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Je me souviens (d’un certain quinquennat)

Rue 89, qui a souvent de bonnes initiatives, a demandé à ses lecteurs de twitter sur le souvenir le plus marquant du quinquennat du kleiner Mann. Le cahier des charges étant le suivant : « vous vous projetez mentalement en 2032 : vous vous souvenez alors de cette période lointaine et ses étrangetés ; vous racontez un souvenir oublié du quinquennat de Nicolas Sarkozy en commençant par« Je me souviens » ; vous gardez le même ton que Perec (pas de vomissements rageurs donc). » On a déjà eu droit à quelques gazouillis savoureux :

- Je me souviens de cette phrase pleine de panache, prononcée au Fouquet’s, le 6 mai 2007 : « Vous avez aimé Jackie Kennedy, vous adorerez Cécilia Sarkozy. » Cette bravade était tout un poème. Cécilia l’avait larguée et n’était même pas allée voter pour lui lors du second tour. Et puis y eut-il au monde femme plus cocufiée que l’excellente Jackie ?

- Je me souviens de la lettre de Guy Môquet..., une lettre à faire lire aux enfants des écoles, qui commençait par « je vais mourir ». Le 30 avril 2008, écoeuré par cette initiative, je publiai un texte rageur sur un site de gauche (voir en bas de cette note).

- Je me souviens du stylo roumain... convoité et empoché. Ce stylo, genre Mont Blanc ne fut pas le seul objet de prix que le kleiner Mann subtilisa.

- Je me souviens des bons de vaccination contre la grippe A. Un des scandales du quinquennat qui coûta beaucoup d’argent et flanqua des frayeurs à des centaines de milliers de gosses qu’il fallut piquer dans des salles des fêtes glaciales.

- Je me souviens de l’amusant « ministre de la Relance »… Il s’agissait du châtelain Devedjan.

- Je me souviens des T-shirts NYPD… et du « malaise vagal ». Le pire, c’était le malheureux Kouchner, transfuge lèche-cutant du camp socialiste, obligé de courir avec son boss, alors qu’il avait tout de même 68 ans.

Avant de commencer, je voudrais signaler ceci : tout le monde s’est esbaudi, s’est pâmé devant l’attitude "républicaine" de Sarkozy, qui a organisé une transmission apaisée des pouvoirs. Ceci était une posture. Tout comme les siens, le kleiner Mann a parfaitement compris que ce n’est pas la droite qui a été battue, mais lui. D’où ce profil tout en retenue et modestie. Cet homme ment toujours. Souvenons-nous que sa carrière politique a commencé par un extraordinaire mensonge originel quand il a feinté Pasqua pour lui subtiliser la mairie de Neuilly. Mon hypothèse est que le mensonge chez lui provient de secrets de famille, lorsqu’il a découvert sur le tard que sa mère - donc lui - était d’origine juive et que sa famille paternelle n’était pas aussi reluisante qu’il le croyait.

Je vais proposer deux « Je me souviens ». La sélection est pire que drastique. J’élimine la privatisation, au profit de ses bons copains, de Gaz de France alors qu’il avait promis que l’entreprise ne serait jamais dénationalisée. J’élimine les insultes de cet élève médiocre adressées à la culture (l’épisode de La Princesse de Clèves parmi tant d’autres). J’élimine la LRU, contre laquelle je me bats avec acharnement depuis 5 ans et dont je crains que cette lutte ne s’achèvera pas avec Hollande. J’élimine la nomination du casinotier Laporte dans un ministère, la nomination d’une arriviste sans foi ni loi au ministère régalien de la Justice. J’en élimine bien d’autres encore.

De cet homme qui ne contrôle pas son corps, je retiendrai deux gestes (je laisse tomber les « casse-toi, pauv’con » et autres emportements). Le premier fut inaugural. Quelques minutes avant le raout du Fouquet’s, Sarkozy traverse Paris dans sa voiture, une horde de motocyclistes de presse à ses trousses. Il veut imiter le geste de Chirac en 2002 quand celui-ci ouvrit la fenêtre arrière droite de la voiture pour saluer de son long bras droit. Seulement le kleiner Mann ne va pas au bout de cette offrande. Il baisse légèrement la vitre et laisse simplement dépasser son avant-bras droit. La signification de ce geste avortée est toute simple : de la peur et du mépris. Mépris pour les passants et les millions de téléspectateurs. Peur de se faire flinguer.

