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Dans la politique du club de caïds de l’Empire, il n’y a pas de coïncidences ni d’amis : seulement des intérêts.

Perez Becerra et la négociation

LGS a publié plusieurs articles sur l’affaire de ce journaliste arrivant par avion de Suède via l’Allemagne, arrêté au Venezuela et remis à la Colombie en application d’un mandat d’Interpol.

L’affaire a ébranlé des amis de la Révolution bolivarienne un peu partout dans le monde. Et jusqu’à des amis et collaborateurs du GS.

Alerté par des bizarreries dans cette affaire, LGS a "donné à lire", mais sans se joindre aux pétitionnaires et en laissant largement la parole aux lecteurs sceptiques sur "la faute" ("le crime" ?) du gouvernement d’Hugo Chavez. L’expérience...

L’article que nous publions ci-dessous apporte un autre angle de réflexion et des éléments nouveaux.

Nul doute que les semaines à venir nous permettront d’en savoir plus.

A suivre, donc.

LGS.

Beaucoup de camarades qui se disent révolutionnaires semblent ne pas s’être encore rendu compte que la Révolution Bolivarienne se situe au centre d’une guerre déclarée par l’impérialisme, guerre à laquelle prennent part tous les acolytes de sac et de corde, tous les complices de l’Empire, actifs ou consentants, qui ne pouvant assassiner physiquement le Président Chávez veulent pour le moins le liquider politiquement dans le cadre de la contre-offensive déclenchée par l’Empire pour anéantir ses ennemis…

Certains Vénézuéliens qui se disent de gauche (sic !) ont même comparé les évènements concernant Pérez Becerra, à qui nous allons nous référer, à la livraison de Miranda aux autorités espagnoles, à l’exécution de Piar, à la trahison d’un camarade révolutionnaire et à d’autres joyeusetés du même style. Et nous devons nous garder de ces camarades européens à l’image de ceux qui, il y a quelques semaines, déliraient à propos des rebelles libyens et disaient pis que pendre de cet assassin de Khadaffi qui faisait tirer sur des civils désarmés " désormais très bien armés et très bien équipés par ces mêmes puissances colonialistes " et qui, aujourd’hui, justifient le bombardement « humanitaire » de la population civile libyenne qui défend sa patrie par l’OTAN et les États-Unis comme ils soutiennent les attaques avec bombes guidées par laser visant à assassiner Khadaffi : rien de plus éloigné de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, soutenue, entre autres, par le représentant de la Colombie, dont le seul but, bien naïf, était de protéger (sic !) les civils innocents.

Depuis le XIXº siècle, les relations politiques entre le Venezuela et l’oligarchie qui gouverne la Colombie depuis le XVIº siècle, ont toujours été orageuses et marquées par la perfidie des dits oligarques politiciens. Comme nous l’avons écrit dans de nombreux articles et chapitres du livre que nous avons publié sur ce sujet, cette oligarchie ne se résigne pas « à perdre » le contrôle du territoire du Venezuela et des diverses richesses que celui-ci recèle. Pour parvenir à cette fin, elle a utilisé et utilise encore toute sorte de procédés y compris le chantage militaire. Souvenons-nous du vol de notre Guajira (1), en 1941, sous le gouvernement du Président Eduardo Santos, de la tentative de s’approprier l’îlot de Los Monjes, sous le gouvernement de Pérez Jiménez, le semblant de combat naval de l’affaire de la frégate Caldas, sous le gouvernement de Lusinchi, pour s’emparer du pétrole du Golfe de Venezuela et des récentes agressions des sbires d’Alvaro Uribe sans oublier tout ce qui s’est passé au XIXº siècle avec l’appropriation par l’oligarchie colombienne de vastes étendues du territoire qui faisait partie, légalement, de la Capitanà­a General de Venezuela depuis le XVIIIº siècle.

Aujourd’hui, le gouvernent colombien, tout comme ses prédécesseurs du XIXº siècle, continue d’être un agent délégué d’une exceptionnelle importance pour le succès des plans d’expansion de l’Empire étatsunien en Amérique Latine, plans qui visent à rétablir l’hégémonie yankee sur le point de disparaître sur notre continent. Tel est le but assigné à la stratégie conjointe des gouvernements du Mexique, de la Colombie, du Pérou et du Chili visant à créer la zone commerciale intégrée du Pacifique fondée sur la politique néolibérale prônée par les États-Unis pour imposer une politique de libre-échange et les TLC et vaincre la politique intégrationniste défendue par le Venezuela, le Brésil et l’Argentine. Elle est de notoriété publique leur intention de créer un bloc économique en opposition au Mercosur et à l’ALBA pour " comme l’a clairement déclaré le président du Mexique, Felipe Calderon " favoriser la reprise économique aux États-Unis.

