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Affaires des caricatures ou la liberté de stigmatisation collective

Partons d’abord d’un constat. Comme le souligne André Tosel, les conflits identitaires ont tendance de plus en plus à surdéterminer les conflits sociaux. Le dipôle civilisation/barbarie ou Occident/Islam, qui pose deux principes irréductibles, acquiert un pouvoir explicatif du monde intangible. L’autre, c’est le musulman, celui dont les traits divergent le plus du modèle-type capitalisto-occidental. Ce modèle conceptuel dualiste se retrouve aux antipodes de la thèse marxiste de la lutte des classes. Cette opposition «  culturelle », au sens large du terme, où le religieux occupe une place centrale, supplante les dimensions économique et sociale de l’existence. La société n’est plus clivée verticalement par les différenciations idéologiques entre bourgeois et capitalistes mais par les particularismes ethnico-religieux.

La question de la libre circulation des opinions et du droit à la satire est un sujet d’intérêt public qui fait l’objet de plusieurs interprétations.

Certains estiment que la liberté d’expression doit être farouchement défendue en toutes circonstances là où d’autres pensent que la liberté d’expression est relative et peut être circonscrite par des critères moraux (principe de prudence, prise en compte des sensibilités, du contexte historique,…) ou légaux. Disons que ce débat est ouvert et légitime et que nous n’avons pas pour objet de le trancher.

Notons tout de même que le droit comporte des dispositions restrictives, telle que la diffamation, les déclarations injurieuses, l’incitation à la haine ou l’appel à la discrimination contre les minorités. La Cour européenne des droits de l’Homme a été saisie en 2007 par des citoyens suédois qui avaient distribué des tracts jugés homophobes par les tribunaux suédois. La Cour a estimé que la justice suédoise était dans son bon droit et donc que le principe général de liberté d’expression pouvait connaître des limites en certaines occurrences jugées légitimes. 

Ce qui fait débat, c’est l’instrumentalisation et l’usage à géométrie variable du droit à la liberté d’expression. Ce droit est absolu ou non selon la cible. Charlie Hebdo qui se prévaut d’un traitement équitable et indiscriminé, concentre ses critiques les plus virulentes contre la communauté musulmane. De façon récurrente, on y retrouve des propos incendiaires et des analogies méprisables qui assimilent l’islam au terrorisme. Cette approche est encore plus inique si on la met en balance avec la défense inconditionnelle et chevaleresque qu’elle fait de la question juive et sioniste. Philippe Val n’a jamais d’ailleurs dissimulé sa passion pour Israël.

En France, les griots du sionisme et de l’atlantisme ont une liberté de tribune discrétionnaire alors que toute personne qui ose un tant soit peu égratigner Israël ou le judaïsme est publiquement maudit. Pourtant, la propagande prétend que c’est l’islam qui est par essence liberticide et qu’il n’admet pas la critique. Cette idée même participe de la stigmatisation des populations arabo-musulmanes. Caroline Fourest, Eric Zemmour, Oriana Fallaci ont fait de l’islamophobie, avatar d’un racisme qui ne dit pas son nom, un fond de commerce très rentable.

L’affaire Siné illustre parfaitement ce principe à deux vitesses. Quel est le grand crime de Siné qui lui a valu d’être viré sans ménagement ? Siné avait osé écrire «  Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter, écrivait-il alors. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie ce petit ! ». Pour Philippe Val, il existe soudainement des bornes à la liberté d’expression à savoir le racisme et l’antisémitisme (surtout dirais-je) et Siné aurait « dépassé cette limite ». Bernard-Henri Lévy avait, qui n’est pas à une contradiction près, estime que le dessinateur avait « passé la ligne jaune » de l’irrévérence et qu’il avait mis ses « pieds dans les traces qui sont celles du vieil antisémitisme français ». Une fois encore ce sacro-saint antisémitisme agité par les gardiens de l’ordre sioniste qui vaut une condamnation à mort professionnelle. Eux seuls ont le droit de dépasser «  la ligne jaune » de l’offense et de l’impertinence.
 
Cui bono ? On ne peut pas décemment penser que les attaques répétées des médias occidentaux contre les musulmans sont exemptes de visées politiques. Il s’agit d’attiser les haines et d’accréditer l’approche dichotomique du «  nous » contre les «  autres », du «  bien » contre le «  mal ».
 
Sortons de ce faux dilemme qui oppose les chantres de tous bords du conflit de civilisation. Malgré les apparences, la confrontation première est une confrontation entre dominants et dominés, entre impérialistes et anti-impérialistes, entre bourgeois et socialistes. Face à l’offensive néolibérale, il est plus qu’impérieux de régénérer une conscience de classe internationaliste sans tomber dans le piège du repli identitaire. C’est le défi de notre temps !

Emrah Kaynak

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CHE, PLUS QUE JAMAIS (ouvrage collectif)
Jean ORTIZ
Recueil d’interventions d’une vingtaine d’auteurs latino-américains et européens réunis à Pau en avril 2007 pour un colloque portant sur l’éthique dans la pratique et la pensée d’Ernesto Che Guevara, une pensée communiste en évolution, en recherche, qui se transforme en transformant, selon les intervenants. Quatrième de couverture On serait tenté d’écrire : enfin un livre sur le Che, sur la pensée et la pratique d’Ernesto Guevara, loin du Che désincarné, vidé d’idéologie, doux rêveur, (…)
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Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

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