LE RÉGIME DOMINANT EN OCCIDENT
Le régime dominant, dans les pays de l’Occident et dans de nombreux autres pays dépendants de ces derniers, repose sur quatre piliers qui en constituent les bases sans lesquelles il ne saurait se maintenir : le capitalisme néolibéral, la démocratie représentative, la puissance militaire, le contrôle des médias.
Le capitalisme néolibéral place le capital et les intérêts privés qui s’y rattachent en tête de liste des objectifs au service desquels toutes les institutions sociales et politiques doivent se subordonner. Ils auront priorité sur les impératifs du bien commun d’une société tout comme sur les droits des personnes et des peuples. En temps de crise on sacrifiera ces derniers pour sauver cette première colonne du régime en place. Les banques, les institutions financières, l’économie de marché sous le contrôle d’oligarchies seront les premiers servis.
La démocratie représentative est conçue de manière à assurer aux élites du capital de garder plein contrôle sur les divers pouvoirs de l’État, tout en laissant l’impression que ces pouvoirs sont entre les mains des électeurs et électrices. Ils y parviennent en contrôlant les partis politiques et les gouvernements qui en émergent. Ainsi, ils contrôlent les principaux leviers du pouvoir : la justice, la fiscalité, les politiques sociales.
La puissance militaire est le bras de fer qui, d’une part fait taire toute dissidence interne au régime et qui d’autre part s’acharne par tous les moyens à faire échouer les régimes qui misent sur d’autres fondements que ceux du néolibéralisme et de la démocratie représentative. Dans ce dernier cas, Cuba est un exemple fort éloquent. Des centaines de millions de dollars ont été dépensés depuis 50 ans par les États-Unis pour faire échouer ce nouveau régime qui n’en continue pas moins à subsister. Actuellement, nous pouvons observer ces forces de l’empire qui s’infiltrent dans divers pays émergents pour déstabiliser et renverser des gouvernements qui leur font faux pas. Ce fut, entre autres, le cas au Honduras, en 2009, au Venezuela, en 2002, en Bolivie, en 2008, en Équateur, en 2010, au Nicaragua dans les années 1980 avec les contras. Présentement quelque chose de semblable se produit en Afrique du Nord (Libye) et au Moyen Orient (Syrie). Dans ces derniers cas des considérations de géopolitique et de prise de contrôle de richesses s’ajoutent aux objectifs d’élimination de régimes qui leur échappent.
Le contrôle des médias fait partie des fondements du régime qui ne saurait survivre sans l’intervention de cette arme extraordinaire qui permet de conditionner la conscience des peuples. Les exemples se multiplient à une vitesse exponentielle de ce que sont capables de faire ces « médias » au service du régime. Déjà nous avons eu l’exemple de l’existence des « armes de destruction massive » pour envahir l’Irak et maintenant nous avons tous ces montages, mis à jour, pour justifier l’intervention en Libye et faire accepter le renversement du régime de Kadhafi. Cet outil permet de manipuler le mensonge et la vérité de manière à ce que dans les deux cas ils servent le régime. Il saura transformer des saints en diables et des diables en saints. Il rendra possible la simulation en studio, comme ce fut le cas récemment, pour la prise de la place verte de Tripoli, ou encore pour montrer une foule en liesse filmer en Inde et la faire passer pour une foule libyenne célébrant la victoire des rebelles à Tripoli.
LES RÉGIMES ÉMERGENTS
De multiples facteurs conduisent de plus en plus les peuples à se dissocier d’un régime dont le véritable visage se révèle être tout à l’opposé de celui présenté par ses médias. La mondialisation sort les peuples de leur isolement et l’information alternative apporte une lecture différente de ce qui se passe dans le monde. C’est alors qu’ils découvrent la grande tricherie dont ils sont victimes et les dessous de ces guerres menées sous la bannière de la défense des droits humains, de la démocratie et des valeurs de civilisation. Ils réalisent de plus en plus que les intérêts de domination, de conquête et de contrôle s’imposent au détriment du respect des droits des personnes et des peuples.
Dans les pays émergents de nouvelles avenues s’ouvrent pour substituer un tel régime de domination par autre chose plaçant, en tête de liste des priorités, la personne humaine et le bien commun des peuples. L’émergence de cette nouvelle approche repose sur quatre piliers : les droits de la personne et le bien commun des peuples, une économie fondée sur le principe où l’État intervient autant que nécessaire et le privé autant que possible, la démocratie participative et finalement la solidarité nationale et internationale.
