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Mais qui s’ intéresse au Panama ... et pourtant ...

Le Panama n’a vraiment pas de chance en matière d’information occidentale,
souvenez-vous tandis que les médias se déchaînaient sur le faux charnier de
Roumanie, durant le même temps les États Unis bombardaient le Panama
(opération Juste Cause), y faisaient environ 3000 morts, des vrais
ceux-la... Et le Monde n’a jamais titré "nous sommes tous des Panaméens"..
Silence intégral... Comment d’ailleurs peut-on être Panaméen ?

Le droit à l’information

Le citoyen français, qui suit ce qui se dit à la télévision dans son
journal d’une manière distraite, se rend bien compte qu’en Irak la
résistance s’amplifie et que l’hostilité à l’occupant est franche et
massive, mais il peut toujours mettre cela sur le compte du "fanatisme",
lui parle-t-on d’autre chose ? On lui expliquera rarement que les Irakiens
vivent d’une manière abominable, pire que durant les années d’embargo,
tandis qu’on pille leurs puits pétroliers.(Excellent article d’Alain Gresh
dans le monde diplomatique de septembre). Quant à l’Amérique latine, même
la gauche française et ses journaux d’opinion, ont reconnu du bout des
lèvres la victoire non annoncée de Chavez, fini le temps où cette gauche
palpitait devant la libération des peuples du tiers-monde, aujourd’hui elle
tremble devant la montée des "fanatismes" et des "populismes"... Le danger
contre la Démocratie...Et comme nous le savons tous, les États-Unis, les
pays européens et israël sont les seules Démocraties de la Planète... Alors
comment pouvons-nous savoir ce qui se passe au Panama ... C’est l’occasion
pour notre système "d’information" de montrer "la dictature cubaine"
isolée. D’ailleurs avez-vous remarqué que le cyclone Charley, selon cette
"information" n’a fait des milliards de dégats qu’en Floride, rien ou
presque sur Cuba... En ce qui concerne Cuba [1], même la météorologie française
a des absences... à PROPOS PENSEZ A LA COLLECTE...

Qu’est-ce qu’on aura compris de l’exposé des médias ?

On aura vaguement compris en cherchant bien que la Présidente sortante du
Panama a gracié Posado Carriles et ses hommes, ce qui a soulevé la colère
de ces mauvais coucheurs de Cubains. Mais qui sait qui est Posado
Carriles ?
S’il était en prison au Panama, c’était que lui et quatre
terroristes d’origine cubaine avaient été arrêtés alors qu’ils allaient
plastiquer l’amphithéâtre de l’université de Panama alors que Fidel Castro
devait s’y réunir avec des centaines d’étudiants en 2000, ce qui aurait
fait un carnage si les services de renseignement cubains n’avaient pas
déjoué ce crime. Posado Carriles est un dangereux terroriste responsable,
entre autres, d’un attentat meurtrier contre un avion de ligne cubaine en
76, qui a fait 73 morts. C’est lui qui a dirigé la vague d’attentats en 96
contre les installations touristiques cubaines qui a fait un mort italien
et de nombreux dégats matériels. Il s’est échappé des prisons
vénézuéliennes, c’est un agent de la CIA, un des héros de la mafia de
Miami.

Cette grâce de la Présidente est intervenue à la demande de Bush qui est
partie à la pêche aux voix en Floride... N’oublions pas qu’il doit son
élection à la Floride, dont son petit frère Jeb est gouverneur. La mafia
qui dirige cet État a réussi par une fraude massive, en rayant de nombreux
citoyens afro-américains, en falsifiant les bulletins de vote, en faisant
le coup de poing contre le décompte, a réussi donc à faire basculer cet
État essentiel...

Pourtant l’affaire panaméenne ne manque pas d’intérêt...

Au Panama non seulement la décision de la présidente donne lieu à des
manifestations massives de protestation, mais sans cette histoire jamais
les Français n’auraient su que le nouveau Président élu, Martin Torrijos,
et qui prend ses fonctions le 1er septembre vient rejoindre le groupe des
Présidents d’Amérique latine progressistes, ceux qui s’opposent de
différentes manières à la main mise des États-Unis sur le sous
continent [2]
. La presse française a une fois de plus fait son travail de
désinformation sur la montée des résistances en Amérique latine
en nous
expliquant seulement que Cuba et le Panama avaient rompu leurs relations et
que le Venezuela "avait suivi". Ils ont omis de nous expliquer le contexte
qui est celui d’une victoire de gauche au Panama et à la dernière minute la
Présidente battue qui fait une fleur à G.W.Bush en libérant un de ses
terroristes... Cette mafia cubaine de Miami que l’on trouve dans tous les
mauvais coups de la CIA, depuis l’assassinat de Kennedy jusqu’à l’élection
de G.W.bush, en passant par le Watergate et la diffusion de la drogue dans
les ghettos noirs de Los Angeles.

