« Un "racisme anti-Blanc" se développe dans les quartiers de nos villes où des individus - dont certains ont la nationalité française - méprisent des Français qualifiés de "Gaulois", au prétexte qu’ils n’ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu’eux. » - Jean-François Copé (Manifeste pour une France décomplexée)
Depuis près de trois mois, le landerneau français vit au rythme de la compétition au sein de l’UMP entre deux visions de société débâcle de l’UMP. Pour un observateur externe et neutre, ce combat ne manque pas d’enseignements. On pensait que seules les républiques bananières étaient coutumières à ce type de comportement. Il n’est que de se souvenir du feuilleton Laurent Gbagbo qui a été réglé comme on le sait. En fait, il n’en est rien, le pouvoir quelle que soit la latitude, rend son prétendant enragé et alors tous les coups sont permis même celui de désigner l’allogène comme étant responsable de tous les maux de la France. C’est en tout cas le logiciel gagnant de Jean-François Copé qui a donné une troisième mi-temps à la présidentielle en puisant dans une rhétorique de l’extrême droite dont l’idéologue le plus connu, Patrick Buisson, qui a fait les beaux jours de la présidence Sarkozy, a apparemment repris du service, en conseillant et en donnant lieu à de nouveaux clones en la personne de deux jeunes députés : G.Peltier et G.Didier avec la « France forte ».
Qui est Jean-François Copé ?
Nous lisons dans l’Encyclopédie Wikipédia. « Aîné d’une famille de trois enfants, Jean-François Copé né en 1964 à Paris est le fils de Monique Ghanassia, originaire d’Algérie, et du professeur Roland Copé, chirurgien d’origine juive roumaine. Du côté paternel, son grand-père Marcu Hirs Copelovici, est un médecin né à Lasi dans l’est de la Roumanie ; il émigre à Paris en1926. Devenu Marcel Copé, il se marie peu après avec Gisèle Lazerovici. En octobre 1943, le couple échappe avec ses deux enfants à la rafle d’Aubusson. Jean-François Copé fait de cet évènement familial un des motifs profonds de son engagement politique. Du côté maternel, son grand-père Ismaël André Ghanassia, fils de Moïse Ghanassia et Djaouhar Soussi, originaires de Miliana, est avocat à Alger. Son épouse, est la petite-fille d’un rabbin originaire de Tunisie, et d’une mère originaire de Tétouan au Maroc. André Ghanassia, son épouse et leurs trois enfants, dont Monique, quittent Alger pour la métropole dans les années 1950, peu après les débuts de la Guerre d’Algérie.
Au même titre que beaucoup d’hommes politiques, Jean-François Copé a des origines maghrébines et pourtant, nous verrons que tout son discours est tourné vers l’ostracisme de la communauté maghrébine, notamment avec le triste et honteux épisode du pain au chocolat, ce que ses adversaires politiques appellent Le Pen au chocolat prouvant, ce faisant, l’étroite proximité avec le Front national dont il veut siphonner les voix pour s’emparer de l’UMP.
Qui est François Fillon ?
La même lecture sur l’Encyclopédie nous informe : « François Fillon est né en 1954. C’est le fils de l’historienne basque Anne Soulet et de Michel Fillon, notaire originaire de Vendée. Aîné de quatre enfants, François Fillon fréquente l’école communale. Il étudie ensuite au collège privé de Saint-Michel des Perrais. Il obtient, en 1972, un baccalauréat de philosophie. Il poursuit des études supérieures à l’Université du Maine, au Mans. Il y obtient une maîtrise de droit public en 1976. L’année suivante il obtient un Diplôme d’études approfondies (DEA) en droit public de l’Université Paris Descartes. En 1974, admirateur du général de Gaulle, qui représente pour lui le symbole d’une France forte et indépendante, il commence à affirmer ses convictions politiques. En 1977, il adhère au Rassemblement pour la République (RPR) fondé par Jacques Chirac. Il se rapproche de Philippe Seguin, autre jeune député de droite. Ils font alors partie du « Cercle », une association de jeunes députés libéraux ou partisans d’un « gaullisme social » prônant la rénovation de la vie politique. Philippe Seguin devient son nouveau mentor en politique, (...).
Avec une riche carrière politique sous Jacques Chirac, il devint Premier ministre de Nicolas Sarkozy sans discontinuer pendant cinq ans. Il est souvent qualifié de « gaulliste social ». Le 30 juin 2012, François Fillon annonce sa candidature officielle à la présidence de l’UMP. Donné largement favori, il revendique sa victoire, tout comme Jean-François Copé, son adversaire, au soir de l’élection le 19 novembre qui laisse apparaître des résultats extrêmement serrés et des anomalies lors du vote. Après une médiation de Nicolas Sarkozy, François Fillon passe à l’acte en prenant la tête de soixante-neuf parlementaires réunis au sein du groupe parlementaire autonome baptisé Rassemblement-UMP dont les statuts sont déposés le 27 novembre, conservant cependant son rattachement financier à l’UMP.
