination Antifasciste » : votre action est politiquement violente pour les 1ères victimes du racisme, du fascisme et de l’impérialisme

D’abord, soulignons la violence politique de cette démarche. Ces individu-es viennent lire un texte intitulé « Fascistes, conspis, on vous fera taire ! ». Le public et les organisateurs assistent médusés à une scène de théâtre surréaliste : un groupe « antifasciste » insulte d’autres « antifascistes » « de fascistes ». S’agit-il d’un simple conflit entre militants de gauche aux points de vue divergents ? Cela se pourrait. Le 1er problème qui s’impose à nos yeux sur le moment et qui semble entièrement passer inaperçu pour ces individu-es est qu’ils/elles sont tou-s-tes Blanc-hes, tandis que l’assemblée insultée est composée de Noir-es, Arabes, Asiatiques, Latinos, de Musulmannes et d’athée, de Blanch-es, français ou étrangers. Comment en tant « qu’antifascistes » n’avez-vous pas mesuré la violence symbolique de vos propos ? Les personnes présentes se trouvent ainsi assimilé-es-aux « fascistes », « négationnistes », « antisémites », « conspirationnistes », au « front national », à « l’extrême-droite » ou encore accusé-e-s d’être « soutien » aux « régimes les plus ouvertement dictatoriaux, anticommunistes, où les militants ouvriers, les féministes et les militantes des droits des femmes risquent à chaque instant la prison et la torture, des régimes qui massacrent leur population » (extrait du communiqué).

4) Refus du débat : Diffamation, rumeur, et insultes sans explication et sans preuve.

Après vous avoir indiqué que si vous souhaitiez saboter le débat vous seriez mis dehors, puisque nous organisions un débat démocratique public, nous vous avons convié à entrer et à participer au débat. Vous avez alors lu votre communiqué à la tribune, que la plupart des personnes avaient déjà lu. Nous avons alors proposé d’en débattre, mais nous attendions aussi que vous exposiez les sources sur lesquelles vous basiez vos affirmations insultantes.

Après lecture d’un tract par Gwenola Ricordeau, sociologue à l’Université de Lille 1, rempli d’affirmation diffamante et calomnieuse, le conférencier insulté lui demande donc de citer ses sources et d’engager une discussion sur le fond. Celle-ci refuse de débattre, s’engageant sur le départ. Une sociologue refusant de citer ses sources et se faisant le relai d’insultes diffamantes sans éprouver le besoin de fournir un minimum d’explication.

Comment une sociologue, même dans une action « politique », peut-elle refuser de citer ses sources, b.a.-ba de la démarche sociologique ? Puisque vous êtes porte-parole de ce texte, auteure ou relaie de ce dernier, nous vous appelons à un débat public argumenté et sourcé. Votre démarche est d’autant plus incompréhensible que nous connaissons la qualité de certains de vos travaux. Est-ce que l’anonymat vous sert de défouloir pour quitter toute déontologie et éthique ?

5) Un départ méprisant en usant de la violence

Le groupe s’est donc mis en mouvement vers la sortie. Des personnes du public insultées de « fascistes » et de « soutiens à l’extrême droite », et se voyant refusées tout droit de réponse, se sont alors dirigées vers le collectif en leur disant qu’ils/elles ne pouvaient pas insulter les gens et partir sans s’expliquer. Gwendola Ricordeau hurle immédiatement alors « ne me touchez pas ». Une personne de cette « Coordination » pousse violemment des personnes du public. En quelques secondes à peine la tension est montée. Votre version consistera certainement à inverser les causes et les conséquences et à omettre le fait que vous avez provoqué la situation de tension et à nier que vous en êtes venus aux mains et même une de votre groupe a donné des coups de pieds.

6) Continuité coloniale de votre antifascisme

Devant une salle pleine, vous vous êtes permis d’adopter un ton paternaliste/maternaliste, faisant de ceux qui se sont déplacés pour s’opposer aux guerres anti-impérialistes des « ignorants » à qui il fallait expliquer qui étaient les intervenants. Est-ce parce qu’une partie importante du public était Noire et Arabe que consciemment ou non, vous avez repris cette posture du maitre s’adressant aux élèves ? Pensez vous vraiment que nous ne connaissons pas les polémiques et débats concernant l’antifascisme ou l’anti-impérialisme, son contenu, ses tactiques, ses lignes de clivages, ses instrumentalisations, ses manoeuvres de divisions ou de détournement de cible ? Qui êtes-vous pour considérer pouvoir définir qui « mérite » le titre d’antifasciste et qui mérite le titre de fasciste ?

