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Il faut sauver le Révolutionnaire.


El Militante, 28 Février 2005


Pour que l’ennemi puisse tuer le révolutionnaire Chavez, il devra être capable d’assassiner un à un les grains de sel des océans, il devra arrêter le vol des étoiles, il devra sacrifier chaque ADN utile qui nous a été transmis depuis notre apparition comme espèce. Cependant, pour assassiner le Président... il suffit d’une seule balle.

La préservation de la vie de ce camarade et sa projection vers le futur est entre nos mains. J’entends par là qu’elle dépend de notre astuce, de notre capacité à nous organiser, et avant tout de la cohérence et du courage que nous devrons déployer pour affronter les nouveaux défis.

L’affaire Granda [1] est un des nombreux fronts pour lesquels nous devrons trouver des issues, mais qui soient beaucoup plus dignes. Se contenter d’un match nul dans une partie c’est être sur la défensive. Chavez lui-même a déclaré lors de la rencontre des intellectuels à Caracas que notre seule issue est l’offensive.

L’ennemi n’a pas le pouvoir de tuer Chavez aussi longtemps qu’il se tient debout comme le révolutionnaire qu’il a été jusque là , à moins, bien entendu qu’ils en fassent un martyr de la taille de Bolivar et du Che. Ils n’ont pas ce pouvoir, lequel, s’il existe, est le pouvoir de Dieu, et certainement du Dieu auquel croit Chavez et en aucun cas cet autre Dieu pervers qui sanctionne comme justicières les lâches boucheries de l’impérialisme avec la tolérance honteuse de la majorité des gouvernants du monde, lesquels se limitent seulement à élaborer une protestation subtile imprécise dans les organisations internationales discréditées.

Il n’est pas vrai non plus que les frontières de la vie de notre Chavez soient entre ses bras, ses yeux ou dans son sourire enflammé... Les frontières de cet homme sont désormais les frontières de l’Amérique, ce sont les rêves du Libertador enrobés dans l’étoile de Che Guevara, ce sont les frontières de la révolution socialiste. Révolution qui navigue sur le dangereux fil du rasoir, mais sans laquelle il sera impossible que ce camarade puisse survivre...

La révolution au Venezuela sera peut-être l’exemple le plus indiscutable que l’humanisme des idées du socialisme s’est consolidé à postériori, et qu’il n’y a pas lieu de choisir entre Simon Bolivar et Karl Marx, ou entre Lénine et Mariategui. Il est évident que le socialisme est création héroïque, selon l’expression du communiste péruvien (Mariategui). Il l’a toujours été. Le 1917 de Lénine n’était pas la copie et le calque de Karl Marx, mais une création héroïque, et ce que fit Fidel en déclarant une révolution socialiste à quelques kilomètres à peine de l’empire n’a été ni le calque ni la copie de la révolution bolchevique, mais aussi une création héroïque. Ce que devra faire Chavez dans le Venezuela bolivarien, ce que nous devrons faire en Amérique, ne sera non plus ni le calque ni la copie de la révolution cubaine, mais création héroïque. Et ce sera sans aucun doute la révolution socialiste, c’est le seul chemin, un chemin fait à coup d’impulsions et assa isonné de bien des réalités.

C’est là que Chavez est impliqué dans la plus belle contradiction de tous les temps. Cette fois, le véritable chrétien devra chasser les marchands du temple. Le temple du monde est aujourd’hui la révolution étendue... réglons alors les comptes avec ceux qui sont les marchands, les Judas et les Ponces Pilates des temps nouveaux.

Chasser de la Grande Colombie les marchands sera la tâche primordiale dans ce pays qui je le crois est sur le point de se construire. Il suffit seulement que les laquais mesquins de l’impérialisme soient mis hors d’état de continuer à vouloir gouverner une terre bien trop grande pour leur rachitisme. Si la Grande Colombie vit, ils ne seront alors plus en mesure de tuer Chavez.

