Ce qui s’est produit pour Torre est l’idée sous-jacente contenue dans les rémunérations "au mérite" des enseignants.
Le pouvoir se fiche pas mal des performances des élèves et d’une meilleure éducation. Bien au contraire, puisqu’il s’agit de créer une élite docile qui perpétuera le système, et non pas d’instruire tout le monde de façon égalitaire (on n’est pas à Cuba, nom de dieu !).
L’éducation publique, selon la doctrine néolibérale, coûte cher au contribuable et, il faut donc, comme partout ailleurs, réduire les coûts ("optimiser").
Evidemment, la "réduction des coûts" se fait essentiellement grâce aux économies sur le personnel, en quantité (en augmentant les effectifs et en réduisant le nombre de disciplines) et en salaires.
D’où l’idée ultime (soutenue par les ignares) de rémunérer tous les enseignants avec un salaire plancher et d’en gratifier certains au mérite, et non plus à l’ancienneté.
L’objectif de tout cela ? Stigmatiser l’école publique et les enseignants pour pouvoir donner les services marchands de l’éducation au privé (en laissant les dettes au contribuable, et pas de rentrées).
Et les tests nationaux (bidon) ne servent qu’à :
– imposer un cursus minimum (pour la vitrine, pour laisser croire qu’on s’inquiète de l’éducation des enfants dans une "démocratie"). Ces tests, en effet, sont des QCM qui impliquent un "bachotage" intense sur toute l’année pour éviter des initiatives pédagogiques qui pourraient amener les élèves à réfléchir.
– évaluer les profs et les écoles et valoriser ceux qui "réussissent", à savoir ceux dont les élèves auront le mieux répondu aux tests.
D’autre part, les écoles des quartiers les plus pauvres sont celles qui sont le moins dotées en subventions publiques et en dons privés - qui n’affluent pas, évidemment, chez les pauvres. Ce qui signifie que ce sont à ceux qui ont le plus de difficultés à travailler chez eux et à apprendre qu’on donne le moins de moyens, en matériel et en encadrement.
Avec les tests, on peut donc établir des classements et privatiser les écoles bien notées (qui deviennent "charter schools") - et écarter les élèves faibles pour lesquels il restera des "écoles publiques", qui, vidées de toute substance, parqueront les parias de la société.
"Mais tout cela a été gâché par les professionnels républicains de la diffamation qui, pour détruire les syndicats enseignants" :
Pas entièrement d’accord. Si les républicains ne sont pas en reste, le travail de sape, comme dans tous les autres secteurs, a largement été effectué par Obama. A tel point que les républicains ne savent plus où se tourner pour se démarquer des démocrates et qu’Obama s’invente des promesses de "gauche" pour être réélu.
Exemple :
"Le 23 février 2010, les administrateurs du lycée public de Central Falls, ville minuscule et très pauvre à Rhode Island, licenciaient l’ensemble de l’équipe éducative de l’établissement, à cause des résultats très faibles obtenus aux tests.
En tout, 93 personnes ont été mises à la porte - dont 74 enseignants et l’équipe administrative au complet.
Obama et son ministre de l’éducation, Arne Duncan, déclaraient tout deux publiquement que ces licenciements étaient justifiés et que les enseignants devaient être tenus pour responsables de l’échec de leurs élèves.
Finalement, en mai 2010, à l’issue de négociations syndicales, ils ont été réembauchés, à condition que la journée scolaire soit rallongée, que les enseignants effectuent des heures supplémentaires hebdomadaires pour aider les élèves et pour assister à des réunions pédagogiques (tout cela pour une prime globale de 3000 dollars par an).
Moralité : on a repris des "enseignants nuls" en leur imposant de travailler plus pour gagner moins..
Qui y a gagné dans cette affaire ? Qui est puni ?
Pour l’"anecdote" : en mars 2012, à Central Falls, la municipalité s’est déclarée en faillite et a cessé de payer les retraites de ses employés.
Pour ce qui est des syndicats, les républicains veulent les éradiquer complètement. C’est uniquement de l’idéologie. Parce qu’ils sont bien dociles, on le voit.
Quant aux républicains, évidemment, ils ne feront pas mieux, une fois au pouvoir. Mais on ne peut certainement pas se réjouir que les démocrates fassent "moins pire".
C’est ce qui nous attend aussi …