RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
23 

Poutine : L’érosion du temps (Hurriyet)

La désintégration de la persistance de la mémoire - Salvador Dali

« Tout au long de la journée, c’était comme si nous recevions des rapports d’une zone de guerre », a déclaré le vice-président du Parti Communiste Ivan Melnikov le 4 décembre parlant des milliers d’appels qu’il avait reçus des bureaux régionaux au sujet du bourrage des urnes et d’autres violations dans les élections législatives russes. Mais en dépit de la manipulation, le parti Russie Unie du Premier ministre Vladimir Poutine, a obtenu moins de la moitié des votes cette fois-ci, en baisse en comparaison de près des deux tiers recueillis en 2007.

Le parti de Poutine formera toujours le prochain gouvernement, car il peut facilement former une coalition avec de petits partis favorables au régime à la Douma, la chambre basse du parlement russe, mais il a perdu la majorité des deux tiers qui lui permettait de modifier la Constitution à sa guise. Et Poutine reviendra toujours à la présidence lors des élections présidentielles en mars, mais l’érosion de son soutien populaire est soudainement visible aux yeux de tous.

Le premier signe clair que les Russes en ont assez de Poutine est apparu il y a deux semaines, quand il fit une apparition sans tambour ni trompette à un combat d’arts martiaux au stade olympique à Moscou. Ce n’était pas surprenant, car il fait un spectacle grand public de ses propres prouesses dans les arts martiaux. Mais quand il monta sur le ring pour féliciter le gagnant, le public a commencé à le huer et à le siffler. Ils n’ont pas arrêté jusqu’à ce qu’il quitte le ring.

Cela a été diffusé en direct à la télévision d’Etat russe, et par la suite est devenu viral sur YouTube et dans les médias sociaux russes. Il n’y a pas de rival crédible à Poutine sur la scène politique, mais il n’est pas non plus certain, qu’il assurera la totalité des six années de son nouveau mandat présidentiel. Il épuise son bon accueil.

Pendant les deux mandats de Poutine en tant que président entre 2000 et 2008, il a stabilisé l’économie ravagée : les salaires moyens ont quintuplé et le PIB a augmenté de près de 8 pour cent par année. Les prix élevés du pétrole y ont contribué, mais cela a été néanmoins une performance impressionnante, et quand il a quitté la présidence il y a trois ans il pouvait encore ne pas mal faire aux yeux de la plupart des Russes.

Il a cessé son mandat parce que la constitution russe interdit un troisième mandat consécutif comme président. Ce fut un beau geste, mais il n’a pas réellement quitté le pouvoir. Son proche allié, Dmitri Medvedev, a été élu à la présidence, puis M. Medvedev a nommé Poutine comme Premier ministre. En pratique, Poutine en est venu à prendre les grandes décisions lui-même - y compris la décision de revenir en tant que président l’année prochaine.

Mais les quatre dernières années n’ont pas été aussi bonnes pour Poutine que les huit premières. L’économie a stagné, et l’ampleur de la corruption est devenue trop importante pour être ignorée. (Il n’est pas personnellement corrompu, mais tout le monde pense qu’il tolère une corruption massive parmi ses alliés, afin de maintenir leur loyauté.) Alors, quand il a annoncé en septembre qu’il serait à nouveau candidat à la présidence en mars, quelque chose semble avoir craqué.

Dans le cours des derniers mois, les Russes ont soudainement pris conscience de la réalité qu’ils pourraient encore faire face à 12 ans de sa présidence toute-puissante (il n’a que 59 ans actuellement), et beaucoup d’entre eux ont réalisé qu’ils n’aimeraient pas vraiment cette perspective. D’où la chute brutale de Russie Unie lors du scrutin du 4 décembre - et, probablement, de Poutine à l’élection présidentielle en mars prochain.

Il va encore gagner bien sûr, mais ce pourrait être une période de six longues et misérables années pour lui, à moins que le prix du pétrole ne monte au plafond et que la Russie ne connaisse un autre boum économique. Une fois la floraison des roses passée, elle ne revient presque jamais. Alors où ira la Russie d’ici-là  ?

La Russie n’a pas besoin d’une autre révolution. Malgré les abus chroniques du pouvoir, la perversion de la justice, et l’intimidation des médias, la Russie pourrait redevenir une vraie démocratie sans heurts si jamais Poutine décidait qu’il en soit ainsi.

Pourrait-il amener la Russie vers une telle transition ? Cela n’est pas à exclure, Poutine étant pleinement conscient de sa place dans l’histoire et ne voulant pas finir par être rejeté par les urnes ou, pire encore, par être forcé à céder le pouvoir par une révolte populaire. Mieux vaut laisser le pays en bon état et se retirer avec élégance, dans quatre ou cinq ans. Il est égoïste et arrogant, comme la plupart des gens puissants, mais ce n’est pas uniquement un voyou.

Gwynne Dyer - Hurriyet

Le 7 décembre 2011.

Source : Putin : The erosion of time

Traduction par un lecteur assidu du Grand Soir

URL de cet article 15345
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Éric Dupont-Moretti : "Condamné à plaider"
Bernard GENSANE
Il a un physique de videur de boîte de nuit. Un visage triste. De mains trop fines pour un corps de déménageur. Il est toujours mal rasé. Il sera bientôt chauve. Parce que ce ch’ti d’origine italienne est profondément humain, il est une des figures les plus attachantes du barreau français. Il ne cache pas sa tendance à la déprime. Il rame, il souffre. Comme les comédiens de boulevard en tournée, des villes de France il ne connaît que les hôtels et ses lieux de travail. Il a décidé de devenir avocat le (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Le combattant qui l’emporte est celui qui gagne la campagne de l’information. Nous en avons fait la démonstration au monde : l’information est la clef de la guerre moderne - stratégiquement, opérationnellement, tactiquement et techniquement. »

Glen Otis (Général US)

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.