Sam,
D’abord, ce n’est pas à vous que je m’adressais concernant les camps des "pour" et des "contre", alors, veuillez ne pas vous immiscer si vous devez déformer mes propos.
Quant aux "bourgeois", je n’en ai cité que deux, et pas du "beau monde", comme vous dites. Alors n’extrapolez pas sur ce que je dis.
Ainsi, Lénine, Marx, Engels, les Castro, Che Guevara, Rosa Luxembourg, Olympe de Gouges et bien d’autres étaient issus de milieux aisés, voire bourgeois. Vous trouvez à redire, à ces "bourgeois"-là ?
En revanche, les Bergé-Badinter ne sont là que pour défendre les intérêts de leur caste. Mettre tout le monde dans le même sac pour minimiser l’autre camp, c’est de la malhonnêteté.
En revanche, je veux bien qu’on me cite le nom d’un membre du clergé fondamentaliste comme ceux qui s’agitent contre le mariage des homosexuels qui ait mené un quelconque mouvement révolutionnaire destiné à réparer les injustices faites au peuple. Je n’en ai aucun en tête.
Quant aux militants de base pro-mariage pour tous, je les retrouve, bizarrement, sur toutes les luttes, qu’ils soient hétéros, ou homos en couples avec ou sans enfant, ou homos solo, mais je n’ai vu aucun curé fondamentaliste défendre les droits de la classe ouvrière.
Mais je peux me tromper, évidemment. Si vous avez des noms, là encore ...
Vous voulez un "débat" ? Mais il a lieu en ce moment-même et pas seulement dans les colonnes partisanes du GS.
Mais vous voulez un débat sur quoi, au fait ?
Un débat, cela doit se faire sur ce qui est proposé, et non pas sur des subjectivités.
Le projet de loi, d’abord, concerne le mariage CIVIL et non pas VOTRE conception du mariage.
Dans ce projet, il n’y a pas d’autre option - comme une révision du Pacs, ou la suppression du mariage pour tout le monde - et, donc, qu’on soit pour ou contre le mariage en soi, il faut bien partir sur ces bases-là .
Ce n’est pas maintenant qu’il faut débattre d’autre chose. Il aurait fallu demander un débat là -dessus bien avant, mais il est clair que si cela n’a pas été fait, c’est que le statu quo arrangeait bien la "majorité". D’ailleurs, cette majorité-là a-t-elle levé le petit doigt lors du Pacs, alors qu’il était clair que les couples homos étaient écartés des avantages offerts par le mariage aux hétéros ?
Mais à voir comment les fondamentalistes sortent de tous les côtés sur les forums pour soutenir le mariage et le couple "naturel", on comprend bien qu’il n’y aurait pas eu grand monde pour demander la suppression du mariage et son remplacement par autre chose, comme un pacte civil offert à tous les couples quels qu’ils soient.
La question, en l’occurrence, est de savoir si, afin de supprimer les inégalités entre couples avec ou sans enfant, on élargit le mariage CIVIL, je répète, à tous les couples qui le désirent, indépendamment de leur orientation sexuelle.
Vous pouvez voir ce que vous voulez dans le mariage, mais l’Etat est là pour définir des règles applicables à tous sans exception et quelles que soient leurs convictions par ailleurs.
Si on rétrogradait les avantages qu’offre le mariage aux dispositions du Pacs, ce serait un tollé général contre l’injustice de la mesure. Mais donner accès aux mêmes droits à tous les couples rend certains hystériques.
L’Etat n’est pas là pour imposer comment chacun doit vivre son mariage, mais pour protéger les familles, et, surtout, les plus vulnérables, c’est-à -dire, les enfants, et, en général, les femmes.
Si ce n’était pas le cas, vous seriez sans doute le premier à brailler, à juste titre, cette fois, que l’Etat veuille s’ingérer dans vos affaires intimes et vous imposer votre façon de vivre.
Et donc le mariage civil est l’union officielle d’un couple qui souhaite éventuellement fonder une famille, mais la loi ne leur impose pas de le faire (il n’y a pas de certificat de non-stérilité, ou on ne demande pas aux couples de s’engager à avoir des enfants, sous peine d’annulation de mariage, par ex), et ne donne pas de limites non plus au nombre d’enfants qu’un couple serait autorisé à procréer.
En revanche, il offre des garanties aux couples mariés et à leurs enfants. En permettant, d’une part, de choisir un contrat de mariage parmi divers contrats, à signer avant la cérémonie civile, et, d’autre part, en protégeant les plus vulnérables en cas de problèmes (pension alimentaire, violences conjugales, présentation des enfants, cas d’inceste, déchéance des droits parentaux, etc.).
Le débat se situe uniquement sur la question de savoir si oui ou non, ce contrat civil doit ouvrir cette possibilité aux couples homosexuels et leurs enfants, sachant qu’ils sont lésés par rapport aux dispositions du Pacs et que la loi doit être la même pour tous.
