Paris n’est pas la France. Mais le gâteau y est savoureux, ce n’est pas Chirac qui le contredira, en grand spécialiste des « frais de bouche ». Les deux adversaires de match de boxe féminin, qui tournaient autour du ring depuis septembre, sont face à face et prêtes à tous les coups bas.
Nathalie Kosciusko-Morizet, égérie diaphane de l’UMP s’épanchant, comme c’est souvent le cas des personnalités de droite, dans le Journal du Dimanche avance, mauvaise copine, que sa rivale a été condamnée en 2012 « à 20.000 euros d’amende pour travail déguisé à l’Atelier d’urbanisme de la Ville de Paris ».
Hildalgo pousse, bien entendu, les hauts cris devant l’attaque de la députée de l’Essonne. Et riposte sur le ton de la dignité. Elle dément et en « appelle une fois encore (presque lasse…) à une campagne digne et respectueuse des personnes où la calomnie et les insinuations n’ont pas leur place ». Ce qui est, évidemment, toujours le cas dans un combat de tranchées électoral…
NKM d’ailleurs y va fort en soulignant que la chouchoute de Bertrand Delanoë a été élue sur la liste de Jean-Paul Huchon (NDLR : au conseil régional d’àŽle-de-France) lui-même « condamné pour prise illégale d’intérêt » et observant que « la conseillère de Paris Mireille Flam est mise en cause dans une affaire de favoritisme et toujours soutenue par Delanoë ». A ce train là , c’est bientôt une armée de squelettes (sortant des placards) qui va défiler sur les Champs-Elysées.
Pour l’heure, balancer à l’air de réussir à NKM puisqu’elle grignote (à un an du scrutin) la belle Hidalgo dans les sondages avec 49% des intentions de votes contre 51% à son adversaire au second tour (BVA pour Le Parisien). L’élue de l’Essonne profiterait-elle du désamour dont souffre le PS ? Le mystère reste entier !
Du coup, Anne Hidalgo porte plainte pour « propos mensongers ». Une chose est sûre : elle ne craint pas d’engorger les tribunaux car sur tout le territoire ça va voler bas pendant un an.
Ces municipales sont la bête noire de l’exécutif qui y voit, à juste titre, la concrétisation comptable de la déception que la politique d’alternance à fait naître au coeur de l’électeur et, osons le dire, du contribuable.
CERVELLE
A l’Elysée, tous se creusent la cervelle pour trouver le truc qui permettrait, au moins, de sauver les meubles. Si, à ce jour, sept grandes municipalités sur dix sont gérées par la gauche (au sens large) on n’ose imaginer le carnage à la fin de la prochaine consultation.
Le Parti Communiste se plaît à espérer conserver, au sein de la grande désillusion Hollandaise, ses fiefs comme Arles, Dieppe, Aubagne, Saint-Denis, La Courneuve ou encore Bagnolet sur un total de près de 150 communes disséminées dans l’Hexagone.
Mais le danger, que beaucoup situeront à la fois non seulement sur le plan politique mais également sur le plan de l’image, viendra du Front National ou du Rassemblement Bleu Marine, comme on voudra bien le nommer.
La semaine passée, Marine Le Pen a redit que son parti « centre de gravité de la vie politique (…) serait présent dans le plus grand nombre de communes possibles » et aura « probablement des maires et un très grand nombre de conseillers municipaux ».
Jusqu’ici, le parti d’extrême-droite ne dispose que de très peu d’élus : 116 conseillers régionaux et deux conseillers généraux ainsi que trois députés dont la jeune Marion Maréchal Le Pen et l’insaisissable avocat Gilbert Collard. Marine lorgne avec force la commune d’Hénin-Beaumont dans le Nord, pour laquelle elle a loupé le coche et, au passage, mis alors un peu à sec les caisses de son parti.
Le Front a déjà dirigé les villes de Dreux (Eure-et-Loire), Orange (Vaucluse), Vitrolles (Bouches-du-Rhône) ou bien Toulon (Var). Toutes ont été perdues ou bien leur maire a changé d’étiquette à l’instar de Jacques Bompar, à Orange, qui est aujourd’hui au Mouvement pour la France (De Villiers).
Les grands appels du pied, déjà constatés aux législatives de juin dernier, entre la droite « traditionnelle » et le FN risquent de se transformer en flirts très poussés d’ici un an. C’est bien connu, le coeur a ses raisons que la raison ignore.