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Coronavirus et chloroquine : « Guérir les malades n’est pas un modèle d’affaires durable » selon Goldman Sachs

Une polémique fait rage actuellement au sujet des traitements à la chloroquine et à l’hydroxychloroquine pour traiter le nouveau coronavirus.

Didier Raoult, le plus grand expert mondial des maladies infectieuses transmissibles, a traité 4000 patients à l’hydroxychloroquine durant les 30 dernières années. Il estime que ce traitement est sécuritaire, peu coûteux, « curatif et potentiellement préventif contre le coronavirus ».

Le directeur de l’IHU Méditérranée-Infection explique que ce nouveau coronavirus était « le 4e coronavirus testé pour la chloroquine ». Deux d’entre eux sont des coronavirus humains « qui circulent beaucoup en France et sont très communs ». Le troisième est le SRAS.

Tous ces coronavirus peuvent être traités à la chloroquine.

Il explique dans la vidéo ci-dessous qu’il est logique d’utiliser ce traitement puisque « la concentration dont on a besoin pour empêcher la culture du virus au laboratoire est une concentration que l’on peut atteindre avec les doses que nous utilisons pour le traitement des malades ».

Chloroquine : pourquoi les Chinois se tromperaient-ils ?

Il ajoute que les Chinois ont décidé d’essayer la chloroquine dès que son efficacité a été démontrée dans une étude publiée en février car « ce sont des médicaments dont on connaît la sécurité [et] le dosage parce qu’ils sont extrêmement utilisés ».

Mais peut-on faire confiance aux Chinois ? À cette question, Didier Raoult répond ceci :

« C’est insultant comme question [...] Si c’était une maladie purement américaine, qu’il n’y ait que les Américains qui aient soigné cette maladie et que le Centers for Disease Control ou le président des États-Unis vous dise écoutez maintenant il faut traiter ces malades avec ça, personne ne discuterait ça. »

Que des gens qui n’ont jamais traité une infection à coronavirus aient une opinion sur les gens qui ont 20 essais en cours et pour lesquels les éléments ont été suffisants pour que le gouvernement et tous les experts chinois – les experts chinois sont des experts qui connaissent le coronavirus, pas que sur le papier, c’est leur métier – prennent une position officielle en disant maintenant il faut traiter avec de la chloroquine les infections à coronavirus, c’est déraisonnable de dire “écouter, les Chinois on s’en fiche !”

Pour l’instant comme il n’y a pas d’autre alternative qui soit crédible, entre donner un médicament qui a été testé par les gens qui ont le plus de connaissances au monde sur une maladie et essayer une nouvelle molécule [...], il faut revenir à une réflexion basique qui n’est pas une réunion d’opinion. [F]actuellement, qu’est-ce que vous avez qui vous permet de dire que le gouvernement chinois et tous les scientifiques chinois [...] se trompent ? »

Pour répondre à cette question demeurée sans réponse, osons suggérer l’Argent avec un grand A. Serait-il à l’origine de la méfiance envers les Chinois et la chloroquine ?

Money talks.

Et quand l’argent parle, Goldman Sachs écoute.

Donc qui de mieux pour nous informer à ce sujet que cette pieuvre de la finance « ayant orchestré toutes les grandes manipulations financières depuis la Grande Dépression » selon le journaliste Matt Taibbi du Rolling Stone.

Cette icône tristement célèbre de la finance ne se cache même pas pour le dire : guérir les malades n’est pas un modèle d’affaires durable.

C’est ce que rapportait CNBC en avril 2018 :

« “Guérir les patients est-il un modèle d’affaires durable ?” demandent les analystes [de Goldman Sachs] dans un rapport du 10 avril intitulé La révolution du génome. “La possibilité de fournir des ‘remèdes ponctuels’ est l’un des aspects les plus attrayants de la thérapie génique, de la thérapie cellulaire et de la modification génétique. Cependant, par rapport aux traitements chroniques, ces traitements ponctuels offrent une perspective très différente en ce qui a trait aux revenus récurrents”, a écrit l’analyste Salveen Richter dans la note aux clients mardi. “Bien que cette proposition ait une valeur énorme pour les patients et la société, elle pourrait représenter un défi pour les développeurs de médicaments génomiques à la recherche d’un flux de trésorerie durable.” »

En d’autres termes, on ne fait pas fortune à guérir des malades.

CNBC ajoute :

« L’analyste a fait référence au traitement de Gilead Sciences contre l’hépatite C, lequel a atteint un taux de guérison au-delà de 90 %. Les ventes de ces traitements contre l’hépatite C aux États-Unis ont atteint un sommet de 12,5 milliards de dollars en 2015, mais elles sont en baisse depuis. Goldman estime que les ventes aux États-Unis pour ces traitements seront inférieures à 4 milliards de dollars cette année, selon un tableau dans le rapport. »

Bref, la guérison est l’ennemie du cash-flow des pharmaceutiques.