Si le Pacs ne les avait pas exclus de droits essentiels, la question ne se poserait même pas. Les homos ne sont pas plus pour le mariage que le clan hétéro, c’est simplement la seule option prévue actuellement pour qu’ils puissent accéder aux même droits.
Mais ça, c’est tellement difficile à digérer qu’on remonte à Mathusalem ou qu’on invoque Freud ou Marx, pour expliquer que non, il y a toujours eu un papa et une maman et que c’est comme ça qu’on fait des enfants et qu’on les élève.
Sauf quand ce n’est pas comme ça. Et que les cas de figure abondent (absence du père - voire de la mère - familles monoparentales, divorces, familles recomposées, stérilité, adoptions, PMA, etc.).
A quoi les opposants répondent : eh bien, ce n’est pas parce que cela ne se passe pas bien chez les hétéros qu’il faut élargir la situation aux couples homos et rendre leurs enfants malheureux comme ceux des couples hétéros (du genre : c’est pour leur bien, tu vois, qu’on dit ça).
D’autre part, vous devriez savoir que les couples homos n’ont pas attendu votre avis pour fonder une famille quand ils le désiraient : adoption, PMA à l’étranger ou autre cas de figure. Leur refuser les mêmes possibilités que les hétéros, c’est simplement leur rendre le parcours plus difficile et le réserver à ceux qui ont les moyens financiers de le faire.
Cela montre l’hypocrisie des arguments (en particulier de ceux qui prétendent lutter contre les autres discriminations), ainsi que les injustices flagrantes et la discrimination par l’argent, qu’on est prêts à accepter, simplement pour conserver leurs privilèges aux hétéros apparents.
Ce sont les mêmes attitudes qui ont été constatées pour l’IVG (pas de ça chez nous, qu’elles continuent à aller en Suisse ou aux Pays-Bas, si elles veulent vraiment), à savoir que l’IVG sans risques existait, mais seules les plus aisées y avaient accès, les autres devaient s’en passer ou en passer par des méthodes clandestines et dangereuses. Et c’est bien cela que vous voulez : que les homos restent dans leur placard pour pouvoir chasser en seigneurs sur les terres que vous avez usurpées.
Pour mémoire, ce sont des "bourgeoises" qui ont permis, au départ, le droit à l’IVG aux plus pauvres. Parce que s’il avait fallu attendre les champions de la lutte des classes en chambre, on en serait encore à débattre indéfiniment sur le sexe des anges.
Les débats lors des propositions de loi concernant les votes des femmes entre autres, en 1906, 1919 et 1922, ne volaient pas plus haut, d’ailleurs. En gros, si on laissait voter ce qui constituait alors plus de la moitié de la population majeure du pays, ce serait la destruction de la famille - les femmes ayant vocation à procréer et à s’occuper du foyer familial - et ferait perdre au père de famille la légitime influence qu’il avait sur sa femme et au sein du foyer, et aux hommes celle qu’ils avaient sur la politique du pays (plus d’infos ici). Il a fallu attendre 1944 pour que le droit de vote des femmes soit adopté, non sans mal, parce que les arguments contre étaient les mêmes depuis les 25 années de débats.
Mais il est clair que pour vous, le débat sur le "mariage pour tous", ce n’est pas ce qui est cité précédemment, le débat serait de revenir à avant la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, du temps où l’Eglise était toute puissante et s’était approprié les terres et les âmes des paysans.
Le mariage tel que vous le concevez, n’est pas un mariage civil, mais le mariage religieux, avec les flonflons, la marche nuptiale, l’amour-toujours, la mission de procréation, la soumission de l’épouse et …la nuit de noces ! (c’est-à -dire, la virginité de la nouvelle épouse, ou l’abstinence du futur couple, telle qu’imposée par les préceptes religieux). Et le retour de la suprématie de l’Eglise catholique (et pas des autres, bien évidemment) sur les décisions de l’Etat. On croit rêver.
Et ce n’est pas parce que vous enrobez le tout avec vos interprétations de Freud et d’Engels, ou vos références historiques anachroniques, que vous êtes plus crédible.
"humanisto-progressistes", "droit de l’hommiste", gauchos", etc. On voit clairement où se situe le discours.
Alors, vos leçons, on s’en passe.
Voilà . J’ai dit ce que j’avais à dire. Je laisse les lecteurs juges. Je n’interviendrai plus pour nourrir un débat oiseux qui ne sert qu’à faire grimper l’audimat et à donner une respectabilité à des discours intégristes et homophobes.
Et je dirai comme Martet, président d’Act-Up, en 1997 : " pays de merde !".
Rien n’a changé pour les homosexuels.
Sauf que les vieux cons d’alors sont aujourd’hui en voie de disparition et qu’on ne peut qu’espérer que les générations suivantes seront bien moins bornées qu’eux.