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En France, l’obsession de Paranagua : Fidel Castro, Cuba et l’ALBA

Par un ami, j’ai eu connaissance d’un article de Paulo Paranagua, prolixe journaliste du quotidien français « Le Monde » dont le titre : « Castro et la gauche latino-américaine », pourrait lui servir pour obtenir un chocolat chaud dans la nuit française vieille et glacée. Une occasion non moins propice pour opter aussi pour de méritoires étrennes de nouvel an.

Ce qu’on commente ici fut publié le 30 décembre sur le blog de Paranagua dans la version digitale du journal « Le Monde » en pleine bringue parisienne pour les belles fêtes de fin d’année.

Cela suscite une véritable pitié que, alors que le public français du « Le Monde » festoyait, Paranagua était au bord de l’asphyxie - chose exceptionnelle en ce monde- entrelaçant des idées, des phrases grandiloquentes et impressionnantes pour construire un article contre son plus brutal adversaire, Fidel Castro et ce que sans détour, il a nommé pendant des décennies « le régime dictatorial de La Havane ».

Pauvre Paranagua ! De si grands cauchemars ont pu lui ôter le sommeil et les jours de repos au début de la nouvelle année.

Au-delà de la motivation personnelle de Paranagua - lui seul et ses dieux le sauront avec certitude - la publication de l’article massue se base sur les sondages de l’Institut Latinobaromètre pour 2010 qui nous indique que la popularité du dirigeant de la Révolution Cubaine Fidel Castro est au plus bas niveau par rapport à celle des dirigeants politiques de la région, selon les personnes interrogées dans 18 pays.

Paranagua met sans autre argument et intentionnellement, l’adresse du site internet de cette institution : http://www.latinobrometro.org/ pour que son public puisse consulter un excellent centre de prévisions scientifiques où les graphiques et les schémas incitent à l’émotion intellectuelle. Son unique but est de pouvoir montrer et démontrer la vérité révélée de certaines classes privilégiées en Amérique.

Les peuples de la région pourraient difficilement croire en un baromètre basé sur les approximations théoriques et les objectifs politico médiatiques des oligarchies. Il est bien connu et reconnu qu’ils créent des sondages sans aucune preuve sur le terrain de leurs faits mathématiques et pseudo scientifiques.

Le manque de preuves et de témoignages pour déterminer qui est le mieux accepté, le plus populaire et le plus mal vu en matière de prééminence politique en Amérique Latine détruit l’effort intellectuel du baromètre régional.

Ce qui retient l’attention, c’est que l’enquête se soit basée sur les succès de l’ancien chef de l’Etat de Cuba Fidel Castro et ne s’en soit pas tenu à les comparer avec ceux des autres ex présidents de la région. Il n’y a pas d’évaluation de George W. Bush qui, à la tête de l’administration des Etats-Unis mena une politique désastreuse envers l’Amérique Latine et conduisit des guerres qui gardent allumée la mèche des conflits à un niveau global. Politique et mauvais procédé qu’Obama a poursuivis.

Pour qu’elle soit crédible et proche de la réalité, une enquête sur la façon de gouverner cubaine devrait se faire dans les rues de l’Ile ou au rythme de la chaleur humaine dans la manifestation des travailleurs pour le 1° mai 2011, La Havane. Dans le milieu latino-américain, il suffirait d’interviewer les populations bénéficiant des services médicaux des spécialistes cubains, un travail humanitaire que Fidel Castro suit tout particulièrement et dont il est le principal promoteur dans le développement de la politique cubaine de coopération et de solidarité internationale.

Haïti est un exemple où plus de 1 200 médecins cubains aident un pays totalement dévasté après avoir subi un terrible tremblement de terre et dont maintenant, l’épidémie de choléra augmente les dommages. Selon les statistiques publiées, les médecins cubains travaillant dans 40 centres en Haïti ont traité plus de 30 000 malades du choléra depuis octobre. Ils composent le plus important contingent étranger donnant des soins médicaux à environ 40% de tous les malades du choléra dans le pays.