Sous prétexte que vous ne souhaitez pas débattre avec des « soutiens aux fascistes et des conspi », votre mépris contribue à maintenir une vieille logique coloniale et raciste faisant des colonisé-es et des immigré-es des groupes considéré-es comme incapables de penser et de parler, avec qui « on ne débat pas ». Votre antifascisme nous construit comme des objets pensés et parlés par d’autres et non comme des sujets pensants et parlants. Votre antifascisme tente de priver de droit à la parole politique les étranger-es, immigré-es, et français-es dits issue-es de l’immigration du mouvement antifascistes de Lille.

Il y a bien longtemps que nous refusons ce rôle de « victime à protéger » (ou « d’ennemi de l’intérieur à contrôler ») et que nous revendiquons et imposons le rôle d’acteurs de notre émancipation. Avec les antiimpérialistes et les antifascistes de toutes origines, nous voulons à égalité construire les rapports de forces nécessaires pour éradiquer les causes réelles des guerres et du fascisme. Une telle union suppose de bannir tout rapport de domination. Votre mépris sans discussion ce jeudi 20 juin relève de l’arrogance colonialiste et raciste.

II) Sur le fond

Ce rétablissement des faits, de la chronologie des évènements, et de la manière dont les participants au débat ont vécu cette intervention « antifa » était nécessaire, mais n’est pas l’essentiel. Le plus important est pour nous les divergences que révèle cet incident tant sur la nature de l’impérialisme que du fascisme, sur les réponses militantes à développer et sur les stratégies des classes dominantes et de leurs outils que sont les multiples groupes fascistes et leur « maison-mère » qu’est le Front National.

1) Sur la nature du fascisme : Votre antifascisme est illisible et incompréhensible

Puisque vous avez refusé de nous parler, de débattre, de vous expliquer, votre message « antifasciste » nous est incompréhensible. Comment pouvez-vous insulter de « fascistes » parce que nous organisons un débat sur l’impérialisme ? Peu avant votre arrivée, un citoyen de la Centre Afrique décrivait les coups d’État à répétition subit depuis 40 ans parce que son pays est au coeur de la Françafrique et des luttes entre impérialismes français, américains, etc. Votre lecture des faits est qu’il est un « conspi. » et un « fascistes » ? De même sont « conspi. » et « fascistes » les personnes présentes dans la salle ce jeudi soir : des chilien-nes présent-es qui ont vécu le coup d’État militaire, organisé par les États-Unis, d’Augusto Pinochet, militaire fasciste ; des Latinos exilé-es d’Amérique après avoir vécu au plus prêt les violences fascistes et autres escadrons de la mort ; des organisations communistes ayant dans leur rang des « résistants » au nazisme et au fascisme ; des Africains héritier-es de la violence raciste de l’esclave et de la colonisation ; des juifs antisionistes et des réfugié-es Palestinien-nes en France pour avoir fuit la colonisation raciste de l’État d’Israël ; des sans-papiers du CSP 59 (y compris ceux non encore régularisés après 74 jours d’une grève de la faim suspendue en janvier 2012) qui subissent l’exploitation et les oppressions les plus intolérables, fruits par des politiques capitalises, impérialistes, racistes et stigmatisantes ; des immigré-es insistant sur le fait que le racisme en France est moins le fait d’individu-e raciste de classes populaires que la mise en place d’une politique raciste d’État ; de soutiens aux collectifs en lutte contre les crimes policiers qui affirment qu’il y a une logique d’État derrière ce qui est présenté comme des « bavures » policières accidentelles et isolées ; de toutes les personnes affirmant qu’il y a bien, depuis 30 ans, la construction de boucs émissaires érigés en nouvel ennemi de l’intérieur ; que les classes dominantes sont bels et bien dans une stratégie de reprise en main du monde, fusse au détriment de la vie des dominé-es ?

