RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Haïti : Le Present du Passe

« Tout ce qu’il faut pour que le mal persiste, c’est que les braves gens ne fassent rien ». Edmund Burk.

Les Duvalier (Baby Doc), Supplice, Gillot, Achille, Avril, Philippe, Chamblain et consorts, bien protégés, récompensés ou... abandonnés par leurs tuteurs, attendaient des jours propices. Ces criminels patentés, repliés dans leurs bases tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, leurs mains couvertes du sang de leurs victimes aux mains nues, nous reviennent, sans peur et sans crainte. Par la grande porte. Officiellement.

Finie la « bamboche démocratique ». Intermède éphémère donc pour cette Haïti martyre, un pays qui poursuit son chemin dans la tragédie comme un train sans frein dans une pente à 45 degrés !

« Le 15 octobre 1994, -[il y a 17 ans]-, le peuple haïtien en liesse s’est réjoui du retour d’un exil de trois (3) ans du président Jean Bertrand Aristide élu démocratiquement par une écrasante majorité de la population. [Ce] retour [...] qu’on a fait coïncider avec le repli commandé des criminels serait un fragile répit, un intermède éphémère pour le peuple haïtien si l’on s’évertuait à lui faire couvrir du simple voile de l’oubli ces trois (3) années pendant lesquelles il a vu, entre autres choses, l’aube lui apporter chaque matin sa fournée quotidienne de cadavres. [...]. Si ce retour ne devrait avoir pour effet que de conduire le peuple aux urnes sans même avoir instauré les conditions minimales de justice, ce serait s’illusionner de façon tragique non sur l’avenir de la démocratie en Haïti mais bien plus sur l’avenir d’Haïti elle-même ». [1]

Signal d’alarme que nous avons laissé virer au rouge !

La messe est-elle dite pour autant ? Aux braves gens d’y répondre aujourd’hui. Concrètement. Que finissent les palé anpil, les voyé-monté « qui n’engagent à rien ». Les grandizè-tifezè ont assez pavoisé... nan savann nan.

La génération des 50-75 ans, la nôtre, doit s’astreindre à un double devoir : devoir de mémoire certes, mais aussi et surtout devoir d’histoire envers la jeunesse. Combien d’entre nous ont pris conscience que les plus âgés de nos universitaires (jeunes) avaient au plus cinq (5) ans, quand Jean-Claude Duvalier prit la poudre d’escampette le 7 février 1986 ?

Et puisque que nous y sommes, quelques dates de ce mois de novembre à leur intention. Outre l’assassinat de Charlemagne Péralte sous l’occupation américaine (1er nov. 1919), et le bombardement de la ville du Cap-Haïtien par les Britanniques (9 nov. 1865), retenons sous les Duvalier et les FAD’H le :

- 22 novembre 1960 : établissement de la loi martiale sur le pays entier

- 24 novembre 1960 : expulsion de Mgr François Poirier, archevêque de Port-au-Prince

- 12 novembre 1964 : exécution des survivants de Jeune Haïti, Louis Drouin et Marcel Numa

- 9 novembre 1979 : vendredi noir chez les Salésiens de Port-au-Prince

- 28 novembre 1980 : vague de répression : arrestations/expulsions de journalistes, d’hommes politiques...

- 28 novembre 1985 : assassinat aux Gonaïves de trois (3) jeunes écoliers : Jean Robert Cius, Mackenson Michel et Daniel Israël

- 22 novembre 1987 : incendie du Marché Salomon précédé de celui du magasin d’Emmanuel Ambroise du CEP (le 3) et de Le Natal, imprimerie chargée de l’impression des bulletins de vote (le 4)

- 29 novembre 1987 : massacre à la Ruelle Vaillant et annulation des élections générales.

Dans ce pays écartelé, culturellement détérioré, socialement désintégré, la culture civique et démocratique n’a eu que très peu de temps pour s’imposer.