Et ce n’est pas nouveau. L’effort cubain en faveur de la santé humaine a commencé dès le triomphe de la Révolution. Ses réussites peuvent s’apprécier dans le fait qu’en 2011, on pronostique que 8 000 médecins qui furent instruits dans la théorie et dans la pratique avec la coopération des spécialistes cubains, seront diplômés dans la République Bolivarienne du Venezuela, permettant ainsi que le Venezuela atteigne des niveaux de santé équivalents à ceux des premières nations du monde.

Si nous revenons à l’évaluation des chefs d’Etat par le Latinobaromètre, l’intention d’attaquer et de minimiser les pays de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) reste évidente. Ce n’est pas un hasard si les dirigeants mentionnés à la p.121, avec les évaluations les plus négatives sont, dans cet ordre : Evo Morales, Daniel Ortega, Hugo Chavez et Fidel Castro.

Ni le baromètre latino-américain ni Paranagua n’ont eu la bonne idée de mentionner le président cubain Raùl Castro qui réalise un travail de continuité de la Révolution Cubaine en collaboration avec l’écrasante majorité de la population cubaine. Peut-être cela est-il dû au fait qu’il a été élu pour perfectionner le socialisme et consolider l’indépendance politique et économique de la plus grande des Antilles.

Bien sûr, la crédibilité du Latinobaromètre de la droite est remise en question car elle entre en opposition avec les sentiments des peuples.

En outre, cela est corroboré par le fait que le document, à la p.15, situe les Etats-Unis en tête des « démocraties » les plus stables du continent. A l’opposé, il place le Venezuela et Cuba dans les derniers échelons, sous le Honduras où gouverne contre la volonté populaire, une dictature mise en place par un coup d’Etat avec la complicité silencieuse des Etats-Unis et de la droite latino-américaine.

Evidemment, comme de coutume, le « Baromètre » ne pouvait pas mentionner les incidents avec les prisonniers à Cuba en 2010 et le processus de libération d’un groupe important de ceux-ci. Son diagnostic réduit les événements de l’année dans l’Ile à ces faits. Il ne dit rien de ses importantes réussites sociales encore absentes dans de nombreux pays de la région. Evidemment, il occulte complètement les profonds débats démocratiques de sa population au sujet des idées de programmation et d’actualisation du modèle économique en rapport avec la situation actuelle de Cuba et du monde.

Cependant, le « Baromètre » - cité par Paranagua - dit la vérité sur quelque chose d’évident, la refus majoritaire de l’opinion publique du blocus (il l’appelle « embargo ») chose que le journaliste du « Monde » aborde timidement dans son article et il n’ose pas demander qu’il soit levé en 2011 par l’administration Obama. Je suis sûr que si Paranagua osait exprimer son opinion sur les effets du blocus contre Cuba, il perdrait la délectable couverture de son blog à la charge du « Monde » pendant les 365 jours que dure l’année.

En effet, un blocus que Cuba subit depuis un demi-siècle et qui a causé, selon les calculs réalisés par le gouvernement cubain lui-même, un dommage économique direct et accumulé jusqu’en décembre 2009, d’un montant de 118 154 millions de dollars mais qui passerait à 239 533 millions de dollars si on prenait comme base l’inflation des prix au détail des Etats-Unis et dépasserait les 700 000 millions de dollars si on prenait pour base l’évolution du prix de l’or.

De ce tableau de tous les jours causé par le blocus, Paranagua ne veut pas en parler et encore moins écrire sur lui. Pour plus d’absurdité, Paranagua parsème son article de quelques passages d’un petit livre de Claudia Hild. C’est un professeur argentin qui vient de publier un essai intitulé « Silence, Cuba : la gauche démocratique face au régime de la Révolution Cubaine » (Editions Edhasa, Buenos Aires, Paz y Tierra, Sao Paulo). A en juger par sa présentation et les commentaires de Paranagua, Elle est en accord avec la symphonie qui dévalorise le processus révolutionnaire cubain.

On voit bien que Claudia Hild ne peut comprendre le processus cubain. Cela lui est impossible parce qu’elle ne va pas jusqu’aux racines et qu’elle n’a pas étudié son évolution historique. Paranagua se charge de nous le démontrer lorsqu’il cite les récentes déclarations de l’auteur à Buenos Aires : « Je suis plus à l’aise avec la théorie politique qu’avec l’histoire. »

Bien que le professeur Hild ait peu de notoriété, le seul fait de se vanter de trouver plus simple d’ignorer l’histoire nous fait nous poser des questions sur la méthodologie utilisée pour étudier un processus historique par excellence. Probablement avec cette révélation diffusée par Paranagua sur son blog, il n’a fait que crier sur la place publique l’existence d’une faiblesse académique.