Nous sommes en présence d’une première ligne de clivage entre vous qui concevez le fascisme uniquement sous l’angle d’une abstraction théorique et nous qui l’analysons comme au service d’intérêts sociaux et économiques et donc possédant une base matérielle. C’est parce que justement le fascisme est un résultat systémique (et non seulement la folie d’individus déboussolés) que nous le relions à l’impérialisme, mais également à l’islamophobie, aux attaques contre les conquêtes ouvrières (retraites, droits du travail, etc.), au contrôle policier sur les quartiers populaires, etc. Le même système enclenche des mesures de fascisation de la part de l’état capitaliste, déclenche de nouvelles guerres coloniales, construit les musulmans comme population dangereuse, paupérise et précarise les classes populaires et les couches moyennes, etc., créant ainsi le terreau de développement des groupes fascistes et de leur maison mère, le Front National.

2) Sur la nature de l’impérialisme : Votre antifascisme sans anti-impérialisme

Ne basant pas votre antifascisme dans la prise en compte des intérêts sociaux qui s’affrontent dans la société, vous ne pouvez qu’être silencieux sur les guerres coloniales et sur l’anti-impérialisme. Votre analyse sur ce point se résume au « A bas les dictateurs » c’est-à-dire à exactement la même logique que celle des états qui déclenchent ces guerres coloniales. C’est en prétendant mettre à bas Saddam Hussein, Kadhafi, Assad, etc., que ces états impérialistes ont justifié des crimes contre l’humanité, des implantations militaires durables, des destructions totales de pays comme en Irak. Constater cela ne veut en aucun cas signifier une approbation de ces régimes. L’approbation ou la condamnation d’un régime ne peut venir que du peuple concerné. L’émancipation ne s’exporte jamais par les bombes. La libération ne s’exporte pas avec les exocets.

L’impérialisme n’est pas le résultat de l’agressivité de tel homme ou de tel gouvernement (qu’il soit de France ou des USA). Il n’est rien d’autre que le résultat de la logique de maximisation du profit des grands monopoles les conduisant à une concurrence sans merci. Les guerres coloniales de retour sont une des conséquences parmi d’autres de cette logique, à côté des crises de surproduction, des crises structurelles, de la remise en cause de toutes nos conquêtes sociales. On ne peut donc être antifasciste de manière conséquente sans s’opposer aux guerres impérialistes.

Plus grave la non-prise en compte de l’origine systémique du fascisme conduit à une instrumentalisation au service des guerres impérialistes. Que cela soit inconscient ne change rien au résultat et à sa gravité. En effet cette occultation des causes économiques du fascisme conduit à traiter de « conspirationniste » toute analyse mettant en exergue les stratégies des états impérialistes et leurs argumentaires idéologiques consistant à diaboliser les chefs d’État des pays à agresser pour justifier l’urgence d’une intervention. Pour nous qui tentons de construire un front anti-impérialiste et anti-guerre en France, cela vous met objectivement du côté de nos ennemis. C’est parce que nous espérons que l’ « objectivement » ne signifie pas un « subjectivement » c’est-à-dire un choix conscient de servir l’impérialisme, que nous voulions débattre avec vous et que nous vous avons permis de prendre la parole en dépit de vos insultes.

3) Sur votre confusion entre antisionisme et antisémitisme

Parmi les arguments avancés pour taxer Michel Collon de « négationniste » figure le fait qu’il reprenne sur son site des caricatures du dessinateur brésilien Carlos Latuff. Nos « antifa » amateurs d’anathèmes le taxe de « dessinateur antisémite ». Les positions antisionistes du caricaturiste deviennent sans aucune argumentation des positions antisémites. On peut ne pas apprécier le fait que le dessinateur insiste sur des similitudes entre certaines méthodes nazies et le traitement infligé aux Palestiniens par l’État d’Israël. On peut trouver exagéré qu’il dénonce une liberté d’expression à géométrie variable lorsqu’elle porte sur les « caricatures de Mahomet » ou au contraire sur des « caricatures de l’holocauste ». Mais en conclure à de l’antisémitisme est soit de la mauvaise foi cachant un soutien à l’oppression israélienne sur le peuple palestinien, soit de l’ignorance.

« Calomniez audacieusement, il en restera toujours quelque chose » disait déjà Francis Bacon en 1597.

