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Les dessous, peu ragoûtants, de la campagne électorale.

Cette campagne électorale pue. Ce n’est pas nouveau, mais aujourd’hui cela atteint des sommets et de nombreuses narines… La tentation du Pouvoir et de ses privilèges se combine, dans une alchimie nauséabonde, aux perspectives qu’offre la crise aux démagogues de tous poils.

Cette lutte de places qui ne respecte même plus la plus élémentaire solidarité d’engagement partisan, donne une vision réaliste de la décadence de ce que l’on a coutume d’appeler le processus démocratique et qui n’a de démocratique que le nom.

L’ELECTION,… LE CONTRAIRE DE LA DEMOCRATIE

Longtemps sujet tabou, la remise en question de l’élection comme principe de la pratique démocratique est entrain de faire son chemin dans une opinion publique qui est en passe de ne « plus croire en rien ». Bien sûr des millions de citoyens iront encore aux urnes, mais plus par habitude, par réflexe social conditionné et par manque d’ « autre chose », que par conviction… Car de l’élection on n’attend plus rien,… sinon la reproduction d’oligarchies qui se relaient au pouvoir.

Comment le démontrer ? C’est très simple,… on sait, en gros, qui sera élu… Pas le nom précis bien sûr, mais ce n’est pas le plus important, encore que la marge d’erreur est réduite, mais on sait absolument que le résultat n’apportera aucun changement,… qu’un des deux clans qui truste le pouvoir « gagnera » et surtout que tout changement est, dans ce cadre, tout simplement impossible.

Bien sûr me dira-t-on, les électeurs ne veulent pas le changement ! Ce qui est faux !… Tout le monde, sauf quelques profiteurs, voudrait un changement. Qui peut se satisfaire aujourd’hui de la situation catastrophique (école, santé, retraites, services publics, environnement, pouvoir d’achat,…) dans laquelle nous sommes et surtout vers laquelle nous allons ? Qui peut se satisfaire d’une situation où la génération montante vivra moins bien que la précédente ? Qui peut se satisfaire de la liquidation massive des services publics, des acquis sociaux ? Qui peut se satisfaire d’une situation qui nous met entre les mains des marchés financiers ?...

Mais personne ne sait comment ? pour quoi ? et avec qui ? Or, tout est fait pour que l’on ne réponde jamais à ces questions, et l’on peut dire même que tout est fait pour que ces questions ne se posent jamais.

Le système électoral, en apparence juste, n’est qu’une machine à verrouiller la situation actuelle et donc à la reproduire.

Le soit disant « choix » du citoyen est guidé, prédigéré, distillé durant des mois par les partis et les médias. Les « faiseurs d’opinions », politologues et experts de tous poils nous assènent leurs vérités, nous « guident », nous conseillent, nous mettent en garde,… Bref, d’une certaine manière votent par nous interposés.

Pourtant à regarder superficiellement « nous sommes en démocratie »… On nous le dit sur tous les tons… ce qui peut rendre d’ailleurs, devant autant d’insistance, l’affirmation tout à fait suspecte.

A cette réalité du verrouillage institutionnel s’ajoute une atmosphère délétère de règlements de comptes.

DES RELENTS DE DECOMPOSITION

A l’approche de l’élection, le leader choisi - ou présumé - se donne une allure respectable,… les seconds couteaux font le « sale boulot » : agression verbale de l’autre clan, désinformation, enfumage, et même règlements de compte et déstabilisation dans son propre camps.

Inutile de citer des noms, chacun/e voit de qui il est question. Démagogie, mensonge, vulgarité, incompétence, népotisme,… un florilèges d’attitudes de la part de celles et ceux qui se nomment l’ « élite » (sic) et qui se permettent, du haut de leurs privilèges de donner des leçons au « bon peuple ».

Tous les coups sont permis. L’important n’est pas le débat d’idées,… encore faudrait-il qu’il y en ai des idées, mais la démolition de l’ « adversaire »… Une lutte de clans pour le spectacle électoral. « Cadavres dans les placards », dossiers secrets, petites phrases volées au détour d’un entretien ou lors d’une émission de télévision… faire « feu de tout bois » pour rabaisser, salir, déconsidérer… jeter la suspicion sur l’autre !

Les vrais problèmes, ceux qui concernent les gens dans leur vie quotidienne, ne sont évoqués qu’accessoirement/accidentellement au travers de ces pratiques sordides, des opportunités offertes à l’occasion de coups bas.

Les médias, qui se nourrissent de cette fange, en rajoutent,… font caisse de résonance et font de l’élection un match que le vocabulaire sportif transforme en championnat.

LE ROLE, PAS SI TROUBLE, DE L’EXTREME-DROITE

Les hurlements, trépignements et gloussements de vierges effarouchées de l’extrême droite ne doivent pas faire illusion. Elle n’est pas aussi méprisée par le « système » qu’elle veut bien le dire… Elle est en dernière instance sa « bouée de sauvetage »…. Elle l’a prouvé pendant tout le 20e siècle et continue à jouer ce rôle dans la crise actuelle : voir la Hongrie, l’Italie, la Grèce,… et de multiples exemples dans de nombreux pays. Elle n’a jamais remis en question les fondements du système,… au contraire elle a contribué partout à les pérenniser en portant gravement atteinte aux acquis sociaux et démocratiques et aux libertés publiques. Jamais elle n’a été et n’est aux côtés de ce qui luttent pour un monde meilleur. Ce n’est pas un hasard si elle fédère l’intégrisme religieux catholique, les anciens collabos, ceux de l’OAS, les néo-nazis,… Son credo est la haine et l’exclusion.
Après avoir été ultra libérale, la voici, ultra interventionniste,… son orientation, parfaitement opportuniste suit la tendance, les croyances, les fantasmes du temps. Elle se lave les mains dans la boue de la décomposition du « système » qu’elle semble honnir mais qu’elle n’a de cesse d’envier d’y appartenir.

Elle n’est qu’une variante des partis qui ont pour objectif de gérer le système marchand et sait toujours au moment où il le faut composer avec eux, voire leur prendre carrément la place si l’occasion se présente. Elle est le « bas fond » du système qu’elle prétend dénoncer.

En période de crise, l’extrême droite fait le « lièvre », dans un pseudo fuite en avant, elle sombre dans la démagogie et l’abjection. C’est sur le fumier de la crise, de la pauvreté, des inégalités, des fantasmes, qu’elle prospère et qu’elle a d’ailleurs toujours prospéré. Elle tient un discours radical - que l’extrême gauche ne sait plus tenir - en le mâtinant de fantasmes engendrés par la décomposition sociale : recours au bouc émissaire. Elle rabat les franges populaires les plus « apolitiques », les plus déstabilisées, les plus fragiles, les plus influençables pour finalement sauver le système. Elle a toujours agit ainsi.

Son discours n’est pas nouveau, il est simplement un peu plus nauséabond que celui des partis qui se succèdent au pouvoir et qui entendent y rester.

Ainsi va la « vie politique » dans ce que l’on appelle abusivement une démocratie moderne. Le choix qui est laissé au citoyen est entre l’insupportable et le pire.

L’infantilisation au travers des discours politiques et des médias assure une stabilité qui garantie que rien ne changera.

Les élections passent, les problèmes demeurent, voire s’aggravent.

Mars 2012

Patrick MIGNARD

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John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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