Le professeur Hild devrait se souvenir que la théorie politique surgit de l’histoire. Elle se nourrit de l’histoire. En d’autres termes, l’histoire est à l’origine de la théorie politique, l’histoire est la source de toutes les sciences sociales et même de la philosophie. L’histoire est la première science que la politique étudie. Encore à notre époque, l’histoire contribue activement à l’élaboration des principaux points de vue théoriques de la politique, indépendamment de l’orientation idéologique de ses représentants.

La sous-estimation des processus historiques, de leurs causes et de leurs conséquences, fait obstacle à la possibilité d’analyser avec objectivité les phénomènes du présent et le caractère de ses forces actives, limite la capacité du spécialiste pour tirer des leçons du passé, les attentes théoriques et pratiques pour transformer le monde au bénéfice de l’Humanité.

Hild ne pourrait nier que, dans l’histoire aussi, on trouve la théorie bien que nous sachions qu’elle préfère cette dernière.

Fidel Castro, Cuba et l’ALBA ont démontré que la fin de l’histoire n’existe pas. Nous sommes encore loin du triomphe de la théorie politique sur l’histoire parce que les deux sciences se complètent dans l’étude des phénomènes politiques et économiques internationaux.

A en juger par ce qu’elle écrit sur Cuba et l’Amérique Latine, Hild privilège les points de vue paradigmatiques de la droite et de la science au service des oligarchies. Oui, d’un secteur minoritaire qui déprécie les pays du Sud et les mesure aves de faux baromètres, occultant les réalités objectives des nations, des peuples et des groupes humains.

En ce sens le « Latinobaromètre » se félicite de couronner, aux meilleures places dans le secteur de la démocratie et des droits de l’homme, les puissances qui imposent la pensée unique occidentale. Celles-là même qui exercent un pouvoir dominant à l’échelle planétaire grâce au concours d’un ensemble de pays qui suivent à petits pas de figurants, les dispositions des Etats-Unis et de leurs alliés de l’Union Européenne.

Enfin, Paranagua nous offre encore plus que ça pour la nouvelle année sur son blog du réputé journal « Le Monde ». Tranchée dans laquelle, avec assiduité, il répète que sa plume reste fidèle à ses vagues et fébriles arguments contre Cuba et les pays de l’ALBA. Son attachement sans limite à la cause contre Fidel Castro, Chavez et autres dirigeants progressistes, restera droit dans ses bottes en 2011 car il a su gagner le poste de gladiateur tenace dans le Colisée des campagnes médiatiques de la presse française. Fidel Castro et Cuba restent ses thèmes préférés. Fidel Castro est son obsession personnelle et celui qu’il injurie le plus dans toutes les feuilles de chou issues de son style pusillanime.

Sans avoir besoin d’un baromètre, depuis la tribune des lecteurs, j’apprécie que le respect pour les stupides élucubrations de Paranagua se trouve au même niveau d’acceptation que d’autres cubanologues parisiens impliqués dans la recherche d’événements cubains dans une optique inversée et simpliste. Toujours aligné avec ceux qui désirent détruire l’oeuvre que défend l’écrasante majorité du peuple cubain.

Mais demain seront vilipendés par Paranagua : Raùl, Orlando, Mariela, Edouardo, parce que ce ne sont pas les noms de personnes qui sont au centre de ses articles pleins de rage et de frustration, mais ce qu’ils représentent d’idées progressistes et d’avenir socialiste en construction pour Cuba et pour la gauche latino-américaine qu’il renie et ne veut pas connaître.

Et évidemment, tout cela est dû à la fragile commodité de s’accrocher à une théorie aux limites étroites étant donnée la taille du Sud politique, à l’insistance à croire à la fin de l’histoire. Afin de voir le nationalisme où existe le patriotisme. Pour subir l’insupportable légèreté de la méconnaissance historique et persister finalement dans la recherche d’une étrenne pour chaque nouvelle année.

(traduction Gaston Lopez)

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