Le second geste est à mes yeux le moment le plus abject de son quinquennat. On lui a organisé une visite bidon (elles le sont toutes) dans une ferme laitière du Pays basque. S’il connaissait un peu ses dossiers, il saurait que les conditions de vie d’un éleveur laitier d’Itxassou ont peu à voir avec l’opulence d’un céréalier de la Beauce. Il engage le dialogue :

" Ca va ?

" Non, ça ne va pas, lui répond le couple d’agriculteurs.

Il est décontenancé : sa question étant de pure forme, il attendait une réponse de pure forme puisque, quoiqu’il advienne, les paysans que le parti gaulliste a ruinés pendant quarante ans votent quand même à droite. Il insiste lourdement :

" Ca va ?

" Non, non, ça ne va pas.

" Vous êtes bien sûrs que ça ne va pas ?

" Non, ça ne va pas.

" Mais enfin, vous êtes propriétaires. Combien d’hectares ?

" Quarante.

C’est alors que survient le geste abject. Pour enfoncer son autorité dans le corps et l’esprit de ces braves gens que des dizaines de photographes et de cadreurs mitraillent, il appuie à plusieurs reprises avec son index sur le poitrail du paysan.

" Vous voyez bien ? Vous avez quarante hectares. Moi, je n’ai pas un seul hectare.

Il fait semblant d’oublier que ces quarante hectares ne valent rien en dehors de leur fonction d’outil de travail. Lui qui a triplé son salaire. Lui dont les avoirs personnels ont considérablement augmenté en cinq ans. Lui qui dispose à Paris de la résidence privée la plus huppée de la capitale et, sur la Côte d’Azur, d’une petite merveille digne des nouveaux magnats russes.

Un échange inoubliable.

A propos de la lettre de Guy Môquet. Je n’aurai donc pas attendu la défaite du kleiner Mann pour publier ce texte :

Voilà plusieurs semaines que je tourne autour d’un mot terrible, d’un concept qu’on ne saurait manipuler à la légère. J’ai testé ce vocable, oralement, sur quelques proches qui n’ont pas paru scandalisés. Mais, jusqu’à ce jour, je n’avais osé l’utiliser dans un écrit.

Je me lance : je considère que nous vivons aujourd’hui, en France, en dictature. Il ne s’agit pas d’un régime à la Pinochet, à la Kim Il Sung ou, plus proche de nous, à la Franco, avec son armée, sa Guardia Civil et ses curés. Non, il s’agit d’une dictature de l’argent. Dans le monde entier, les puissances d’argent, les milieux financiers exercent un pouvoir sans partage. Ils tiennent tout, y compris, bien évidemment, les grands médias.

Chez nous, la droite et la gauche institutionnelles cautionnent, depuis bientôt trente ans, un état de fait où la parole démocratique ne peut pratiquement plus se faire entendre et où les pratiques démocratiques ne sont que des simulacres. Ce qui se passe avec Sarkozy n’est pas fondamentalement différent de ce qui se passait sous Chirac ou Mitterrand. Disons que nous avons opéré un saut quantitatif et qualitatif, au sens où tous les espaces publics et privés sont désormais rembougés, farcis par le discours dominant.

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre l’initiative de la lecture de la lettre de Guy Môquet. Pour qu’une idéologie dominante domine parfaitement, il faut qu’elle éradique, qu’elle tue ce qu’il reste de l’idéologie dominée et qu’elle se fasse oublier en tant qu’idéologie. Comme il n’est pas question, dans une démocratie formelle, de censurer au sens propre du terme, de violenter physiquement les citoyens, il suffit à la classe dominante de déplacer tous les débats politiques ou, mieux encore, de les vider de leur substance.

C’est ici qu’intervient la communication. Il y a bien longtemps que les entreprises, les stars, mais aussi les administrations, les pouvoirs publics et, bien souvent, les médias, n’informent plus : ils communiquent. La différence entre l’information et la communication est que cette dernière substitue la forme au fond. En outre, celui qui informe travaille pour les autres. Celui qui communique travaille pour lui. C’est pourquoi la communication, qu’il s’agisse de publicité ou de tout autre message, est mensonge. Ainsi, lorsqu’il y a une grève dans les transports publics, l’accent est mis sur le spectaculaire, l’immédiat, c’est-à -dire la « grogne des usagers ». A noter que, dans ce cas précis, la classe dominante redécouvre des usagers qu’elle avait perdus de vue depuis qu’elle a privatisé à tour de bras et qu’elle considère tous les citoyens comme des clients. A noter également que les usagers, tout comme les travailleurs en lutte d’ailleurs, « grognent ». En d’autres termes, ils n’expriment pas une parole, un dit, mais un bruit de gorge, le contraire d’un discours élaboré.