L’amalgame entre antisionisme et antisémitisme n’a, bien entendu, aucun fondement. Bien sûr des antisémites peuvent également se revendiquer de l’antisionisme. Mais des Israéliens peuvent être antisionistes. Des antisémites notoires peuvent également se définir comme sionistes comme les représentants du parti d’extrême droite Vlaams Belang ou les évangélistes états-uniens. Et on peut bien entendu être antisioniste et combattre à la fois l’État d’Israël et l’antisémitisme. La vraie question est : à qui profite l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme ?

Nul besoin ici de croire à un complot occulte ou à une secrète conspiration pour comprendre l’intérêt pour l’État d’Israël de voir se développer de tels amalgames. Le ministre israélien de l’intégration et de l’immigration a ainsi annoncé, la création d’une Brigade du Net et d’une « armée de blogueurs » en janvier 2009. visant à « occuper le terrain en inondant de commentaires les sites antisionistes qui pullulent sur la toile » (L’information est diffusée pour s’en réjouir sur le site officiel de la chambre de commerce France-Israël : http://www.israelvalley.com/news/2009/01/21/21320/israel-net-flop-la-brigade-du-net-d-israel-debarque-a-la-fin-de-laguerre-son-but-occuper-le-terrain-en-inondant-de-commentaires-les-sites-anti-sionistes). Ceux qui comme ces « antifascistes lillois » ont remplacé l’effort d’analyse pour comprendre le monde par la consultation des rumeurs du Net, deviennent ainsi les « idiots utiles » non pas d’une « conspiration », mais d’une stratégie rationnelle défendant les intérêts d’un État.

4) Sur le concept de « conspirationnisme » et de théorie du complot.

Ces soi-disant concepts sont désormais à la mode. On les retrouve dans les propos de commentateurs des médias lourds, comme dans la prose de ces « antifa lillois » amateurs d’anathèmes. Ils sont utilisés à toutes les sauces, dans toutes les directions et à tort et à travers. Ils deviennent de ce fait des concepts fourre-tout permettant de diaboliser une opinion critique sans même argumenter. Ils permettent ainsi d’occulter les controverses les plus gênantes pour la classe dominante en les ramenant à la thèse idiote du « grand complot mondial juif ».

Combattre la thèse du « grand complot » ne nous oblige cependant pas à avoir une vision du monde bisounoursienne. Est-ce que si nous affirmons qu’il existe bien des rapports de force géopolitiques et nationaux dans lesquels les classes dominantes défendent de manière organisée leurs intérêts sociaux, cela est du « conspirationnisme » ?

Selon vous Denis Kessler ancien vice-président du MEDEF n’a jamais dit : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! », (Denis Kessler, Adieu, 1945, raccrochons notre pays au Monde, Challenges, 4 octobre 2007) ?

Waren Buffett le 3ème homme le plus riche du monde en 2011 n’a jamais dit non plus : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner », (cité par Pinçon, M., Pinçon-Charlot, M., Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, La Découverte, 2010) ? Dire cela est « conspirationniste » et « complotiste » ?

L’histoire est emplie de stratégies, de « conspiration » de ce type. Ces stratégies construites masquent les véritables causes que sont les conflits d’intérêts des groupes sociaux. Ce caractère de paravent ne peut pas nous amener cependant à sous-estimer ces stratégies, à faire l’économie de leur déconstruction, à sous-estimer leurs effets sur les rapports de forces qui décident d’un combat social. Des exemples, ils existent à foison sans qu’il faille pour cela recourir à une « théorie du complot ».

La réécriture frauduleuse par le chancelier Prussien Otto Von Bismarck en juillet 1970 de la dépêche d’Ems en y introduisant des termes humiliants pour la France produit l’effet escompté par Bismarck : la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet. « Théorie du complot » ?

L’incendie du Reichstag dans la nuit du 27 au 28 février 1933 est immédiatement imputé par les services de propagande de Goering aux communistes. Cette manipulation idéologique produit de nouveau l’effet escompté : le 28 février Hindenburg suspend les libertés individuelles, réintroduit la peine de mort avec effet rétroactif et fait arrêter 4000 militants communistes et plusieurs autres dizaines de milliers de militants de gauches, syndicalistes, antinazis, etc. Ils seront les premiers internés des camps de concentration et en particulier de celui de Dachau.
« Théorie du complot » ?

