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Libération supplétif anti-cubain de RSF.


Libération, 27 mars 04. « A Cuba, une machine à tuer toute critique » par Gérard Dupuy

Le journaliste présente « Cuba livre noir. » de Reporters Sans Frontières.

D’emblée, il disqualifie ainsi les amis de Cuba : étranges défenseurs sans scrupules d’un régime sinistre qui bénéficie de leur sagacité à éclipse, amis patentés de Castro auxquels s’ajoute la masse des ignorants.

En remplaçant « Castro » par « Bush », on pourrait retourner le paquet d’injures à l’expéditeur qui se révèle :

- ignorant de ce que la révolution des barbudos a apporté à son peuple et dont sont privés les autres pays du tiers monde en matière de droit à la vie, à la nourriture, à l’éducation, à la culture, à la santé, à un toit, à un travail, à l’indépendance.

- insensible au contexte sud-américain marqué par des décennies de massacres et de pillages des peuples au profit de dictateurs imposés ou soutenus par la plus formidable puissance militaire que la terre ait jamais connue et qui ne cesse de répéter que Cuba va bientôt tomber dans son escarcelle.

En effet, tandis que nombre de pays d’Amérique latine n’en finissent pas de compter leurs morts et de rechercher leurs disparus, tandis que leurs citoyens analphabètes crèvent par millions, de misère, de maladies non soignées et de faim sans jamais espérer atteindre l’âge de 50 ans, tandis que les richesses de ces pays filent dans les poches de leurs dirigeants et de la grande nation voisine (jamais nommée par Dupuy), tandis que les cadavres des opposants et des journalistes gisent par centaines dans les caniveaux, tandis que les Armées tirent sur leurs autochtones comme sur du gibier, tandis que des spécialistes de la torture (dont certains formés par la France) tiennent le haut du pavé, Gérard Dupuy nous alerte sur l’enfer cubain.

Quand Libé nous montre Cuba, l’imbécile regarde l’île ; le sage regarde les atrocités environnantes et la férocité US. Et le sagace s’amuse à voir Dupuy concocter son pâté d’alouette : un chouia de vérités consenties sur Cuba ( « "Ici, ni crimes de masse, ni assassinats politiques, ni torture débridée... », la pétition dite « projet Varela » est signée par 40 000 Cubains « avec nom et adresse ») et un cheval de ragots haineux contre la « dictature » dans cette « malheureuse île tropicale » où la torture existe quand même un peu (la définition nous en est aussitôt donnée) puisque « plusieurs détenus ont subi des sévices physiques et sexuels » infligés par d’autres détenus (ce qui, ô Dupuy, n’existe pas à grande échelle dans chacune de nos prisons !).

Il faut hélas mille mots pour démonter un court mensonge et l’article de Dupuy est bâti sans plus de vérifications sur des troncatures tendancieuses de rapports, sur les allégations d’une officine (RSF), clone bushien qui voue une telle haine à Cuba que son comportement a fait l’objet de son exclusion d’instances internationales et de condamnations devant des tribunaux français.

L’éthique voudrait qu’un journaliste objectif ne s’associe pas à ce combat partisan de RSF, sauf à l’annoncer. Elle voudrait aussi qu’il n’isole pas de ses citations les autres volets des rapports d’Amnesty international ou de Human Rights Watch qui ne pointent pas que Cuba, mais aussi d’autres pays, les Etats-Unis, Guantanamo.

Si Amnesty note « l’accumulation, au cours des dernières années, de multiples signes de détente en matière de droits humains » à Cuba, il est curieux que Libé nous apprenne aujourd’hui ce progrès, juste pour nous dire que c’est fini. Et sans avoir pensé naguère à nous régaler d’un article titré : « Cuba : multiplication des signes de détente en matière de droits humains. » ?

Comment Dupuy peut-il présenter la loi Helms-Burton (l’a-t-il lue ?) comme une simple loi de renforcement de l’embargo (ce point-là occupe une section sur seize de l’article1) alors qu’il s’agit aussi d’une loi de répression extra-territoriale qui s’arroge le droit de punir toute entreprise de quelque pays que ce soit qui commercerait avec des entreprises cubaines nationalisées ? Pourquoi masquer qu’elle subordonne la fin du blocus à la privatisation des banques et des terres cubaines et qu’elle détaille le processus de renversement du gouvernement cubain, les modalités de mise en place de son remplaçant sous contrôle US et la restitution des biens nationalisés ? Sous Batista, les deux tiers des terres arables étaient propriétés américaines ainsi qu’une grande partie des mines, des usines, des hôtels. Le travail de plusieurs générations de Cubains serait nécessaire pour « acheter » aux USA... ces biens cubains.

Quant à Pax Christi Pays-Bas, autre source du livre, mon parti pris habituel de courtoisie dût-il en souffrir, je me demande si elle n’abrite pas quelques sous-développés du bulbe rachidien.

En témoigne l’interview donnée par sa dirigeante Lidwien Zumpole aux journalistes Katijn Declercq (Belge) et Hernando Calvo Ospina (Colombien) pour leur livre « Dissidents ou mercenaires ? »(Editions EPO).

Florilège : « Je connais la situation colombienne, elle est terrible : là -bas il y a 30 000 assassinats par an à cause de la violence politique... mais à Cuba ! », « Je ne connais pas d’autre pays où les gens ont le visage presque déformé à force de faire des grimaces pour parler bas et dans la crainte, comme ça, sur le côté... », « nous avons parlé avec beaucoup de gens, mais toujours enfermés dans leurs maisons, avec les fenêtres fermées pour que les voisins ne s’aperçoivent de rien » et, plus loin : « ...n’importe qui dans la rue te dit tout. » Tous ses propos sont de ce tonneau-là .

Cuba est-il un paradis, un exemple de démocratie parfaite ? Non, c’est un pays pauvre qui vit sous la menace permanente, réitérée, financée, d’une agression. Les périodes de pré-guerre induisent des rigidités dont il est trop facile et non prouvé de les attribuer à la nature du système, à un libre choix, au caractère d’un chef.

Pour détruire La Havane, il faut le temps d’appuyer sur un bouton. Pour envahir l’île, il suffit d’ouvrir les portails de Guantanamo. Militairement, c’est gagné. Politiquement, il reste à persuader le monde du bien-fondé de l’opération. RSF y travaille. Libé sert de relais.

Puis, viendra l’après invasion. Les Cubains préviennent que la guerre durera cent ans et fera un million de morts. Vous aurez donc le loisir, Gérard Dupuy, de pleurer demain sur les excès de l’armée US, sur le massacre des innocents, sur les dégâts collatéraux, sur le remède trop brutal. Vous appellerez d’urgence les ONG à fournir du riz, de la farine, des médicaments, des tentes, des hôpitaux de fortune. Vous énumérerez (enfin !) tout ce que la Révolution cubaine avait réussi et que les rangers piétinent. RSF se taira, occupé à fustiger le nouvel ennemi numéro un de la liste US. Amnesty fera un rapport terrible sur la nouvelle situation. Pax Christi notera la symétrie retrouvée des visages des survivants. Vous aurez quelques regrets. Nous vous lirons. Et nous vous parlerons.

Maxime Vivas, écrivain.

Lire l’article de Libération : cliquer ici


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