Abuzed Omar Dorda, ancien représentant de la Libye aux Nations Unies, a soutenu Kadhafi jusqu’au bout. Il a été arrêté en septembre 2011 et depuis, il est détenu et torturé. En octobre, on a avisé des membres de sa famille qu’il avait été transporté dans un hôpital de Tripoli, mais il leur était interdit de le contacter. Selon eux, des gardiens l’ont jeté en bas du deuxième étage de la prison où il était détenu et il a été violemment battu.
Son fils a lancé un cri d’alarme récemment :
« ll semble que mon père ait été capturé par une milice la nuit dernière à l’hôpital. Il est toujours dans une situation critique et ne devrait pas quitter l’hôpital pour préserver sa santé. Certaines personnes responsables de sa torture et qui le surveillaient à l’hôpital font parti des kidnappeurs.
Vu la condition physique de mon père, je ne pense pas qu’il survivra longtemps entre les mains des terroristes. Plus les gens seront au courant de ce qui arrive à mon père, plus les terroristes seront effrayés des conséquences possibles. »
La Libye est toujours en guerre. Maintenant qu’un gouvernement fantoche a été installé, la Libye n’est plus un sujet chaud et ne fait plus les manchettes dans les médias occidentaux. Pourtant la guerre se poursuit. Au yeux des médias dominants, les violences sont pratiquement toujours imputables aux « partisans du régime déchu », malgré les reportages indépendants faisant état des crimes commis par ceux que la presse mainstream a présenté jusqu’à ce jour comme des « militants pro-démocratie », en nous les montrant paradoxalement armés jusqu’aux dents.
Les médias dominants ne dénoncent pas le traitement inhumain infligé à cet ancien représentant libyen aux Nations Unies. Les dirigeants des pays de l’OTAN ne se prononcent peu ou pas sur la torture infligée à de nombreux libyens dits pro-Kadhafi comme Abuzed Omar Dorda. Est-ce en raison de leurs préférences politiques ? Faut-il être en faveur de l’OTAN et des nouveaux maîtres libyens pour mériter un traitement humain et éviter la torture ? Peut-on appeler ces tortionnaires des démocrates ?
Ces nouveaux dirigeants libyens soumettent des hommes à la torture, mais sont tout de même appuyés par les dirigeants occidentaux. Pourtant, n’était-ce pas un des reproches faits à Kadhafi, que la presse aimait surnommer le « dictateur sanguinaire » ? L’OTAN n’avait-elle pas pour mission de « protéger les civils de la répression sanglante » des forces libyennes ?
Où sont les médias maintenant ? Les crimes commis à l’endroit des Libyens par les nouveaux dirigeants ne sont-ils pas dignes des manchettes comme ceux que l’on imputait à Kadhafi ?
Tous se souviendront du battage médiatique autour d’Iman al-Obeidi, cette libyenne inconnue jusque-là , ayant fait irruption dans l’hôtel Rixos et accusé les soldats libyens de l’avoir violée. Or, qui a entendu parler du traitement inhumain infligé à Abuzed Omar Dorda, ancien représentant à l’ONU ? La logique journalistique voudrait qu’il ait davantage de couverture médiatique qu’une libyenne inconnue.
Le silence médiatique à son sujet démontre que les médias, à l’instar des criminels, choisissent leurs victimes.
Julie Lévesque est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.
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