La personne humaine et le bien commun sont des références qui canalisent toutes les autres. Elles placent en priorité les éléments essentiels assurant à toutes les personnes les attentions requises pour qu’elles aient accès à l’éducation, aux soins de santé, à une alimentation suffisante et à un toit convenable. Les richesses naturelles, les revenus de chaque citoyen et citoyenne ainsi que celles des diverses entreprises doivent, en tout premier lieu, servir ces priorités. Les intérêts du peuple s’imposent aux intérêts particuliers des individus et des corporations. L’État est le maître d’oeuvre de la réalisation de cet objectif.
Une économie sous contrôle de l’État chaque fois que nécessaire et sous contrôle du privé autant que possible. Ce n’est plus le peuple au service de l’économie, mais l’économie au service du peuple. Ainsi l’État interviendra dans l’exploitation des richesses naturelles de manière à ce que ces dernières servent, entre autres, les objectifs du bien commun. Il interviendra au niveau de la fiscalité pour que tous les intervenants économiques participent au financement des divers projets nécessaires au bienêtre et au bon fonctionnement de la société. Des mécanismes sont mis en place pour contrer, autant faire se peut, la corruption et les influences indues des gouvernements étrangers et des multinationales.
La démocratie participative est celle qui décloisonne l’exclusivité des partis politiques pour permettre la participation plus directe des citoyens et citoyennes ainsi que des organisations sociales et économiques. Elle contrôle le financement des partis politiques et s’assure que le système électoral soit à l’abri des malversations au niveau du vote, du comptage et de l’annonce officielle des résultats. Le pays ayant fait le plus grand progrès à ce chapitre est sans nul doute celui de la Bolivie qui a utilisé les toutes dernières technologies pour l’identification des électeurs et électrices, pour comptabiliser les votes et en promulguer les résultats officiels. Dire que ce pays, considéré jusqu’à tout récemment, comme le plus pauvre de l’Amérique latine est aujourd’hui celui qui a mis en place le système électoral qui défie, à bien des égards, celui des États-Unis et du Canada.
La solidarité nationale et internationale est cette quatrième colonne sur laquelle s’édifient ces nouveaux régimes. L’approche des relations des personnes et des peuples n’est plus perçue en termes de conquête et de domination, mais en termes de complémentarité et d’entraide. Elles se réalisent dans le plein respect de l’indépendance et de la souveraineté des peuples. A ce titre, l’exemple de Cuba constitue une référence assez exceptionnelle de cette solidarité. Ses médecins et professeurs sont dans tous les coins de l’Amérique latine, peu importe les régimes en place. Ils oeuvrent le plus souvent dans les régions les plus hostiles où peu de professionnels osent s’aventurer. IL en va de même pour les pays regroupés dans l’ALBA et UNASUR.
CONCLUSION
Ce passage d’un régime à un autre ne peut se réaliser sans une prise de conscience très forte des peuples et un leadeurship qui sait en canaliser les énergies. La prise du pouvoir par les voies démocratiques seront vite suivies par la formation d’une constituante visant à permettre aux peuples de se donner une constitution qui leur ressemble. La grande majorité des pays sous l’Empire dispose d’une constitution rédigée et imposée par les oligarchies dominantes. Qu’il y ait dès lors une nouvelle constitution va de soi. Ce sera dans le cadre de cette dernière que seront établies, entre autres, des règles strictes relatives aux processus électoraux, aux droits à une information sérieuses, aux partis politiques et à leur financement etc.…
Il va de soi que les oligarchies occidentales n’ont aucun intérêt à ce qu’émergent de nouveaux régimes qui fassent la démonstration qu’un autre monde est possible. La semaine dernière, le ministre de l’éducation dans le gouvernement chilien disait que le Chili n’a pas les moyens d’assumer l’éducation gratuite pour tous et toutes. Pourtant, le Chili est donné en exemple des pays en développement du sud. Or, Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur, le Nicaragua trouvent les moyens d’assurer cette éducation à leurs peuples. Il s’agit évidemment d’une question de régimes.
Il n’y a pas de doute que le changement de « régime » est devenu inévitable, d’autant plus que les masques tombent et que les soi-disant sauveurs des grandes valeurs de la démocratie et des droits humains se révèlent être ses plus grands adversaires. Une fois que la vérité aura rejoint la conscience des peuples, l’empire deviendra alors l’ennemi de tous les peuples.
Oscar Fortin
Québec, le 5 septembre 2011-09-05
http://humanisme.blogspot.com