En 1957 les services secrets français dressent de fausses listes de prétendus collaborateurs algériens avec l’armée coloniale et les font parvenir à des responsables de l’armée de libération nationale. Le virus de la suspicion dénommé par la suite « bleuite » produit l’effet escompté : des purges sont déclenchées contre des innocents. « Théorie du complot » ?

De manière plus récente, au cours de la décennie 70, a été développée la « théorie des totalitarismes », mettant sur le même plan communisme et nazisme. Journalistes, intellectuels et hommes politiques de droite et du parti socialiste, mais également certains d’extrême-gauche ont repris cet amalgame. Le résultat escompté est devenu réalité. Il est résumé de la manière suivante par Michael Scott Christofferson : « ouvrir ainsi la voie aux solutions politiques modérées, libérales et postmodernes qui allaient dominer les décennies suivantes. Capitale de la gauche européenne après 1945, Paris devenait la « capitale de la réaction européenne (Michael Scott Christofferson, Les intellectuels contre la gauche, l’idéologie antitotalitaire en France (1968-1981), Agone, 2009, quatrième de couverture.) » ». « Théorie du complot » ?

L’acharnement des USA au point de dicter à la France, à l’Italie, le Portugal et l’Espagne, le refus du survol de leur espace aérien à l’avion présidentiel Bolivien par suite de « rumeurs » selon lesquelles Edwards Snowden serait avec le président Evo Morales. « Théorie du complot » ?

Nous pourrions citer également l’usage tous azimuts du terme de « populisme » (pour désigner Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon en passant par Chavez ou simplement l’ensemble des opposants à l’Union Européenne réactionnaire) ou encore la « théorie des extrêmes », consistant à associer le Front de Gauche au Front National, ce qui a justement permis à Jean François Copé de mettre sur un même plan, lors de l’assassinat de Clément Méric, les militants d’extrême droite fascistes et les militants antifascistes de gauche, etc. « Théorie du complot » ?

L’accusation de « conspirationnisme » et de partisan de la « théorie du complot » est une formidable machine idéologique empêchant toute interrogation critique, fermant la discussion, faisant l’économie de pensée, en renvoyant au seul anathème. Seuls les dominants ont intérêt à ce que la réalité soit illisible. Par inconscience (nous l’espérons) vous participez à cette mise en illisibilité des dominations et des exploitations.

5) Mais au fait d’où vient le succès relatif des véritables « conspirationnistes »

Avec l’envie de vomir, nous réaffirmons aux personnes et organisations visiblement complètement déconnectées des luttes des quartiers populaires et des immigrations, mais aussi du mouvement ouvrier en général, que nous avons condamnés et condamnons encore : toute la clique de la constellation d’extrême droite : le bloc identitaire, Civitas, Sos tout petit, jeunesses révolutionnaires, le front national, la maison flamande, la droite extrême, la droite populaire, etc., mais aussi la ligue de défense juive (skinheads d’extrême droite juive), ou encore Riposte Laïque. Croyez vous que nous vous avons attendu pour dénoncer l’aristocrate Alain (Bonnet de) Soral et « Egalité et Réconciliation » organisant des débats un soir avec les Identitaires, un autre avec des jeunes de quartiers déboussolés politiquement, et le lendemain avec le Front National ? Nous ne nous reconnaissons derrière aucune « théorie » expliquant l’évolution de l’histoire humaine passée ou récente par un « complot des illuminatis », des « franc-maçons » ou autre « complot juif ». En revanche, accuser toutes personnes ayant une analyse soulignant l’existence de conflits d’intérêt, de lutte de pouvoir et d’influence de « complotiste » est profondément antidémocratique et politiquement malhonnête.

Est-ce à dire qu’il n’existe pas de véritables porteurs d’une vision « complotiste » du monde ?

