Sauf à se payer de jolis mots, le caractère « français » de la Polynésie ne doit pas être si évident qu’on le dit sur toutes les îles. La Polynésie « française » ne se résume pas à Papeete (1), qui dispose comme toute capitale, d’institutions administratives et para-administratives « françaises », avec drapeau français et tout un univers formel qui renvoie à la France « française ». Il y a de nombreuses îles, celles habitées, ou ce caractère français, sans même parler de la langue, n’est pas évident. Sauf à penser qu’il s’agit d’une essence éternelle.
Surtout, le fait républicain n’est pas évident non plus car il ne semble pas y avoir de RMI en Polynésie Française et pas plus d’impôt sur le revenu ni d’impot sur la fortune. Si ce non droit est à préciser sur l’IR notamment (2) et – mes sources n’étant pas sûres – on a bien là une situation de mépris social digne d’une colonie. Ajoutons aussi le régime des 39 heures hebdomadaires de travail salarié au lieu des 35 heures pour le volet surexploitation de force de travail, le tout mal payé.
On comprend mieux alors la situation et la position de l’ONU. Cette situation de profondes inégalités est certes une condition nécessaire mais pas suffisante. Il faut aussi connaître en outre, « en entrant » dans l’ONU comment la procèdure a été menée. Pour l’heure, j’ignore ce point qui a son importance. Tout ne se détermine pas de l’extérieur. Les rapports de forces internes ont leur propre poids.
Cette situation de mépris social est aussi, une des raisons de l’existence d’une fibre indépendantiste là-bas. Elle ne tombe évidemment pas du ciel, comme une sorte d’archaisme. Elle est cependant minoritaire. Mais si cette situation coloniale perdure l’indépendantisme va probablement monter. Notons donc pour l’heure la position de l’ONU et portons notre regard sur le retour de Gaston Flosse, le potentat, le colon local bourré de casseroles de corrompu. Ce sera l’objet d’un second billet. Encore que sur ce point, la presse soit plus explicite.
Quand on a de telles conditions de mal vie sociale, le clientélisme de soutien du colon prospère et fait système. L’un va avec l’autre. Ce n’est que l’autre face de la même médaille. Cela aussi n’a rien de Républicain. A moins que l’on dise, en référence à l’histoire ce coup-ci, que la République s’accomode volontiers du colonialisme. Ce qui est vrai. Mais de nos jours, on peut mobiliser d’autres formes de République , notamment la République sociale ou même socialiste, pour sortir de la domination postcoloniale.
Christian Delarue
1) Papeete sur wikipédia dit : « L’agglomération de Papeete est formée de 7 communes (Arue, Faaʻa, Mahina, Paea, Papeete, Pirae, Punaauia) totalisant une population de 131 695 habitants en 2007. Son aire urbaine, quant à elle, est de 178 173 habitants en 2007 ».
« L’agglomération de Papeete connaît une croissance considérable à partir des années 1960, en raison de la construction de l’aéroport international et surtout de l’installation des organismes de direction et de nombreux personnels du Centre d’expérimentations du Pacifique ; cela occasionne aussi un afflux de travailleurs des autres îles et l’apparition de zones d’habitat précaire ».
2) Un paradis fiscal... Enfin presque !
http ://www.micimmo.com/dossiers/analyses/s-installer-en-polynesie/un-paradis-fiscal...-enfin-presque—3000.html
En Polynésie, il n’existe pas d’allocations chômage, de RMI, de RTT (Réduction du Temps de Travail)… et la durée légale du travail est de 39 heures. Il n’y a pas d’impôt sur le revenu pour les salariés, les exploitants agricoles pour la vente de leurs produits non transformés et les artistes. Les propriétaires qui louent en non meublé et les propriétaires qui louent en meublé ne payent pas d’impôt lorsque les loyers perçus annuellement sont inférieurs à 2 millions de Fcfp. Un paradis fiscal ? À quelques nuances près…car des impôts existent.