Mais dans ce moment que nous vivons il est nécessaire que Chavez soit physiquement vivant : pour son habileté d’organisateur, pour sa lutte frontale contre l’ennemi, et plus encore pour les idées du Socialisme.

Aucun doute ! Chavez est en train de donner un souffle nouveau à ces idées que beaucoup croyaient perdues. C’est là la dialectique qui fait des siennes. Le mouvement communiste a besoin de Chavez... autant qu’il a besoin de nous. Je redoute que parfois nous ne soyons pas suffisament rapides ou audacieux pour savoir croître.

Et il n’y a pas que le Venezuela, le monde a besoin qu’un tel homme puisse être en vie pour soutenir toute la révolution. Le monde a désespérément besoin de la révolution bolivarienne et de son leader, lequel n’est ni plus ni moins que bien seul à la hauteur des circonstances. Mais c’est vraiment la limite.

Il nous faut donc, camarades, gagner du temps. La seule manière pour nous révolutionnaires de gagner du temps est de faire tourner avec plus de vélocité la roue de cette histoire qui a été des années coincée et oxydée.

Nous pourrions commencer, ne serait-ce que pour essayer, par appeler les choses par leur nom. Commencer par ne plus accorder autant d’importance au "néolibéralisme", à la "globalisation" et par-dessus tout au sacro-saint "terrorisme"... lequel a déjà emprisonné trop de camarades qui se sont mis à croire au conte.

Le monde marche plus "rond" ? Ce n’est pas nouveau. Colomb a été le premier capitaliste à tenter de le globaliser. Les croisades étaient déjà une "lutte pour la liberté" dans les coins obscurs du monde. Avant ils les appelaient infidèles... aujourd’hui terroristes. Pourquoi tant de confusion ?

Le capitalisme est l’unique ennemi et il n’y a aucune manière possible de le rendre plus doux, ou plus bienveillant, ou plus supportable.

Avec la permission de nombreux amis je répète la chose suivante : l’histoire du monde est toujours l’histoire de la lutte des classes. Avec seulement de bonnes idées, nous ne parviendrons pas à empêcher l’impérialisme de continuer à tuer. Avec seulement de bonnes idées, nous n’obtiendrons pas que tous ceux qui ont faim aient du pain et nous tous un minimum de respect. Les idées ne sont utiles que quand elles permettent de produire une action rénovatrice.

Un seul recul maintenant peut nous faire perdre définitivement la seule chance de rattraper presque un siècle d’attente et d’erreurs multiples. Sous nos yeux, en Amérique, nous avons la revanche du mur de la chute du mur de Berlin.

Nous sommes tous connectés, comme les plaques du domino. Un faux pas et nous tomberions dans les griffes terrifiantes de la barbarie la plus sinistre.

Commettre des erreurs est humain, bien entendu, mais le Venezuela requiert aujourd’hui quelque chose de plus que des hommes... et des femmes. Plus qu’un président, le Venezuela et l’Amérique requièrent un Che Guevara approfondissant la révolution et l’étendant, ce qui est la seule façon de faire triompher une révolution.

Chavez ne devra pas commettre une erreur, ni les partis politiques, ni les cercles bolivariens... ni sa police politique commettre une nouvelle erreur impunément, ni non plus les camarades révolutionnaires de Colombie, lesquels à mon avis ont un rôle de la plus grande importance à jouer. L’unique rôle possible pour les révolutionnaires... A savoir être encore plus révolutionnaires et être conscients que dans cette zone du monde, qui autrefois a été la Grande Colombie, peuvent se développer des événements importants. Les révolutionnaires du Venezuela et de Colombie devront être ensemble dans cette bataille. Et avec eux, nous tous.

En empruntant les mots de Marti se référant à Cuba, je dis qu’ "une erreur aujourd’hui au Venezuela, est une erreur en Amérique, est une erreur dans l’âge moderne". Ou du moins dans ce qu’il en reste.