Pour le Front Uni des immigrations et des Quartiers Populaires il y a bien un « problème » d’interprétation croissante du monde et de ces conflits et injustices au travers du filtre « de théorie du complot ». Il faudrait être aveugle pour ne pas constater ces tentatives d’implantation dans les quartiers populaires. Mais d’une part ces tentatives ont pour objectif de détourner les colères sociales légitimes vers de fausses cibles. D’autre part elles rencontrent de plus en plus d’oreilles attentives dans les jeunesses des quartiers populaires du fait d’une coupure objective entre les « gauches » et une partie des classes populaires. Nous sommes en présence d’un résultat social et non d’une débilité de classes. Il est la conséquence directe d’une fracture de classe entre les gauches et les quartiers populaires, c’est-à-dire de l’abandon massif du travail politique des gauches et extrêmes gauches dans les quartiers populaires et banlieues qui ne sont pas des déserts politiques, mais qui sont désertés politiquement. C’est aussi un résultat social marquant la fracture politique entre une partie des gauches ne se mobilisant pas ou rarement sur des oppressions telles que la colonisation palestinienne, crimes policiers, l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie, l’impérialisme, mais aussi la violence de la lutte des classes pour les banlieues et quartiers populaires. Quand une partie des classes populaires, immigré-es ou non, vivent ou se sentent directement solidaire et concernée par ces injustices et qu’ils/elles n’ont à disposition aucun travail militant pour poser des grilles de lecture et des cadres d’interprétation, les manipulateurs, les sectes ou les fachos, se donnent à coeur joie de saisir l’espace vidé par les gauches.

Quand votre antifascisme préfère traquer les « conspi. », notre antifascisme se donne pour tâches de reprendre le terrain de l’argumentation, de la preuve, de l’analyse avec celles et ceux qui noyé-es dans l’air du temps, dépolitisé et dépolitisant, sont attirés par les charlatans « conspi ». Chaque absence et chaque silence des gauches sur certaines injustices donnent du grain à moudre aux manipulateurs « conspi. ».

6 ) Un antifascisme à géométrie variable ?

L’antifascisme n’est pas un combat abstrait. Il est à la fois action pour éradiquer les causes profondes du fascisme (et en particulier les intérêts sociaux qu’il défend) et combat contre les conséquences concrètes du fascisme ici et maintenant. Or ces conséquences sont variables historiquement et géographiquement. Si l’antisémitisme est ainsi la forme dominante du fascisme de la décennie 30, l’islamophobie est une des formes principales du fascisme contemporain. Combattre le fascisme sans parler d’islamophobie (en noyant le poisson dans des expressions vagues, en refusant de prononcer le terme comme s’il était maudit, etc.) revient à la même logique que de parler du fascisme de la décennie 30 sans parler d’antisémitisme.

Mais il ne s’agit pas que de paroles, mais aussi d’actes. Nous sommes contraints de constater que nous étions 1000 à Lille pour réagir au meurtre de Clément, et seulement à peine 300 pour riposter aux trois agressions islamophobes et fascistes d’Argenteuil. Et pour répondre aussi aux Attaques et pogroms contre des camps de Roms à Hellemmes. Nous sommes également forcés de constater l’absence de nombreuses forces démocratiques et politiques de gauches dans la manifestation contre les agressions islamophobes alors qu’elles étaient toutes (et c’est très bien) présentes pour Clément. Cela ne nous empêchera, bien entendu pas, d’être présents à toutes les mobilisations contre des agressions fascistes quelle que soit la couleur ou la religion réelle ou supposée des victimes. Cet antifascisme à géométrie variable ne peut que nous conduire à la défaite collective.

Et cela n’est pas une critique générale, mais concerne aussi les « antifascistes lillois » amateurs d’anathèmes.

Comment interpréter le fait que votre Collectif appelle à la mobilisation pour la mort de Clément Méric (vous aviez semble-t-il une réunion mardi 16 juin) et qu’il n’appelle pas à la mobilisation (mercredi 17 juin) pour la mort du bébé de Leïla O., agressée à Argenteuil par deux skinheads d’extrême-droite ? Il semble que votre priorité d’action a été de rédiger un tract et un appel à manifester (le jeudi 20 juin) pour dire que Michel Collon est un « fasciste » et un « conspi. » ? Comment voulez vous que nous comprenions « votre » antifascisme ? Oui nous aussi nous avons des questions à vous poser et nous exigeons des explications.

