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Affaire Antoine Sfeir : Mise au point de René Naba

Antoine Sfeir a évoqué son contentieux avec renenaba.com et les autres sites partenaires dans une déclaration à « Reporters sans frontières », à la suite de la parution d’un communiqué de l"˜organisation de défense des journalistes exhortant les sites hébergeurs du papier publié sur nawwat.org de ne pas céder à l’injonction du journaliste.

Contacté par Reporters sans frontières, Antoine Sfeir a déclaré qu’il ne réclamait pas nécessairement le retrait de l’article dans son intégralité, mais uniquement les passages "diffamatoires" , concernant notamment les insinuations de René Naba selon lesquelles il aurait personnellement perçu de l’argent de la part de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali.
Cf : http://www.rsf-ch.ch/node/3134

Le propos manque pour le moins de précisions. René Naba replace l’affaire dans son contexte dans la mise au point suivante.

Un spécialiste qui se trompe lourdement sur l’objet de sa spécialité se disqualifie ipso facto. Continuer à se prévaloir de cette qualité relève de la supercherie, voire de l’imposture.

Antoine Sfeir, de son propre aveu, s’est lourdement trompé sur la Tunisie. Le sens du devoir et de l’honneur lui commande d’en tirer les conséquences.

Antoine Sfeir se livre à de l’enfumage lorsqu’il déclare à « Reporters Sans Frontières » qu’il n’a réclamé que la suppression du passage de mon papier « Les thuriféraires libanais de la dictature Ben Ali sur le grill tunisien », celui concernant ses rapports financiers avec Ben Ali.

Il cherche à minimiser l’impact de sa démarche de crainte de se couvrir de ridicule. L’assignation comporte en effet près de 96 pages et la liste des griefs est conséquente.

La diffamation dont il s’estime victime peut trouver une explication dans le fait que mes analyses sur la situation tunisienne ont mieux résisté que les siennes à l’épreuve des faits.

Mon blog, une compilation de quarante ans de journalisme, en fait foi. Une étude comparative de nos écrits respectifs tant sur la Tunisie que sur l’ensemble des problèmes géostratégiques du monde arabo musulman pourra nous départager en toute objectivité et confirmer mes propos.

Drôle d’histoire que cette affaire de plainte. Elle confirme la règle selon laquelle « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ».

Tout le monde avait oublié ce papier « les thuriféraires libanais de la dictature Ben Ali sur le grill tunisien » de René Naba publié conjointement par nawaat.org et www.renenaba.com, en signe de solidarité et d’hommage à la lutte du peuple tunisien à l’occasion de la célébration du premier anniversaire de la fête de l’indépendance nationale tunisienne post dictature.

Tout le monde l’avait oublié, non pas qu’il soit insignifiant, loin s’en faut, mais parce qu’il se publie beaucoup de papiers par jour sur des sujets autrement plus graves, la Libye, la Syrie, la flottille pacifique humanitaire sur Gaza, l’acte d’accusation du Tribunal spécial sur le Liban impliquant le Hezbollah dans l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, l’implosion de l’ancien directeur du Fonds Monétaire International Dominique Strauss Khan en pleine crise monétaire grecque, l’annonce du retrait prochain des Etats Unis d’Afghanistan.

Tout le monde l’avait oublié jusqu’à ce qu’une plainte d’Antoine Sfeir ne relance l’intérêt sur ce papier avec le cortège habituel de commentaires plus ou moins désobligeants aussi bien sur Facebook que sur twitter et les protestations des organisations de défense de la liberté de la presse, notamment « Reporters sans Frontières ».

En plein printemps arabe, tout ce qui de près ou de loin apparait comme une tentative de censure fait désordre, surtout, lorsque cela provient d’un journaliste supposé être, au premier chef, un défenseur de la liberté d’expression. Et voila le résultat.

Je confirme avoir été assigné en justice par M. Antoine Sfeir pour diffamation et remercie les sites partenaires de leur solidarité dans cette épreuve (nawaat.org, comité valmy, contact uzuba, palestine solidarite.org, ainsi que oumma.com).

Le procédé est singulier : En quarante ans de journalisme, je n’ai fait l’objet de la moindre récrimination.

Durant ma carrière, -un journalisme de terrain et non un journalisme de bureau puisque j’ai été correspondant de guerre dans la sphère arabo musulman-, j’ai brossé le portrait de plusieurs dizaines de personnalités internationales (arabes, occidentales ou françaises), à l’apogée de leur puissance, mon blog en fait foi, de Ben Ali, à Moubarak, à Bernard Kouchner, à Philippe Val, à la dynastie wahhabite au tandem Chirac Hariri, l’ancien couple vedette de la politique moyen orientale, sans jamais susciter la moindre plainte.

Ecrit une dizaine d’ouvrages, sans la moindre assignation

Le procédé est curieux en ce que la menace de la justice a été brandie avant même qu’il use de son droit de réponse.

Le procédé est fâcheux entre collègues de réclamer la suppression pure et simple de la totalité d’un article qui mentionne, au delà de l’auguste personne du plaignant, une dizaine de journalistes et autant de personnalités politiques.

Il me parait grave et contreproductif qu’un journaliste vise la censure d’un autre journaliste, lui déniant l’usage de la critique, qui est le fondement du débat contradictoire, la sève de la démocratie. Grave de grave.

