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Contre-pouvoirs ?

Avec la notion de contre-pouvoirs d’aucuns auraient tendance à croire qu’il s’agit d’écarter l’impact révolutionnaire, le fait électoral, les grands mouvements sociaux, la grève, pour faire changer nos sociétés.

En effet, si la révolution reste un élément de la lutte des peuples elle n’apporta souvent que des changements incomplets et surtout peu pérennisés (hormis quelques cas particuliers comme Cuba) ainsi que l’histoire passée le prouve. Cependant, les grands mouvements insurrectionnels apportent toujours quelques chambardements, c’est donc une alternative que l’on ne pourra jamais écarter. Mais les changements qui en résultent ne sont pas toujours inscrits dans la pierre pour n’avoir pas été marqués par un usage prolongé.

Les élections, quant à elles, font partie d’un contexte politique déjà consacré et il est rare que cela crée un véritable bouleversement et apporte une grande modification idéologique. On l’a vu en 1981 en France, la Révolution des oeillets au Portugal, la venue des socialistes en Espagne n’ont pas profondément modifié les fondements de nos sociétés puisqu’à chaque fois ce ne fut qu’un accompagnement un peu différent du capital.

Certes, certains diront, oui mais, il y quand même le Venezuela et d’une façon un peu différente la Bolivie ! Peut-être, mais nous ne sommes qu’au début d’une expérimentation et l’on n’a pas encore suffisamment de recul pour chanter victoire, et surtout pour dire qu’il y a vraiment rupture avec le capitalisme où alors d’une solution transitoire qui en fait ne se démarquerait pas véritablement sur le fond.

Bref, dans la vieille Europe, dans un temps très court, il y a peu de chance que ce soit par le bulletin de vote que l’on renverse le capitalisme. Il semblerait d’ailleurs qu’on va plus aller vers le bipartisme à l’américaine que vers d’autres alternatives, favorisé en cela par un second tour d’un régime présidentiel n’opposant que deux candidats. On verra alors un parti Républicain de droite capitaliste et fascisant (UMP, FN) opposé un parti Démocrate de droite capitaliste à tendance centriste (PS, centre, anciens gaullistes de gauche)

Les mouvements sociaux et la grève, comme leurs noms l’indiquent, restent cantonnés dans la revendication et sont probablement encore moins pérennes qu’une révolution. On se souvient de 68 : si quelques évolutions sociétales dues à cette époque sont devenues incontestables, il n’en est pas de même des libertés et des acquis sociaux qui chaque jour régressent. Luttes souvent catégorielles et qui s’écartent de fait des revendications idéologiques comme c’est le cas actuellement avec la réforme des retraites où cet aspect est volontairement occulté.

Alors, on évoque les contre-pouvoirs. En premier lieu, il est bon d’expliquer ce que l’on entend par cette expression car il ne s’agit pas de penser que l’on va créer un nouveau pouvoir remplaçant celui en place. Non, il s’agit de créer des formes sociétales se démarquant de la pensée unique. En schématisant, on peut résumer ainsi : c’est aller contre le pouvoir en proposant d’autres alternatives. En complément, cela permet de tisser une trame d’initiatives qui seront hors du système de manière à inverser peu à peu la forme du pouvoir établi.

On pense tout de suite à la relocalisation qui va à l’encontre de la mondialisation. Cela permet, entre autres, de mettre en place une multitude de changements locaux. On imagine aussitôt la création de petites unités de fabrication à tailles humaines, mais surtout autogérées, des coopératives ou des formes similaires. C’est-à -dire que ce n’est plus le détenteur du capital qui est le propriétaire, mais celui qui fait fonctionner l’outil de fabrication. Hormis le fait de ne pas être dans une mode de fonctionnement capitaliste, on sortira aussi de la notion de productivisme en cherchant à satisfaire localement les besoins d’usage. Ceci n’est qu’un exemple mais qui cependant peut être tout de suite mis en place puisque certains licenciés ont reçu une prime substantielle et ont le savoir-faire. Ce n’est qu’une question de volonté et aussi de sortir de l’individualisme volontairement exacerbé par le système ultralibéral. D’ailleurs, si l’on raisonne en fonction de la collectivité, un pas en avant vient d’être franchi : c’est une forme de contre-pouvoir s’opposant à la pensée unique capitaliste.

On peut mettre aussi sur le même plan la désobéissance civile car si on y ajoute des contre-propositions que l’on va tenter de mettre en place, c’est encore une autre façon de créer un contre-pouvoir. Les exemples ne manquent pas, comme la reprise en main de la gestion de l’eau et des déchets par la collectivité, la vente directe, banques coopératives et monnaies locales, mutualisations ponctuelles, services d’échanges libres hors marchandisation, etc., qui vont permettre de construire une masse d’initiatives. Masse d’initiatives pour la plupart pérennes, inscrites dans la durée et qui, lorsqu’elles seront suffisamment nombreuses, feront basculer le système, ce que l’on appellera la masse critique.

Certes, il s’agit d’une reconstruction à long terme de nos sociétés, mais qui a l’avantage de s’ancrer petit à petit au sein de la collectivité de façon active en créant de nouvelles structures et par conséquence en décolonisant intellectuellement par l’exemple les esprits de la pensée unique.

Reste aussi dans ces alternatives un point des plus importants : ce tissage des initiatives se faisant par la base, il implique fortement la démocratie active, celle du terrain, la véritable démocratie avec un fonctionnement horizontal, évitant le piège de tous les centralismes démocratiques.

Michel Mengneau

Le Ragondin Furieux

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