Gaullisme contre droite décomplexée qui cible l’Islam et les étrangers
La position idéologique des deux hommes n’est pas la même : de Fillon à Copé, on est passé de la ligne Chirac, républicaine, à la ligne Buisson (ancien de Minute) d’ultra-droite. La ligne de démarcation est nette entre la droite de MM.Chirac-Fillon digne et traditionnelle, droite du terroir, conservatrice, libérale, chrétienne-démocrate, gaulliste, sociale, centriste, ouverte, humaniste, rassembleuse (conception gaullienne de la nation rassemblée) - et l’ultra-droite indigne des Copé-Peltier, radicale, forte, musclée, ultralibérale, antisociale, ultra-sécuritaire, clivante, prête aux coups de force, violente et agitatrice (capable de s’opposer au pouvoir légitimement élu dans la rue), totalement décomplexée et traître aux valeurs fondatrices de notre pays, républicaines. (...) Il n’y a pas seulement opposition profonde entre les deux lignes UMP, mais aussi entre les deux hommes. François Fillon est un homme de raison, un catholique attaché aux principes ainsi qu’aux valeurs républicaines de notre pays, soucieux d’éthique. Avec lui, c’est la démocratie chrétienne. Copé est un sioniste affirmé, cupide, arrogant, immoral, impulsif, se croyant tout permis, transgressif. Voyou comme ses maîtres en Israël, Etat voyou par excellence, au-dessus des Lois, violant toutes les règles internationales, piétinant sans vergogne le Droit. (2)
Dans une émission de Bfm tv, Olivier Mazerolles apprécie la campagne : « Le clan Copé a gagné la campagne électorale, il a perdu devant l’opinion publique la bataille de la morale ». (...) Même le néoconservateur Christophe Barbier a reconnu sur C dans l’Air du 26.11.12 : « La Commission a manqué à assurer sa mission, la transparence ». Et il ajoute : « L’appareil UMP a l’argent, la force, mais il a perdu son image ». Mieux encore, il dit carrément : « Monsieur Copé est un voyou, tout le monde le sait ! » Vous voyez un voyou à la tête de l’Opposition ? Un voyou à la tête de la France ? Irons-nous jusque-là ? (...) » (2)
« J-F. Copé tire son influence de son poids dans le Parti, notamment de son appareil. François Fillon, lui, tire son influence des électeurs de l’UMP et donc des élus de l’UMP, députés, sénateurs, élus locaux, où il semble majoritaire. Il faut faire le distinguo entre l’électorat UMP (très favorable à Fillon) et les adhérents UMP beaucoup plus déterminés, revanchards, proches en fait de l’extrême droite. C’est le clivage entre une droite républicaine gaulliste et une extrême droite qui s’est développée ces dernières années au sein même de l’UMP. Le divorce a déjà été engagé par Nicolas Sarkozy à travers l’évolution de sa campagne présidentielle, dont la campagne électorale de J-F. Copé n’a été que le prolongement. F.Fillon fort de son bon droit, celui de ne pas brader l’héritage de De Gaulle, semble bien plus déterminé que J-F. Copé, ce qui lui donne un avantage certain sur celui-ci. Il y a en fait deux France : d’un côté un Guillaume Peltier et sa France forte, et de l’autre Wauquiez et sa France solidaire ». (2)
« Il ne faut pas accepter, lit-on sur le site Eva-Resistons, en France une seule droite, tyrannique, affairiste, haineuse, raciste, sans scrupules, arrogante, exclusivement aux ordres du Crif. Tragique. La France n’est pas seulement ridiculisée, mais défigurée. Une des tragédies de la France, aujourd’hui, est qu’elle n’est plus un Etat souverain, car non seulement lié à Bruxelles, mais surtout soumis pour son malheur à Israël via son représentant dans notre pays, le Crif.(...) Copé, c’est la France des parvenus, la France des affairistes, la France musclée impitoyable, la France sans état d’âme, la France autoritaire, la France communautariste (ultrasioniste), la France raciste (islamophobe), la France du discours outrageusement identitaire, la France de Patrick Buisson. A l’UMP, la fracture est totale. Il y a désormais deux lignes totalement antagonistes, la bonapartiste autoritaire, antirépublicaine, antisociale de Copé, et la gaulliste républicaine, sociale, humaniste de Fillon. » (2)
L’idéologue Patrick Buisson
Qui est cet idéologue qui brouille les repères et les frontières entre les partis ? « Rien que l’évocation de son nom provoque une sensation désagréable. Mais Patrick Buisson, décoré de la Légion d’honneur en 2007 et fait commandeur de l’Ordre de St-Grégoire le Grand par Benoît XVI, n’est pas n’importe qui. (...) Patrick Buisson était l’un des conseillers de Nicolas Sarkozy (...) on peut dire qu’il est un spécialiste de l’extrême droite, (...) En attendant, Buisson s’occupe maintenant de Jean-François Copé. En tout cas, il faut bien l’admettre, Jean-François Copé distancé dans les sondages a remonté son handicap. (...) Parlons-en de ces fameuses motions ! C’est la motion « la droite forte » qui est arrivée en tête. Ses promoteurs, G.Peltier et G.Didier veulent tirer l’UMP vers l’extrême droite dont ils sont issus, et trouvent que Marine Le Pen est trop à gauche. Curieusement, ils ont le triomphe bien modeste, observent un silence radio intégral depuis le résultat du vote. Attendent-ils le moment propice pour sortir du bois et ramasser les débris ? » (3)
