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Le référendum peut-il nuire au peuple ?

Comme je l’ai dit dans mon précédent billet, l’Europe est en train de se doter d’un arsenal législatif qui ouvre grand les portes à une baisse des acquis démocratiques par la mise en place d’une dictature destinée à retrouver compétitivité et croissance, et donc à la généralisation de l’asservissement des peuples européens. Comme je l’ai dit aussi, ce passage ne peut se faire par la violence brutale, et doit donc passer par l’acceptation de ce changement de régime par le peuple. Cette acceptation résultera de la peur de la faillite et du chômage en même temps que du conditionnement par une propagande destinée à diviser et opposer les différents corps de métiers. Ces différents facteurs faciliteront la désignation de coupables, de boucs-émissaires susceptibles de stigmatiser certaines communautés, ou certaines catégories sociales, pour in fine faire accepter aux peuples des réformes qui vont contre son propre intérêt.

Mais les élections qui approchent et le passage «  à gauche » du Sénat freinant quelque peu l’application de certaines de ces mesures (malgré sa scandaleuse soumission au MES), le président-candidat doit donc pour faire avancer ses pions renoncer à les faire passer en force et cela encore pour au moins deux ans (le temps que d’autres sénatoriales aient lieu) : c’est tout ce que permettent encore les vestiges qui servaient de remparts à notre démocratie -et qu’il aimerait sans doute bien voir définitivement détruits. Jamais à cours d’idées, le président candidat à la traine dans les sondages mise donc maintenant sur l’arme ultime que représente pour le peuple le référendum.

Cette arme que je qualifie d’ultime est en théorie l’arme du peuple, car elle doit en principe permettre à celui-ci d’exprimer sa volonté directement, et de la faire respecter. Il pourrait paraître d’ailleurs étonnant que tous nos candidats, ceux-là mêmes qui (avec le soutien des élus de leurs partis respectifs) n’ont pourtant pas hésité à passer par dessus à de nombreuses reprises, que ce soit lors du traité de Lisbonne refusé par le peuple mais validé par le parlement, que ce soit pour refuser la votation sur la poste ou pour laisser inachevé le référendum dit d’initiative populaire pourtant inscrit dans la Constitution, que ce soit pour valider les plans d’aide aux banques ou voter le MES…, redécouvrent les vertus du référendum à l’approche des élections présidentielles ; mais c’est que la situation actuelle leur permet de promettre tout et n’importe quoi : comme on dit, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et puis le référendum quand on y pense, est-ce vraiment la voix du peuple ?

Comment croire une seule seconde que l’avis du peuple importe réellement à ceux-là mêmes qui le méprisent depuis si longtemps ? Ceux qui le proposent savent pertinemment soit qu’ils ne seront pas élus, soit qu’ils n’en tiendront pas compte : car celui qui sera élu sera aussi celui qui l’organisera, et qui validera et la question posée, et les résultats de celui-ci. En réalité le référendum, comme on l’a déjà constaté en France et comme le prouve celui organisé en Syrie, n’est pas un gage de démocratie. Tout dépend de qui l’organise, et de comment.

De plus, force est de constater qu’il est assez facile d’en détourner les résultats : le référendum ne vaut pas loi, car derrière il y a la rédaction, le passage devant le parlement, les amendements, le journal officiel et les décrets d’application, c’est-à -dire la possibilité de transformer et de retarder à loisir l’application de la volonté du peuple… quand on sait qu’en droit une virgule peut tout changer ! Sans compter que si seuls les votes exprimés servent à valider le référendum, un très petit nombre de votants peut très bien parler pour tout le monde.

Et puis il y a la question posée : dans la technique utilisée par monsieur Sarkozy, il tente à la fois de justifier les échecs de son mandat par le «  blocage » qu’il attribue aux fameux «  corps intermédiaires » tout en essayant de s’en débarrasser par l’intermédiaire du référendum. Il fait le pari de la peur, de celle de la faillite, de celle du chômage et de la misère, de la stigmatisation et de la division, pour obtenir à l’aide de questions orientées l’assentiment d’un peuple conditionné par cette peur d’une crise savamment entretenue par une politique injuste.

On imagine déjà les dégâts occasionnés par des référendums organisés après l’utilisation de faits divers instrumentalisés dans l’opinion publique, à des fins toutes autres que celles énoncées lors du scrutin… comment autrement croire un seul instant que, en France comme en Syrie, le peuple puisse se tirer volontairement une balle dans le pied ?

D’autant que les décisions, on nous le rabâche assez, sont prises à Bruxelles… Comment un référendum s’opposerait-il aux directives européennes, alors même que tout est mis en place pour instaurer un gouvernement «  supra national » ?

Alors que s’ils voulaient vraiment engager et leur responsabilité et la démocratie, pourquoi ne pas proposer tout simplement la mise en place d’une Assemblée Constituante ?

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr

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Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

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