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Gaza est au bord de l’abîme (Ahram)

Camp de réfugiés de Shati, à Gaza - L’objectif israélien est clairement de faire vivre les 1,6 million de Palestiniens du territoire sous blocus dans un état de dénuement, de fragilité et de dépendance extrême - Photo : www.alresalah.ps

Contrairement à son habitude, Magid Abu Samha n’a pas acheté sa ration hebdomadaire de fruits et légumes pour les huit membres de sa famille. Assistant à l’université de Birkat Al-Wizz, à l’ouest du camp de réfugiés Al-Maghazi au centre de la Bande de Gaza, il craint en effet que ces produits ne pourrissent d’ici la fin de la semaine, à cause des perpétuelles coupures d’électricité qui durent quelquefois 16 heures par jour, rendant inutiles les réfrigérateurs.

Les coupures d’électricité ne sont que l’une des innombrables épreuves que plus d’un million de Palestiniens sont condamnés à subir à Gaza.

Pour s’y adapter, les gens ont dû changer beaucoup d’aspects de leur vie quotidienne ; certaines familles modifient leur horaire de sommeil pour qu’il coïncide avec les coupures ; des lycéens et des étudiants restent éveillés à toute heure pour profiter des quelques heures de connexion au réseau.

Les coupures ont également touché lourdement les commerces, avec des magasins incapables de présenter leur marchandise, les produits surgelés disparaissant du marché dans de telles conditions.

Malgré tout, même si les Gazaouis ont su s’adapter aux coupures de différentes façons dans leur quotidien, ces coupures les ont néanmoins exposés à des risques et dangers plus sérieux.

Il y a dix jours, Gaza fut plongé dans le noir lorsque l’unique centrale électrique de la Bande a été arrêtée faute de carburant. Selon Ahmed Aboul-Omrein, directeur de l’information au Département de l’Energie à Gaza, les discussions avec l’Egypte sur la fourniture du diesel nécessaire pour faire fonctionner la centrale n’ont donné « que des promesses », et finalement, du black-out.

Si la fermeture devait se poursuivre, on aboutirait à une pénurie de 70% des besoins d’électricité à Gaza, puisque seuls 30% de l’électricité de Gaza sont fournis par l’Egypte et Israël.

Si la Centrale de Gaza n’est pas bientôt approvisionnée, les coupures continueront, parfois jusqu’à 18 heures par jour, l’électricité disponible étant distribuée dans la Bande pendant les six heures restantes.

Pire, les centrales électriques privées sont pratiquement à court du type de carburant nécessaire pour faire marcher les petits groupes électrogènes que les familles utilisent pendant les coupures.

En outre, cette crise frappe en plein coeur d’un hiver glacial, au moment où la demande d’électricité augmente.

Beaucoup de Gazaouis sont revenus à l’usage des brûleurs à kérosène, communément utilisés avant l’introduction de l’électricité au début des années 1980, et la demande en kérosène a donc augmenté, qui est en train de disparaître rapidement du marché.

Par conséquent l’usage du kérosène a été limité strictement à des nécessités essentielles comme la cuisson des repas familiaux.

Le Ministre de la Santé de Gaza a averti que la vie de patients hospitalisés est en danger à cause du manque d’électricité.

Le Directeur des relations publiques, Ashraf Al-Qudra, a dit que la vie de 80%des patients était en danger, y compris celle de 100 bébés en couveuses et de 404 patients dont le traitement nécessite des équipements constamment alimentés en électricité.

Selon Al-Qudra, 72 % des réserves de carburant hospitalier sont épuisées et on est au bord de la paralysie totale. Il a appelé toutes les factions palestiniennes a agir promptement pour sauver les vies des patients en grand danger, faisant également appel à l’Egypte pour qu’elle fournisse du carburant.

Les hôpitaux ne sont pas seuls à se faire du souci : en effet, les dirigeants municipaux de Gaza disent que plus de 200 puits, 40 pompes pour les eaux usées, quatre usines de traitement des eaux usées et 10 grandes stations d’épuration ainsi que des dizaines plus petites sont sur le point de s’arrêter si la crise se poursuit, de même que des centaines de broyeurs d’ordures.

Ils affirment que Gaza est au bord de la « crise humanitaire », soulignant que les principaux services sanitaires et environnementaux, les installations publiques, les installations de traitement des eaux et les hôpitaux sont près de s’effondrer en raison de la crise de l’électricité et du diesel.

Le Ministère de l’Agriculture gazaoui met en garde contre une crise alimentaire « imminente » à cause des coupures d’électricité et de la pénurie de carburant, déclarant que l’approvisionnement alimentaire risquait d’être interrompu cette semaine.

Les fontaines, les machines agricoles, les usines de traitement et d’emballage, les fermes avicoles sont particulièrement exposées au risque, dit le Ministère.

Et pendant ce temps des centaines de bateaux sont bloqués dans le port par manque de carburant.

L’arrêt de la production dans le secteur agricole est « un autre épisode » dans la série de catastrophes infligées Gaza à cause du blocus israélien et du manque d’intervention de la part des états arabes et européens et des organisations d’aide aux droits humains » précise la déclaration ministérielle.

Le réseau des transports publics de Gaza fait face lui aussi à une crise imminente. En raison du manque de carburant égyptien, les véhicules privés devront bientôt cesser de rouler, ce qui accroîtra la pression sur les transports publics.

Malgré la crise, les gouvernements locaux de Gaza et de Ramallah déduisent toujours 170 shekels (33,5 €) sur le salaire de chaque fonctionnaire pour aider à payer la facture de la consommation d’électricité domestique.

Vu les circonstances actuelles, beaucoup de fonctionnaires ne comprennent pas pourquoi ils doivent continuer à subir ces déductions.

Ahmed Hamad, 65 ans, explique à Al-Ahram Weekly que deux de ses fils travaillent pour le gouvernement à Ramallah, un troisième dans une agence gouvernementale à Gaza. Ensemble on leur déduit 107 € de leurs salaires mensuels, alors qu’ils demeurent dans la même maison et subissent la crise de l’électricité.

Une autre cause de cette crise à Gaza est politique et liée au différend entre Palestiniens. Tandis que la Ligue Arabe a dit que Gaza pouvait être connecté au réseau régional qui couvre sept pays, dont l’Egypte, ceci n’est possible que si les factions palestiniennes parviennent d’abord à une réconciliation.

Selon la Ligue, Gaza ne peut être connecté au réseau régional en l’absence de demande de la part de Mahmoud Abbas en qualité de président palestinien.

Mais il semble bien qu’Abbas ait traité la question de l’électricité à Gaza comme l’un des sujets à résoudre dans le cadre d’un accord global entre les factions, et elle a figuré plusieurs fois à l’agenda des discussions entre Abbas et Khaled Mechaal, chef du Bureau politique du Hamas.

Certaines pressions que subissent les Palestiniens de Gaza ont été causées par le blocus israélien ; mais d’autres ont été provoquées par les Palestiniens eux-mêmes qui n’ont pas réussi à établir un système de gouvernement donnant la priorité au bien être du peuple avant tout.

Tant qu’un tel système fait défaut, la tragédie journalière des Palestiniens risque de continuer.

Saleh Al-Naami

Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert - http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11862

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