« Conseiller privilégié, membre de sa garde (très) rapprochée, Nicolas Sarkozy disait de lui en 2007 qu’ « il est l’hémisphère droit de mon cerveau » (Libération 15/03/2012). En l’espace de cinq ans, le sinistre homme de l’ombre de Sarko a acquis une place prédominante dans la stratégie du candidat de l’UMP. Les parasites au chômage, les mangeurs de viande halal, la France forte, c’était lui. Ce charmant conseiller, transfuge des branches les plus dures de l’extrême droite hexagonale traîne derrière lui une carrière édifiante : directeur du journal Minute dans les années 80 puis conseiller de Philippe de Villiers, il a inspiré à Nicolas Sarkozy toutes les idées réactionnaires du quinquennat : ministère de l’Immigration, débat sur l’identité nationale... Celui qui avait publié les fameux livres OAS, Histoire de la résistance française en Algérie ou L’Album Le Pen a bel et bien pris une place prédominante dans la campagne. Il déclarait en 1986 déjà que « Le Pen et le RPR, c’est la droite. Souvent, c’est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres ». (Nouvel Observateur 20/11/2008).(4)
L’avenir de l’UMP
« Ils se battent lit-on dans une contribution parue sur le site « mleray » sans réaliser qu’ils ont déjà perdu : François Fillon et Jean-François Copé. Ils sont aveuglés, ils ne voient pas qu’à l’UMP, ce ne sont plus eux les chefs, mais deux trentenaires : Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, aussi arrivistes que décomplexés, qui ont exécuté à la lettre ce que leur a enseigné leur maître, Patrick Buisson. Leur motion la Droite forte a battu au poteau les cinq autres en recueillant près de 28% des suffrages sur une ligne identitaire. Que revendique le texte ? Trois choses essentielles : une fidélité absolue à l’héritage de Nicolas Sarkozy, avec mission de bloquer tout droit d’inventaire. Pour Peltier et Didier, l’histoire de l’UMP commence avec Nicolas Sarkozy. La reconquête par le peuple. C’est le pari de la droite forte : transformer l’UMP en un grand parti populaire. S’ensuit un projet très nationaliste avec ode à la patrie, défense de la souveraineté, vision protectrice de l’Europe, dénonciation de l’assistanat, valorisation du travail, exaltation des valeurs familiales. - La fusion de la « question sociale » et de la « question identitaire ». Elle était en germe dès 2007 dans la campagne de Nicolas Sarkozy, avec le ministère de l’Identité nationale. Elle s’est trouvée exacerbée durant la campagne de 2012, avec comme grand instigateur Patrick Buisson. Peltier et Didier reprennent totalement cette thèse à leur compte. Leur motion mélange patriotisme et référence aux racines chrétiennes de la France, défense de la laïcité et méfiance à l’égard de l’Islam. Elle joue sur les peurs et flirte ouvertement avec les thématiques du Front national. (5) (6).
Jean-François Copé est un homme assuré et pressé, qui assume son ambition. A l’automne 2010, Nicolas Sarkozy avait consenti à lui confier les clés du parti en le faisant nommer secrétaire général. Bien qu’ils aient beaucoup de points communs, à commencer par leurs origines familiales en Europe centrale : hongroises pour Nicolas Sarkozy, roumaines pour Jean-François Copé. Ils partagent aussi un même aplomb, une certaine façon de mettre le pied dans l’embrasure de la porte. Adepte de formules et de petites phrases, sur le « racisme anti-blanc » ou le « pain au chocolat ». (7)
Le seul vainqueur est apparemment Patrick Buisson, pour qui tout n’est pas perdu, l’utilité des primaires de l’UMP ont permis un réarmement moral et identitaire. Et si l’ancien président Sarkozy « appelé » à mettre de l’ordre, viendrait mettre son « ordre » ? En misant sur Copé le moins populaire, il veut reparaître comme le sauveur. Copé a buté sur son ambition et l’ambition de Copé a elle-même buté sur la détermination inattendue de F.Fillon. Ce dernier se laissera-t-il dessaisir de sa légitimité pour avoir tenté de veiller jalousement sur le gaullisme ? Vu de l’extérieur, « on n’a pas à choisir entre la peste et le choléra » pour paraphraser Jacques Duclos, mais si on devait le faire, de nos deux adversaires idéologiques celui qui nous effraie le moins est le gaullisme qui, en son temps, avait une politique arabe équilibrée.
Chems Eddine CHITOUR