De plus comment ne pas être choqué lorsque l’un de vous affirme ce jeudi soir que, dixit : « les sans-papiers ont récupéré Clément Méric ? ». Qu’est-ce que cela veut-il dire ? A défaut d’être autorisés par vos soins à avoir quelques précisions, nous nous interrogeons gravement ? Cela signifie que vous ne reconnaissez pas la contribution majeure à la lutte antifasciste du CSP59 depuis 1996 ? Un sans-papiers ne peut être antifasciste ? Ou est-ce parce que les sans-papiers avec le FUIQP 59/62 ont appelé à un rassemblement antifasciste ce mercredi 19 juin en faisant le lien entre la mort de Clément Méric assassiné par des skinheads d’extrême droite, les jets de cocktails molotovs sur le Rroms et la mort d’un bébé assassiné parce que sa mère est musulmane ? C’est cela de la « récupération » ? Votre antifascisme s’arrête-t-il à la porte de l’islamophobie ? Votre antifascisme s’arrête-il à la porte de l’impérialisme et en particulier de la Françafric ? Est-ce que vos prochaines interventions de censeurs porteront sur un débat sur la Palestine ? sur l’islamophobie ? pour les cataloguer de « conspi. » ?

7) Le camp antifasciste ne peut pas se construire en excluant les premières victimes du fascisme

Nous constatons déjà le délire consistant à envisager une « gauche sans ouvriers » et nous avons maintenant celui de projeter un « antifascisme sans immigré-es ». En effet de manière artificielle la thèse d’un passage en masse des ouvriers du PCF au Front National a été diffusée à longueur de médias jusqu’à devenir une « vérité » qui n’est plus interrogée. Or cette thèse occulte que le 1er parti ouvrier en France est l’abstention et non le Front National même si celui-ci voit son influence augmenter dans les classes populaires, comme dans les « classes » moyennes et bourgeoises d’ailleurs. Surtout cette thèse oriente vers un mépris de classe laissant justement ces ouvriers avec le seul interlocuteur qui prétend parler de leurs problèmes concrets : le Front National. Les colères populaires devant les régressions sociales sans précédent sont à la recherche d’explications et de canaux d’expressions radicaux. A ne pas les fournir, la place est laissée à d’autres.

Les pratiques de ces « antifascistes lillois » amateurs d’anathèmes et d’amalgames conduisent à renforcer cette première coupure par une autre : celle d’un antifascisme excluant une partie des victimes. Nous avions déjà subi la stigmatisation raciste et islamophobe par les médias et les politiques d’une partie des nôtres, regardés et perçus comme nécessairement « soutient aux intégristes » et à l’extrême droite intégriste islamiste, parce que « voilées », « parce mangeant hallal », parce que soutenant la lutte des palestiniens, parce que s’opposant aux nouvelles guerres coloniales, etc. Vous, « coordination antifa », ajoutez une nouvelle étape à ce processus de séparation entre une partie de la gauche et les opprimé-es. Construisez-vous « votre » antifascisme sans immigrées et français-es dits issu-es de l’immigration ?

Nous pouvons bien sûr nous tromper dans nos analyses et sommes prêts à en débattre avec quiconque veut développer une véritable résistance antifasciste et anti-impérialiste. Par contre nous ne sommes pas prêts à subir sans réagir les insultes et sabotages à chaque fois que nous tentons de développer les résistances concrètes dont nous avons tant besoin.

Nous demandons :

 Aux organisations membres de la « Coordination antifascistes (Lille) » (Indymedia Lille, Sud-étudiant, CNT, Centre LGBT, Flamands Roses, etc.) de nous indiquer, puisque les individus ont signé de votre identité, si cette action engage vos structures ? Soutenez-vous désormais que le FUIQP et les associations de luttes de l’immigration et des quartiers populaires sont des soutiens aux fascistes ?

 Nous invitons Gwenola Ricordeau, porte-parole de cette intervention insultante, à s’expliquer dans un débat public, argumenté et affichant ses sources.

 Nous invitons les accusateurs à s’expliquer publiquement dans un débat contradictoire avec Michel Collon. Si vos accusations, sont selon vous, fondées, de quoi auriez-vous peur ?

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires, comité Nord-Pas-de-Calais (FUIQP 59/62).

URL de cet article 21392
   
"Pourquoi les pauvres votent à droite"
Thomas Frank
Titre original : What’s the matter with Kansas ? (2004, 2005, 2007) Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton Nouvelle édition. Première parution française dans la collection « Contre-feux » (Agone, 2008) À la fin des années 1960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, conquérant, égalitaire) en un « populisme » de droite faisant son miel de la crainte de millions d’ouvriers et d’employés d’être rattrapés par plus (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Certains n’aiment pas la vérité. Pour tous les autres, il y a Wikileaks.

Julian Assange

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.