14 Janvier 2011
Qui aurait imaginé cela il y a quelques mois ? Quelques semaines même ?
Nous venons de vivre une journée historique sans précédent, aucun mot, aucune expression ne peut suffisamment décrire ce qui se passe en ce moment même.
Le peuple tunisien a ébranlé le monde entier en se dressant et en chassant une dictature féroce, policière, barbare et sans scrupule en osant braver cette fameuse peur qui nous paralysait, ce fatalisme que l’oligarchie voulait qu’on intériorise pour qu’on se dise que ce n’était pas possible. Nous venons d’adresser une claque immense, à tous les observateurs internationaux de la banque mondiale ou du FMI qui dans leurs bureaux à Washington nous décrivaient comme étant une économie modèle. C’est le triomphe du peuple, des masses, face à tous les arrogants, voleurs mafieux qui nous regardaient de haut pensant qu’on resterait toujours passifs.
Cette révolution marque aussi un nouveau départ de cette décennie et envoie un signal fort après des années 2000 terribles où nous avons connu des crises économiques dues à un capitalisme libéral sauvage, les guerres impérialistes en Afghanistan et en Irak, le massacre à Gaza, une crise écologique qui nous concerne tous et qui s’aggrave chaque jour. Aujourd’hui, ce que vient de réaliser le peuple tunisien est un véritable message d’espoir. Dans le défaitisme ambiant, nous avons montré que nous pouvions changer les choses, que rien n’était éternel, qu’il était possible de renverser la tendance. Chaque être humain peut s’identifier dans cette révolution, particulièrement les populations arabes que nous devons désormais soutenir par tous les moyens dans leurs luttes. On peut en être sur, les autres dictateurs arabes doivent trembler en voyant qu’en moins d’un mois nous avons chassé le Noriega tunisien, contraint de fuir comme un rat. Ceci servira d’exemple aux algériens, aux égyptiens et à tous les autres, qui nous regardaient avec espoir et souhaitant nous voir triompher, maintenant ils le savent, oui un autre monde est possible !
Ceci est la première révolution du nouveau millénaire. La première révolution populaire de l’histoire du monde arabe. La première révolution « numérique » qui a montré de façon éclatante la portée d’internet qui n’est pas un monde aussi virtuel qu’il n’y parait. La révolution tunisienne ou la « révolution du Jasmin » comme certains commencent à la nommer est l’occasion de construire un nouveau pays. Ce nouveau pays verra le jour avant tout grâce et avec l’avènement d’un nouveau citoyen qui s’est déjà construit dans la lutte contre la dictature et qui doit continuer son processus.
Che Guevara a longuement évoqué dans ses écrits cette période qui commence après la chute du régime mis à genou par la révolution. C’est la période où doit apparaitre « l’homme nouveau » celui qui façonnera la nouvelle société révolutionnaire. En avant ! Nous devons tous, ici, maintenant, tout de suite, sans rien attendre, ni demander l’autorisation à personne, commencer cette étape. C’est le temps de la générosité et de l’esprit collectif, nous devons aller réparer tous les dégâts causés aux bâtiments, commerces, édifices public et ce spontanément. Plus nous serons solidaires les uns des autres, plus nous reconstruirons cette société au plus vite et le plus efficacement possible. Ca suffit avec l’individualisme, assez du chacun pour soi, marchons main dans la main et remettons sur pied notre pays si riche.
Maintenant, nous devons aussi rester vigilants. Nos revendications doivent continuer à parvenir au pouvoir, elles tiennent en un slogan « Travail, Liberté, Dignité ». Laissons Mr Ghanouchi et les leaders des composantes de l’opposition travailler main dans la main et nous préparer la transition démocratique.
Néanmoins, désormais, à ceux qui voudraient récupérer ce mouvement et l’instrumentaliser ou ceux qui voudraient s’ingérer nous disons solennellement : Non ! Nous ne nous laisserons pas faire, nous avons trop souffert pour avoir notre liberté pour ensuite la perdre de nouveau. Les tunisiens sont intelligents, avertis, conscients de leur force et se dresseront au moindre coup bas. Aux hypocrites qui ont léché les bottes du pouvoir et qui aujourd’hui retournent leur veste, messieurs il est désormais trop tard, prenez votre retraite et foutez nous la paix.
Mohamed Bouazizi, ton nom restera à jamais gravé dans les mémoires et sera l’équivalent d’Hannibal, de Farhat Hached ou de Bourguiba dans les livres d’histoire.
Nous n’oublierons pas les mémoires de tous les martyrs morts pour la liberté de leur pays
Merci à tous les opposants qui ont subi durant des années la torture, les menaces, et une vie impossible sans jamais abandonner.
Merci à la jeunesse qui, à travers internet a créé une nouvelle forme de lutte.
Nos grands-parents qui ont libéré la Tunisie doivent être très fiers de nous actuellement.
Et surtout n’oublions jamais ces paroles :
à…à C Cáôàšàˆ àæãC àƒà‘Cà Cáà àCÉ
à áC àˆà ø àƒä àà“ÊàŒààˆ Cáàžà à‘
(Désolé, les caractères arabes (?) sont sortis bizarrement - Traduction ? - Note du Grand Soir.)