Le hasard faisant bien les choses, la crise sanitaire provoquée par le nouveau coronavirus, permet à la biotech étasunienne Gilead Sciences de « donner une seconde chance à un médicament », le Remdesivir, lequel « présentait constamment des signes de potentiel dans les cellules et les animaux infectés par d’autres coronavirus comme le SRAS et le MERS », selon STAT, un média spécialisé dans le « commerce de la fabrication de médicaments ». « Ces microbes ne provoquaient toutefois pas de crises mondiales durables », précise-t-on. (C’est l’auteure qui souligne.)

Le Remdesivir fait maintenant l’objet de cinq essais cliniques aux États-Unis.* Précisons que cette molécule n’a pas démontré de fort potentiel pour contrer des coronavirus comme la COVID-19. L’on parle de « signes de potentiel ». Peu encourageant.

En revanche, les résultats des traitements ponctuels à l’hydroxychloroquine et à l’azithromycine offerts aux patients contre la COVID-19 sont « spectaculaires » selon Didier Raoult et son équipe, donc loin devant « les signes de potentiel » connus du Remdesivir contre d’autres coronavirus comme le SRAS.

La chloroquine, rappelons-le, est efficace contre le SRAS.

Et elle « ne coûte absolument rien », affirme Didier Raoult.

Pourtant – ou évidemment, c’est selon – les investisseurs s’emballent pour le Remdesivir.

Selon le magazine Forbes, « les actions de Gilead ont connu une hausse de 10 % depuis le début de février, après que l’OMS a déclaré l’urgence sanitaire mondiale » et la compagnie « est susceptible de profiter de cette crise puisque l’on considère qu’elle a trouvé un traitement contre la COVID-19 ».

En somme, beaucoup d’espoir et d’argent sont mis dans un traitement ayant démontré des « signes de potentiels » contre d’autres coronavirus et dont il faut attendre les résultats d’essais cliniques, alors qu’un traitement efficace existe déjà.

Devant l’urgence, ne faudrait-il pas d’abord miser sur un traitement qui a fait ses preuves avant de le faire pour un traitement toujours à l’essai ? La Presse annonçait il y a 3 jours que « des patients seront privés de chloroquine » en raison d’une pénurie.

Il est intéressant de noter que l’on présente la chloroquine et l’hydroxychloroquine comme faisant « l’objet de spéculations comme possibles médicaments efficaces contre l’infection au coronavirus ».

Lorsque le plus grand expert mondial dans ce domaine affirme que ces médicaments sont efficaces, on est loin de la spéculation. Sans compter qu’il a vraisemblablement connu du succès dans le pays le plus populeux au monde.

Pendant que l’on attend un nouveau remède, de plus en plus de gens tombent malades.

Plus il y a de malades, plus il y a de l’argent à faire.

Et les vaccins dans tout ça ?

Vous l’aurez deviné, comme de nombreuses autres sociétés, Gilead tente également de développer un vaccin contre la COVID-19. Il est clair que la vaccination à l’échelle mondiale contre ce coronavirus serait très lucrative. Il s’agit d’un traitement potentiellement chronique pouvant générer des « revenus récurrents ».

Toujours selon Forbes :

« Si [Gilead] réussit ses essais sur le Remdesivir pour le traitement et un éventuel vaccin contre la COVID-19, cela sera probablement un facteur positif majeur pour les actions de la société.

Pour mettre les choses en perspective, le marché de la vaccination contre la grippe représente à lui seul environ 4 milliards de dollars, et compte tenu de l’importance de la COVID-19, les ventes de vaccins pourraient être beaucoup plus importantes. Certains analystes ont estimé à plus de 6 milliards de dollars les ventes de Remdesivir la première année, s’il arrive à traiter la COVID-19 avec succès. Ce chiffre se comparerait aux 22 milliards de dollars que Gilead a générés en 2019. »

Ces chiffres ont de quoi donner confiance à Goldman Sachs et susciter une méfiance orchestrée envers les Chinois et leur médecine traditionnelle non durable « qui ne coûte absolument rien ».

Note

*Curieusement, STAT annonçait le 19 mars dernier que Gilead « recrute actuellement 1000 patients en Chine ayant reçu un diagnostic de coronavirus afin de déterminer si de multiples doses de Remdesivir peuvent inverser l’infection. Les principaux objectifs sont de réduire la fièvre et d’aider les patients à sortir de l’hôpital en deux semaines ». Difficile de comprendre pourquoi ils ne testent pas leur médicament aux États-Unis, où l’épidémie se propage à une vitesse folle et où le nombre de malades a largement dépassé celui de la Chine, si l’on se fie aux données officielles.

Soulignons que le médicament a échoué dans une étude sur l’Ebola et est administré par intraveineuse.

»» https://tribunaldelinfaux.com/2020/...
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