Nous verrons les engagements qu’est capable d’accomplir Uribe. Nous verrons s’il est possible d’assurer l’intégration des terres américaines avec des gouvernants qui ne cessent de regarder en direction du Nord à chercher des références. Nous verrons ce que nous disent les prochains événements et si vraiment Uribe répond ne serait-ce qu’une fois, pour ne pas soupçonner qu’il marche pour promouvoir le plan Colombie...

Il n’y a pas qu’Uribe mais aussi l’ex-président du conseil espagnol José Maria Aznar qui nous a déclaré lors de la IIe Rencontre Internationale sur les Victimes du Terrorisme qui s’est déroulée en Colombie : "La vraie nature du terrorisme, est qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité", lequel ne "doit bénéficier ni des frontières ni jouir d’aucun type de légitimation de ses positions idéologiques".

Brillant ! Inversons seulement deux mots et Aznar nous montre la route.

Qu’est-ce que le terrorisme ? A vrai dire je ne comprends plus bien ce qu’on définit par terrorisme, l’usage continu et assommant du mot l’a rendu creux et dépourvu de sens. Aznar a néanmoins raison sur un point. Lui, Uribe, et tous leurs collègues et ex-collègues "ne doivent bénéficier ni des frontières ni jouir d’aucun type de légitimation de leurs positions idéologiques".

Une intégration réactionnaire entre forces armées et organes de répression corruptibles, en dernière instance, c’est le plan Non-Colombie. Nous devrions mettre en marche le véritable Plan Colombie. Ou mieux, le Plan révolutionnaire de la Grande Colombie.

Sur ce plan, Uribe, Guttierez et ces gouvernants inutiles et serviles nous surpassent et cherchent à s’emparer du destin de nos peuples. Unissons nos forces et dictons notre Plan.

Chavez l’a dit à Heinz Dietrich lors d’un entretien intitulé "Le destin supérieur des peuples latino-américains" [2] . Dietrich insistait sur la possibilité et la nécessité d’une intégration militaire à partir du Bloc Régional de Pouvoir en commençant par 6 pays : l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay, le Venezuela et Cuba. Chavez a répondu à mon avis judicieusement : "Je considère que pour que nous puissions parvenir à l’intégration militaire dans le sous-continent latino-américain il y a des étapes de maturation préalable dans chaque pays".

La prétendue intégration n’a aucune chance de mûrir avec des gouvernements comme ceux de Colombie et d’Equateur, entre autres. Mais avec le Brésil, l’Argentine, et la nouvelle donne en Uruguay, il se peut que cela soit possible. Encore faudrait-il que ceux-ci soient sérieusement des gouvernements populaires. C’est là une règle d’or : si ces pays radicalisent leurs positions internes en faveur de leurs peuples, il sera alors plus facile d’avancer dans cette intégration. Nous verrons déjà ce qui va se dire à Montevideo.

Je vais plus loin. Pourquoi ne faisons nous pas d’abord une intégration révolutionnaire avec les seules forces révolutionnaires ? Pourquoi attendons-nous toujours que nos "chefs" fassent quelque chose pour nous ?

Le peuple vénézuélien a contribué de manière exemplaire à la radicalisation de Chavez. C’est un peuple qui n’attend pas qu’on lui donne la permission, ni qu’on lui dicte des normes. Chavez s’intègre de manière naturelle à ce contexte révolutionnaire où on sent, en général, que le peuple et son président marchent ensemble avec beaucoup de maturité et de pureté politique.

Nous sommes tous convoqués, et les révolutionnaires de Colombie devront croître plus que tous et s’unir au Venezuela, mais au Venezuela bolivarien et révolutionnaire et avec lui à toute l’Amérique susceptible d’être unie... la seule qui devrait nous intéresser.

Les pistes pour le commencement de la Grande Colombie, c’est l’ennemi qui nous les offrent, en voulant effacer les frontières pour ses armées assassines qui capturent nos camarades de Colombie et les extradent aux Etats-Unis, tout en continuant à semer la terreur et la mort. Nous devrons supprimer les frontières nous mêmes avec nos forces révolutionnaires, à partir de l’exemple de Chavez et du peuple vénézuélien.