Nous ne saurons jamais que les protestations contre cette libération
déferlent dans toute l’Amérique latine... Et que dans ce sous continent la
pression des résistances est si forte qu’elle oblige les gouvernants à 
céder comme on le voit avec le jugement de Pinochet. [3]

Pas plus que nous ne saurons qu’à Miami même, la mafia cubaine est elle
même contestée par les Cubains de Floride. A la suite des récentes mesures
prises contre les familles cubaines à Miami, leur droit à visiter leurs
familles dans l’île, à envoyer de l’argent à leur proche, les
manifestations se sont succédés car l’immigration a changé de nature, ce ne
sont plus les revanchards autour de Batista, les anti-castristes déchaînés
qui sont majoritaires, mais une immigration économique... La mafia tient
toujours les allées du pouvoir, les leviers financiers, corruption et
trafic de drogue mais les rues de Miami commencent à être occupés par les
protestataires... Qu’en savons-nous, rien bien sur ! ! ! Alors si la mafia
fraude une fois de plus en Floride, et si G.W.Bush est élu, nous le
subirons... C’est ça la démocratie...

Donc l’histoire du Panama montre aussi l’isolement grandissant de G.W.Bush
et la manière dont sa politique est contestée... Et pas seulement parce que
quelques militants contre le sida ont décidé de manifester nus dans les
rues de New York, ce à quoi semblent s’intéresser en exclusivité la
télévision française...

Donc cela intéresse le citoyen français...

Non seulement cela intéresse le citoyen français parce qu’il ne lui est pas
indifférent que G.W.Bush soit ré-élu, même s’il n’attend pas grand chose de
Kerry, mais parce que dans ces temps de mondialisation impériale, beaucoup
de choses sont liées...

La montée des résistances, partout, y compris chez nos voisins allemands,
contre l’ordre néo-libéral, contre le chômage, contre la pression sur les
salaires et sur les dépenses sociales, et contre la guerre s’intensifie sur
tous les continents, mais nous ne devons pas le savoir. On ne sait jamais
ça pourrait donner l’idée au citoyen français que l’on peut changer les
choses et pas seulement en attendant tout de l’élection d’un Fabius ou d’un
Strauss Khan qui appliqueront la même politique qu’un Shroeder...

Nous devons non pas revendiquer la "liberté de la presse" chère à Robert
Ménard car la liberté de la presse ainsi conçue est celle d’une industrie
dominée par de grands intérêts (en France, les propriétaires sont des
marchands d’armes, Dassault et Lagardère, et des annonceurs Publicis dont
le principal client est l’armée nord américaine) mais le DROIT A
L’INFOMATION du citoyen français pour pouvoir exercer ses droits politiques
comme le disait sur ce site Viktor devant son hamster...

Danielle BLEITRACH

*** *** ***

Danielle BLEITRACH vient de publier avec Viktor DEDAJ et Jean François BONALDI "Cuba est une île", Ed. Le Temps des Cerises.

Transmis par : Cuba Solidarity Project


[1Au titre de la désinformation ordinaire, voyez comment Cuba est traité
par les commentateurs sportifs aux jeux olympiques, jamais la moindre
médaille signalée ou alors c’est parce que la camera s’égare dans le stade
sur une lanceuse de javelot drapée dans son drapeau cubain, ou encore parce
que notre champion national de boxe est confronté à un boxeur cubain...
qu’un petit pays soumis à un blocus inique puisse produire tant de jeunes
athlètes, que ceux-ci aiment leur pays au point d’y rester alors que des
ponts d’or leur sont offert n’intéresse pas la presse française... Pas plus
d’ailleurs que dans ce pays l’idéal du Che soit resté si vivace que tous
les ans 16.000 médecins partent faire leur devoir de solidarité auprès des
plus pauvres en Amérique latine, en Afrique... Une dictature, vous-dis,
passez il n’y a rien à voir...

[2Cela va du Mercosur (Argentine, Brésil et Uruguay) qui refusent de
saborder leur union pour rentre dans la ZLEA (zone de libre échange de
l’Amérique, en fait un grand marché néo-libéral de l’Alaska à la terre de
feu, totalement ouvert aux capitaux et aux produits nord-américains), au
front encore plus ferme du refus que représente le Venezuela et les petits
pays anglophones des Caraïbes regroupés dans une union. Sans parler des
révoltes dans les pays andins... Cuba a été d’office exclu de ce projet
neo-libéral.

[3Tiens au fait vous ne saurez jamais non plus que les liens de
coopération entre Cuba et l’Argentine se resserrent que des accords de
coopération se multiplient en particulier dans le domaines de la santé et
de l’éducation... Que se mettent en place des rapports sud-sud...


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Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

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