Pour prendre un autre exemple, très révélateur du simulacre de la vie politique, lorsque le président de la République se rend dans une usine pour exprimer sa sympathie aux travailleurs (dans le meilleur des cas), il se contrefiche des accidents du travail, de l’amiante, des horaires insupportables, des données qu’on ne peut traiter que dans la durée, et politiquement. Il fait semblant, pour un instant fugace, d’être proche des travailleurs. Il n’est intéressé que par l’image que l’on retiendra, tout aussi fugacement, de sa démarche. Gouverner, pour Sarkozy, c’est imposer l’omniprésence d’une forme. La boîte à images doit être alimentée une ou deux fois par jour. D’où la création, la mise en scène de pseudo-événements, l’insistance sur la psychologie, l’émotion aux dépens des structures et des superstructures. Pourquoi, aujourd’hui, le public est-il extrêmement maigrelet autour du tombeau de Lady Di ? Parce que, quelle qu’ait pu être la valeur personnelle de la princesse, elle ne fut qu’image. Et une image disparaît avec son support.

Si Nicolas et Cécilia Sarkozy [ce texte fut écrit avant l’apparition de Carlita] ont voulu, pendant des années, vivre dans la lumière, ce n’est pas par narcissisme personnel, mais bien parce que, pour eux et les leurs, il fallait créer en permanence du simulacre. « Gouverner, c’est faire croire », disait Hobbes. Le sarkozysme est une théorie de l’apparaître, puis du paraître. Le sarkozysme, c’est le déplacement de l’idée hors du temple pour que la frontière entre l’intime et le public soit éradiquée afin que la dépossession soit confondue avec les passions secrètes des victimes du simulacre et du système. Le sarkozysme, c’est la mécanisation par la simplification de la pensée des individus et des groupes. La victoire de Sarkozy doit beaucoup à vingt ans de privatisation de TF1, la plus grande entreprise de crétinisation d’Europe, selon l’aveu même de ses dirigeants. Le sarkozysme, c’est un pouvoir qui existe avant tout par la représentation que l’on en a, quand son héros et sa propre fiction ne font plus qu’un. Le sarkozysme, c’est la perte des repères, avec pour seul motif le discours clos de sa propre prédication. Sarkozy sur le yacht de Bolloré ou faisant semblant de faire du vélo avec Virenque (il fait semblant, c’est un vrai cycliste qui vous l’affirme), c’est comme du divin qui serait redescendu sur terre. Le sarkozysme, c’est un ensemble de signes flottants qui, en surface, ne dénotent aucune réalité.

La geste sarkozyenne (courir en compagnie de Kouchner dans un maillot de la police new-yorkaise) est épuisée par son autosuffisance. Lorsque je regarde courir Sarkozy, je regarde - à proprement parler - rien. L’image du coureur est son propre référent. Nous sommes alors dans un monde dénaturé qui a pris sa revanche contre la Renaissance ou l’esprit des Lumières, là où les sentiments et les instincts (la chasse aux immigrés) l’emportent sur la raison, là où l’intuition et une présentation des choses binaire, manichéenne remplacent l’argumentaire (« je vais vous débarrasser des racailles », « Fadela Amara est remarquable »), là où la prédication remplace la dialectique (« pour moi, il n’y a pas de tabous »).

Quid, me direz-vous, de Guy Môquet ?

Pourquoi ce fusillé en particulier ? Pourquoi le choix de la jeunesse et de la pureté (Môquet n’a tué personne, contrairement aux cinq du Lycée Buffon, beaucoup plus "populaires" dans les années cinquante et soixante) ? Parce que lorsqu’on n’a jamais esquissé le moindre geste de manifestation soi-même (sauf contre des étudiants grévistes), parce que lorsqu’on appartient à une classe qui a collaboré et s’est enrichie outrageusement au contact intime de l’occupant, quand on a une flopée d’amis venant de l’extrême droite et qu’on défend depuis dix ans les idées de Le Pen, on a bien des choses à se faire pardonner.