La tâche la plus facile pour l’ennemi consiste à nous diviser à nouveau en utilisant le prétexte des frontières nationales. Il n’y a pas d’autres frontières que les frontières de la vérité et de la justice ! Il ne faut pas que les travailleurs, les étudiants, les pauvres de nos pays tombent dans le piège du faux patriotisme. Oui, nous devons défendre la terre sacrée du Venezuela, mais seulement parce que la Patrie c’est l’Humanité, et qu’au Venezuela, ce qui est en jeu, c’est l’humanité.

S’il est aujourd’hui une frontière qui nous dérange, c’est celle qui divise les révolutionnaires. Achevons de la jeter au feu et offrons les frontières aux impérialistes... Ou aux rois qui toujours sommeillent en Europe, mais en Amérique, non !

Aucun accord de plus avec l’ennemi ! Ne rien céder à l’impérialisme, rappelons-nous du Che. Si on lui cède un pouce, il nous mange en entier.

Un des mes camarades au Venezuela a dit au sujet des événements récents : "Il nous faut deux, trois, de nombreux Venepal" [3]. J’ajouterais qu’il nous faut pour conserver Chavez, deux, trois, de nombreux Venepal dans toute l’Amérique !

Quand j’étais petite, il y a longtemps déjà , on entendait résonner, dans les belles marches de nos rues de la Havane, un hymne :

"Debout Amérique latine

En avant, en avant, en avant

Marchons unis vers le Socialisme

Dans un invincible idéal...

Paysans, ouvriers et indiens

Luttons contre le joug oppresseur

Pour que meurent tous les impérialistes

Amérique : Révolution".


Fidel et Chavez seront ensemble à Montevido... Fidel et Chavez, tous deux, on déclaré publiquement que le socialisme est la seule alternative pour l’humanité. Alors, avec l’aide de ces deux révolutionnaires faisons retentir ces belles notes sur l’ensemble de nos terres.

Je prie pour écouter à nouveau réunis ces trois mots : Amérique, Révolution et Socialisme.

La Révolution ou la mort !

Celia Hart


Celia Hart, membre du Parti Communiste de Cuba et fille des dirigeants historiques de la Révolution cubaine Armando Hart et Haydée Santamaria.


 Traduit du castillan par Gérard Jugant


[ Dans son article "Bilan de rêves et résurrection à La Havane" (RB n° 8) Celia Hart citait un passage du texte des Notes d’Ernesto Che Guevara pour l’étude de l’idéologie de la révolution cubaine. Elle s’étonnait avec une bien légitime colère que ce passage, où le Che abordait les interprétations de Marx sur Bolivar et le Mexique, ne figure plus dans une édition de ce texte en espagnol. Nous avons entre les mains une édition française récente, issue du fonds Maspero, dans lequel cet écrit important semble bien présenté dans une version non expurgée. Mais soyons extrèmement vigilants et exigeants ! Défendons pied à pied la littérature révolutionnaire, patrimoine vivant des peuples et de l’humanité, que les marchands de canons qui contrôlent la majeure partie de l’édition, seraient bien prompts à enterrer ! ]


 Extrait de Révolution Bolivarienne N° 9 Mars 2005 ( à paraître )


 De Celia Hart, lire aussi entre autres :


- L’ Homme des grandes enjambées.

- "La défense de Cuba passe par la révolution socialiste en Amérique latine et dans le monde"

- Considérations en marge du crime.

- Le 15 août, nous prendrons le Palais d’Hiver.

[2Cet entretien compose le chapitre I du livre de Heinz Dietrich "La integracion militar del bloque regional de poder latinoamericano" (sur le site Rebelion.org).

[3Venepal (fabrique de papier et de carton de 400 travailleurs) représente une importante victoire de la classe ouvrière vénézuélienne. Après de longs mois de luttes, le président Hugo Chavez a signé le 19 janvier 2005 le décret d’expropriation des patrons de Venepal et de nationalisation de l’entreprise sous contrôle ouvrier.


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