Réclamer, de surcroît, en dédommagement, la somme de vingt mille euros en sus des frais de justice, pose la question de la motivation de la démarche, à savoir laquelle des réparations prévaut chez le plaignant, la réparation morale ou la réparation matérielle. Hyper grave de grave.

Que devient, dans ce contexte, la Common Decency, la décence, qui se pose en vertu cardinale du journalisme de qualité ?

Cela dit, je m’inscrire en faux contre les déclarations d’Antoine Sfeir me concernant et ne saurait cautionner le fait qu’il travestisse encore une fois les faits.

Primo :

Son assignation réclame bien la suppression pure et simple de la totalité de l’article « Les Thuriféraires Libanais de la dictature Ben Ali sur le grill tunisien » et non comme il le prétend les passages où René Naba insinue qu’il (Antoine Sfeir) a touché de l’argent du régime tunisien.

Non seulement il réclame la suppression pure et simple de l’article, mais animé par un sens élevé de la fraternité, il réclame en sus la somme de vingt mille euros de dommages intérêts. (Bien vingt mille euros et les frais de justice, soit près de vingt fois le SMIG).

Deuxio :

A propos précisément de ses rapports d’argent avec le régime tunisien, je n’ai pas éprouvé le besoin d’en parler pour la simple raison qu’il s’est, lui-même, abondamment répandu dans les médias sur cette question, pour se justifier.

Bien que je sois animé de l’esprit de confraternité, je ne lui ferai pas la charité de citer les sources mentionnant cette question de son financement. Je les réserverai à la justice où il a choisi de me convoquer pour me faire condamner, dans un procès qui pourrait être le sien.

Tertio :

Par euphémisme, je dirai qu’Antoine Sfeir maquille la vérité ou la masque partiellement. Dans son assignation, il énumère comme diffamatoire pas moins de vingt expressions allant de « thuriféraires’ » à « caution exotique de la politique anti arabe de la France », à « des bonnets d’âne » qui se sont égarés aux abords de la mer d’Oman.
Une expression que j’ai utilisée, il est vrai, lorsqu’il s’est permis de livrer une explication originale à l’immersion de Ben Laden en mer d’Oman : « mangé par les poissons, il ne pourra aller au paradis »

A suivre ce raisonnement, et en vertu de la jurisprudence Antoine Sfeir en la matière, les naufragés du Titanic, qui ont péri dans des conditions épouvantables, n’auront pas eu droit rétrospectivement au paradis, pas plus que les naufragés de Lampedusa, ni les passagers du vol Air France Paris Rio.

Voila qui va réconforter les familles des victimes. Malheur aux naufragés, qui périssent dans des conditions épouvantables, de surcroît voués à l’enfer.

Quarto :

Prendre la liberté de jeter des anathèmes du haut des tribunes médiatiques et récuser, dans le même temps, toute critique témoigne d’un ego surdimensionné et d’un mépris de l’opinion.

Antoine Sfeir, qui n’ignore pas mon professionnalisme, aurait du percevoir mon article comme une sonnette d’alarme et me remercier de lui servir de garde fou.

La lévitation stratosphérique engendre une mégalocéphalite, une pathologie qui se soigne par de doses quotidiennes de modestie et de séjours prolongés dans l’anonymat.

Le terme thuriféraire n’est pas en soi désobligeant. Je revendique l’honneur d’être le thuriféraire de Ernesto Che Guevara de la Serna et de Gamal Abdel Nasser et n’en rougirai pas tout au long de ma vie. Tout le problème est de savoir à qui l’on tresse des louanges.

Gardons nous des idoles de pacotille. Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
La leçon vaut pour Ben Ali. Elle vaut aussi pour ceux qui ont conseillé Antoine Sfeir de s’engager dans une voie conflictuelle.

Je ne m’étendrai pas plus longtemps sur ce sujet. Il aurait été plus simple qu’il use de son droit de réponse

Enfin, passons : La sagesse ne vient que quand s’achève la route. Mais alors il est déjà trop tard.

René Naba

Source : http://www.renenaba.com/affaire-antoine-sfeir-mise-au-point-de-rene-naba/

Pour aller plus loin

Communiqué de reporters sans frontières à propos de l’assignation d’Antoine Sfeir contre nawwat.org, enjoignant au site tunisien le retrait du papier
« Les thuriféraires libanais de la dictature Ben Ali sur le grill tunisien », publié sur Nawaat.org, le 20 mars 2011, par le journaliste libanais René Naba.

http://www.rsf-ch.ch/node/3134

http://www.politis.fr/Quand-Antoine-Sfeir-se-prend,14814.html

http://www.renenaba.com/non-a-la-censure-non-a-l%E2%80%99intimidation/

A voir aussi :
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=11639
et http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=10165

Sfeir, Nawaat, ZABA et l’argent du contribuable
http://www.fhimt.com/2011/07/11/sfeir-nawaat-zaba-et-largent-du-contribuable/

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DEPUIS LA NUIT ET LE BROUILLARD - FEMMES DANS LES PRISONS FRANQUISTES - de Juana Doña
traduit par à ngeles Muñoz avec la collaboration de Sara Albert Madrid, février 1939. La Guerre d’Espagne touche à sa fin. Leonor va connaître l’exode, la torture, la condamnation à mort, et les longues années de prison... L’horreur quotidienne de l’univers carcéral franquiste tel que l’ont vécu des milliers de femmes et d’enfants est décrite ici par Juana Doña avec un réalisme sans concession et sans complaisance. Ce livre est son témoignage. Écrit en 1967, publié seulement après la (…)
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« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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