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Du pain sur la planche pour Acrimed.

Ce dimanche, 25 mars, Michel Serres, qui est passé des analyses absconses des années 1970 à des chroniques de café-philo sur France-Info, méditait sur les vertus : il donne de loin la préférence au courage (qui affronte les risques de la vie les mains nues) sur la prudence, qui enferme l’homme dans les réseaux de la médecine publique, de la Sécurité Sociale et du principe de précaution. Si les Nouveaux Chiens de garde (de Serge Halimi) sont les journalistes, les anciens, que dénonçait Paul Nizan, étaient les philosophes de l’Université ; en tant que philosophe médiatique (selon l’expression de P. Bourdieu), M. Serres, qui donne un vernis intellectuel (très léger !) aux mots d’ordre du libéralisme, cumule les deux types de gardiennage.

Après son appel exaltant à nous lancer dans l’aventure de la vie en jetant aux orties les béquilles de la Sécu, la présentatrice de France-Info offrait une rubrique de publicité au magazine Geo (du groupe allemand Prisma media. Autres titres : VSD, Capital, Prima ...) ; son prochain numéro, qui titre sur le Réveil douloureux de l’Italie, se félicite de la popularité du nouveau président du Conseil Mario Monti et nous apprend ce que l’Italie attend de lui : l’Italie a un grave problème, 1,3 million d’Italiens vivent de la politique ! Les entrepreneurs demandent donc qu’on allège l’Italie de ce lourd fardeau.

On reconnaît là , avec surprise, un discours qui a une longue histoire derrière lui et dont on pouvait se croire débarrassés : celui de tous les démagogues qui, en période de crise, ont utilisé la ficelle de l’anti-parlementarisme ; certes, c’est un thème facile à développer : les parlementaires n’ont jamais été très populaires, on sait qu’ils sont absentéistes, que, quand ils viennent en séance, ils s’endorment ou s’emmêlent dans les boutons qui servent à voter, qu’ils votent selon les consignes de leur chef de groupe qui, quand il appartient à la majorité, prend ses ordres auprès du gouvernement. Alors, à quoi servent-ils ?

Les démagogues, comme Mussolini ou, avant lui, Louis-Napoléon Bonaparte (le futur Napoléon III) avaient beau jeu de les ridiculiser : les députés ne font que retarder la prise de décision, pour résoudre les problèmes de l’Italie, ou de la France, il faut se débarrasser de
ce poids mort.

C’est oublier qu’une mauvaise décision, rapidement appliquée, est encore plus désastreuse. Mussolini se vantait de faire arriver les trains à l’heure ; mais ces victoires, acquises en court-circuitant le jeu politique normal, sont aussi éphémères que rapides : elles aboutissent à la dictature et à la catastrophe humaine (toujours) et économique (à plus ou moins court terme).

La lenteur dont se plaignent les démagogues et une bourgeoisie pressée d’engranger des bénéfices (Marx a démontré dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte que, tout en se gargarisant du mot démocratie, elle était prête à la sacrifier pour plus d’efficacité dans les affaires) est la rançon nécessaire de la démocratie : dans ce système, la prise de décision est précédée de débats, qui prennent du temps. La lenteur n’est pas la garantie d’une bonne politique, mais sa condition.

Quel est le sens de ces ministères "techniques" qui se sont imposés en Grèce et en Italie ? Une mise à l’écart de la représentation du peuple et une dérive autoritaire. Mais le plus inquiétant, c’est qu’on en soit arrivé à un point où les media n’hésitent plus à tenir un discours fascisant, sûrs qu’il ne suscitera pas de réactions d’indignation ni de dégoût.

Rosa Llorens

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