Pour que ce projet de Traité de Libre Commerce de la zone du Pacifique (à laquelle se joindront sûrement le Panama, le Salvador, le Honduras et le Guatemala) ait une chance réelle de succès, il fallait saboter la réunion de Caracas ou allait se signer l’acte de naissance de la Communauté des États Latinoaméricains et des Caraïbes, sans la présence des États-Unis et du Canada, fait qui constitue une défaite politique pour la puissance qui prétend à l’hégémonie impériale.

Quel était le sens de la présence de Joaquà­n Pérez Becerra à Caracas, exactement à la même date que cette réunion ? Qui est, ou qui sont ceux qui l’ont invité ? Qui lui a tendu ce traquenard ? Nous savons tous que Joaquà­n Pérez Becerra est un survivant du fatidique Baile Rojo (Bal Rouge) au cours duquel l’oligarchie colombienne assassina la presque totalité des maires et dirigeants politiques communistes membres de l’Union Patriotique de Colombie. Nous savons aussi qu’il est journaliste, directeur de la ANNCOL, mais nous savons aussi qu’il a renoncé à sa nationalité colombienne pour devenir citoyen suédois et qu’il réside en Suède depuis 20 ans. Que venait faire au Venezuela Pérez Becerra ? Qui l’a invité à venir à cette date précisément ?

Le Venezuela est en train de négocier, avec le gouvernement de Santos, l’extradition du narcotrafiquant Makled devenu le héros de l’opposition vénézuélienne qui en a fait une soi-disant victime de Chávez. Quelle meilleure occasion pour le Président Santos, pour torpiller ou faire échouer cette négociation avec le Président Chávez et saboter la réunion de Caracas la veille de sa célébration, que de demander l’extradition de Pérez Becerra en espérant que le Président Chávez refuserait d’extrader ce dernier vers la Colombie et que se déchaînerait alors le sabbat des médias mondiaux pour clouer Chávez au pilori en l’accusant de complicité avec le terrorisme ?

Comme le coup a raté, le journaliste Pérez Becerra n’a peut-être plus, désormais, grande valeur pour le gouvernement de l’oligarchie colombienne. En premier lieu, il s’agit d’un sujet suédois protégé par les lois suédoises et protégé aussi par la Communauté européenne avec laquelle le Président Santos n’aura pas intérêt à se brouiller. Il est possible qu’une fois en Colombie, une fois évanouie son importance pour saboter la réunion de Caracas et contrer la proposition intégrationniste du Venezuela, de la Colombie, du Brésil, de l’Équateur, de la Bolivie, de Cuba et des gouvernements partisans de l’ALBA des Petites Antilles, Pérez Becerra sera relâché et remis aux autorités suédoises pour qu’il retourne dans son pays d’adoption et retrouve son domicile à Stockholm.

Comme ce coup pour saboter la création de la Communauté des États Latinoamériacains et des Caraïbes a raté, le bloc impérial délégué dont font partie la Colombie, le Pérou, le Chili, le Mexique, crée " quelle coïncidence ! " le Bloc Commercial du Pacifique destiné à combattre le Mercosur et l’Alba. Une coïncidence ? Dans la politique que pratique ce club de grands manitous de l’Empire il n’y a pas de coïncidences ni d’amis, seulement des intérêts.

Je suis profondément attristé lorsque je constate comment une certaine « gauche vénézuélienne » qui semble avoir perdu tout esprit critique se jette comme une vile meute furieuse sur le Comandante Presidente Chávez. Je suis triste aussi de voir comment des camarades pour qui j’ai beaucoup d’estime et que je croyais doués d’une longue expérience sont capables de mordre, en oubliant tout esprit critique, à cet appât empoisonné assurément signé CIA-DAS. Ca me met en rogne de penser que quelque camarade haut placé dans la bureaucratie bolivarienne a peut-être pu tendre ce traquenard à Joaquin Pérez Becerra qui, finalement, a probablement compris comment il a été manipulé pour attaquer perfidement la Révolution Bolivarienne.

Je crois que le Président Chávez a pesé parfaitement le pour et le contre de la situation, les risques et les avantages que cette décision politique impliquait et je pense qu’il a pris la décision correcte pour le Venezuela, pour l’Amérique Latine et pour les Caraïbes : la création officielle de la CELAC qui aura lieu à Caracas le 5 juillet prochain. C’est de ce bois-là que sont faits les véritables dirigeants révolutionnaires !

Mario Sanoja Obediente
Caracas, le 29 avril 2011

(1) La Guajira est actuellement l’un des 32 départements de la Colombie. C’est le département le plus septentrional du pays, situé dans la péninsule de même nom… A l’est, le département est limité par le golfe du Venezuela et la république du Venezuela. (d’après Wikipedia)

traduction M. Colinas pour le Grand Soir

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