Le militant palestinien des droits de l’homme Ameer Makhoul a été condamné dimanche 30 janvier à neuf années de prison pour espionnage et contact avec un agent étranger.
Makhoul qui était directeur de Ittijah (l’union des associations de la communauté arabe) et président du comité public pour la protection des libertés politiques a été arrêté le 6 mai 2010 par la police et les services généraux de sécurité israéliens. L’inculpation initiale incluait également l’aide à l’ennemi (Hezbollah) en temps de guerre, ce qui en Israël est puni de prison à vie.
Makhoul a signé un plea bargain avec les autorités israéliennes le 27 octobre 2010 selon lequel il aurait une réduction de peine avec un chef d’inculpation réduit (à condition d’accepter de plaider coupable NdT).
"Mon mari est puni sévèrement aujourd’hui pour avoir lutté pour la justice sociale et politique. Il a été traité injustement et le but de sa condamnation est d’effrayer la population arabe d’Israël" a dit Janan, la femme de Makhoul au Palais de Justice dimanche.
Son frère, Issam Makhoul qui est un ancien membre de la Knesset a dit à Ynet news d’Israël : "Cela n’a rien à voir avec la sécurité de l’état. Ils veulent l’empêcher de s’exprimer. Il s’agit de persécution politique à l’encontre d’un homme qui a fait beaucoup de bien et qui n’a jamais causé aucun tort à l’état. Il a toujours agi conformément à la loi."
Après que les services généraux de la sécurité israélienne aient fait irruption dans le domicile de Ameer Makhoul à Haifa à six heures du matin et l’aient arrêté, il a été conduit dans les locaux de la sécurité israélienne où on l’a empêché de voir un avocat et sa famille pendant presque deux semaines. C’est pendant ce laps de temps qu’il a reconnu tout ce dont on l’accusait. Il y a de fortes présomptions que ses aveux aient été obtenus pas la force.
Selon le docteur Hatem Kanaane, président du comité populaire de défense et de solidarité crée pour défendre Ameer Makhoul : "Ameer, sa famille, ses hommes de loi et le comité de solidarité nous avons tous ensemble pris la mesure de la situation à laquelle nous étions confrontés et considéré que le mieux pour Ameer était d’accepter un plea bargain."
Le docteur Kanaane a ajouté que "Après avoir été privé de sommeil pendant 16 jours attaché à une chaise dans une position considérée comme de la torture, Ameer leur a dit qu’il signerait tous les fausses accusations qu’ils voulaient. Il était brisé."
Bien que les autorités israéliennes aient confisqué plusieurs ordinateurs et de nombreux documents appartenant à Ameer, à l’organisme Ittijah et à la famille d’Ameer, et aient enregistré plus de 30 000 conversations téléphoniques d’Ameer au cours des deux années précédentes, elles n’ont trouvé aucune preuve contre Ameer en dehors de ses aveux.
Selon Orna Kohn de Adalah (le centre légal pour les droits de la minorité arabe d’Israël) qui est un des avocats de Makhoul : "La loi israélienne a une définition très large des soi disants délits contre la sécurité de l’état ce qui permet de criminaliser des comportements ou des actions que personne ne s’attend normalement à voir figurer dans le code criminel. En conséquence il est très facile au procureur de convaincre la Cour que quelqu’un est coupable."
Quand un Palestinien est accusé de mettre la sécurité de l’état en danger il est quasiment impossible qu’il ne soit pas condamné à une peine de prison, même s’il y a peu ou pas du tout de preuve pour appuyer les accusations. Ameer a maintenant rejoint les milliers d’autres prisonniers palestiniens qui servent des peines dans les prisons israéliennes pour des crimes qu’ils n’ont jamais commis. Sa famille, ses amis et la communauté arabe qu’il a servis si fidèlement attendent impatiemment sa libération.
Avant qu’on lui notifie sa peine, Makhoul a osé déclarer : "Je considérerai toute peine que vous m’infligerez comme un acte cruel et agressif contre le peuple arabe et sa lutte légitime ici et dans le monde entier. Nous allons voir si la Cour est une Cour de Justice ou le Shin Bet, si on y rend la justice ou si on y obéit au Shin Bet. J’ai avoué ce dont on m’accusait car il ne m’a pas été possible de faire autrement et j’ai l’intention de continuer à oeuvrer en toute légalité pour la population palestinienne d’Israël."
Pour consulter l’original : http://www.alternativenews.org/english/index.php/topics/israeli-society/3232-palestinian-human-rights-defender-sentenced-to-nine-years-imprisonment-
Traduction : D. Muselet