Il existe, depuis des années, des compilations de lettres de fusillés. (Voir, par exemple, La vie à en mourir, Lettres de fusillés 1941-1944, ouvrage paru aux éditions Tallandier. Lettres choisies et présentées par Guy Krivopissko, conservateur du Musée de la Résistance nationale). Même si le Parti Communiste a pu exagérer en se proclamant le « Parti des fusillés » avec ses 75000 victimes, il n’en est pas moins vrai que la grande majorité des fusillés, des résistants qui ont pris les armes appartenaient à la classe ouvrière et étaient communistes. Ce qui signifie que, dans une France encore très rurale, les paysans, les fonctionnaires, les artisans, les commerçants ont bien plus fait le dos rond que les ouvriers. Sarkozy ne le dit pas, Guy Môquet ne le disait pas non plus.

Mettre en avant la lettre du jeune supplicié sert tout bonnement à masquer la politique de la classe dirigeante d’aujourd’hui, décrite la bave aux lèvres le 4 octobre dans le magazine économique Challenges par Denis Kessler, ancien bras droit du baron Sellières à la tête du MEDEF, ami de toujours de Dominique Strauss-Kahn (tout se tient), ce "socialiste" qui pense et déclare que les gens mal informés, les gens qui souffrent ont trop de pouvoir dans la représentation démocratique.

« A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. Les réformes à faire ? », demande Kessler. « C’est simple. Prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952 [c’est-à -dire à une époque où la classe dirigeante et les ancêtres de l’UMP ont dû payer le prix de leur collaboration économique et politique avec l’occupant], sans exception. Elle est là . Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance. » Et Kessler d’évoquer : « la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc. » Bref, tout ce qui a rendu la vie à peu près supportable pour 90% de Français pendant cinquante ans.

Sarkozy, comme son très proche collaborateur Guaino, se traînent des valises névrotiques qui pèsent des tonnes. Le premier, dans sa famille paternelle, a un passé qui ne passe pas, et il n’a découvert qu’adolescent, les origines juives de sa mère. Le second, comme dit pudiquement Wikipédia, n’a pas connu son père. Tout deux ont toujours eu une revanche à prendre sur la vie. Exalter les mythes fondateurs de la vraie gauche (Jaurès, anticapitaliste et pacifiste, Môquet, résistant magnifique) permet de faire oublier que, dans les faits, on n’aime les gens de gauche que morts ou traîtres. Faire lire une lettre d’un jeune militant communiste sans référence au contexte, sans allusion à ses propres engagements, bref une lettre purement humaine, familiale, une lettre d’émotion, quelle belle manoeuvre !

Une lettre qui exalte l’abnégation, le sens du sacrifice, le courage, des valeurs que la classe dominante peut faire siennes sans problèmes dans une perspective de politique-spectacle, d’iconisation, et de pipolisation de l’école. La lettre d’un fils extraordinairement ému mais pas d’un jeune communiste qui veut organiser la résistance à la base. Pour le ministre Xavier Darcos, l’école doit « renforcer la cohésion nationale autour d’une histoire ». Il est urgent, en effet, de raconter des histoires (après Môquet, à qui le tour ?) à une société disloquée par la brutalité de sa classe dirigeante.

Faites le compte, vous verrez que, depuis 2002, il ne s’est pas passé une journée sans que les dirigeants n’aient pris une mesure hostile au monde du travail, aux salariés. On en revient à Pétain - n’est-ce pas Kessler ?, quand l’école du Maréchal était mobilisée pour construire une unité nationale de façade, mais obligatoire, à coups de mythes simplistes (Jeanne d’Arc, Bara, Bugeaud). Une récupération au profit d’une identité nationale (comme le ministère du même nom) serait censée faire oublier les attaques contre la Sécurité sociale, les services publics, les retraites.

Non, Môquet n’appartient pas à tout le monde, mais à ceux qui luttent, qui n’acceptent pas le fait accompli, le principe de réalité. La France rêvée par Guy Môquet est le contraire de la France de Sarkozy, cette France d’avant le 4 Août, d’avant les Lumières, la France du fric étalé sans honte, la France des casinotiers, la France des beaufs à Rolex©, la France qui se pâme devant Bush.

La mythologie que veut forger Sarkozy, pour le moment du moins (ça lui passera avant que ça nous reprenne), évacue de grandes figures chéries de la droite, comme Jeanne d’Arc ou Napoléon. C’est donc une mythologie sans mauvaise conscience, sans squelettes dans le placard, sans torture en Algérie, sans Mai 68 (en 68, Môquet aurait pendu le père de Sarkozy avec les tripes du père de Kessler !), sans le moindre faux-pas, sans regret ni repentance. Une mythologie unidimensionnelle, celle d’un pays totalitaire.

Bernard Gensane

http://bernard-gensane.over-blog.com/

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