Nous entendions, la semaine passée, des parlementaires autour du dossier Sweet Micky/Arnel Bélizaire pérorer sur la crise qui perdure en Egypte. Ils faisaient montre de leur ample connaissance de la politique internationale... Ces badernes et leurs médias auraient pu s’attarder quelque peu sur ce qui se passe plus près de chez nous en Amérique latine, notamment au Nicaragua où il y a eu des élections le 6 novembre. Voici un extrait de ce qu’en dit Maurice Lemoine de Le Monde Diplomatique :

« M. Ortega, l’un des principaux dirigeants de la guérilla christiano-marxiste qui, en 1979, a renversé la dictature d’Anastasio Somoza, a été élu une première fois en 1984. Devenu à son corps défendant l’un des enjeux de la guerre froide, le Nicaragua fut alors soumis à une féroce agression américaine par contre-révolutionnaires interposés " la contra [2]. Le viol du droit international fut tel que, en 1986, la Cour internationale de justice de La Haye condamna Washington à payer 17 milliards de dollars d’indemnisation à Managua pour avoir soutenu les mouvements « terroristes » agissant en territoire nicaraguayen depuis le Honduras " décision que les gouvernements américains successifs ont ignorée et continuent à ignorer avec mépris. C’est donc épuisés et ayant laissé 30 000 morts dans ce combat inégal que les Nicaraguayens, dans une nation ruinée, « mirent les pouces » en 1990, permettant à la droite de revenir au pouvoir en la personne de Mme Violeta Chamorro. S’ensuivirent seize années de politiques néolibérales qui, ravageant à leur tour le pays, ramenèrent M. Ortega à la présidence le 5 novembre 2006 ». [3]

Revenons avec nos très peu ""Honorables’’ à l’ignominie du 22 novembre : après les martiales déclarations de Martelly et Mayard à leur endroit, c’est la main tendue. Appels téléphoniques, rencontres, promesses d’argent, visas, discours d’apaisement... Discours repris par les Kélly Bastien, Latortue et autres spécimens du genre. L’adage « La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit », peut-il trouver plus belle illustration ?

Vivre sans conviction est un autre des malheurs caractéristiques de la société dans laquelle nous surnageons. La vie politique de ces derniers mois nous plonge dans une désolation d’autant plus indolore qu’elle est sans éclat. Nos ""Honorables’’ donnent à penser que toute considération pour le bien public est inféodé à l’intérêt partisan et personnel. Le « patri-pochisme », la nouvelle idéologie !

Nous vivons à l’ère des rusés, des petits malins, des gros mystificateurs, des cyniques, des chen. En ces temps difficiles donc, « il convient d’accorder notre mépris avec parcimonie tant nombreux sont les nécessiteux ».

Yvon Pierre

Notes :

[1] Justice oui. Impunité non. Texte militant paru en novembre 94.

[2] Une cargaison d’armes illégale, destinée aux Contras et transitant par Haïti, fut confisquée par le défunt colonel Jean Claude Paul.

[3] Le Nicaragua persiste et signe, LMD 10 novembre 2011.

Source : Haiti-Progres 30 novembre - 6 decembre 2011

URL de cet article 15275
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

LA CRISE, QUELLES CRISES ?
Eric TOUSSAINT, Damien MILLET
Les médias et les économistes de la tendance dominante donnent généralement à propos d’un phénomène aussi profond qu’une crise des explications partielles, partiales et biaisées. Cette vision teintée de myopie caractérise tout ce qui touche aux questions économiques. Damien Millet et Eric Toussaint en spécialistes de l’endettement lèvent le voile sur les racines profondes et durables du déséquilibre économique qui caractérise toute la vie sociale. En 2007-2008 a éclaté la crise financière internationale (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’une des choses les plus étonnantes dans le coup monté contre Assange, c’est son audace. Ils savent qu’ils peuvent s’en tirer parce que les grands médias refusent d’en parler.

Matt Kennard

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.