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Les terroristes ont gagné (Counterpunch)

Photo : Conseil d’Administration d’Al Qaeda

Le 22 août, j’étais à Manhattan pour une contre-manifestation de soutien au projet d’un centre islamique près de Ground Zero (site des anciennes tours du World Trade Center - NdT). Mon amie Elaine Brower a prononcé un discours passionné, en parlant de la présence près du site d’un club pour « messieurs » ainsi que d’un énorme magasin de vêtements (achetez, achetez, achetez) tout en rappelant que la liberté de culte était protégée par le Constitution. Elle a rappelé aux participants que 15 des pirates qui ont utilisé des avions en guise de missiles le 11/9 venaient d’Arabie Saoudite, avec qui les Etats-Unis continuent de faire des affaires, et à qui nous achetons du pétrole, et que les motards qui se sont joints aux bigots qui protestaient contre le centre islamique avaient probablement fait le plein avec du pétrole saoudien.

Bower, dont le fils a effectué trois services militaires en Afghanistan et en Irak, a dénoncé l’hypocrisie des nationalistes qui font des déclarations comme celle que j’ai entendue lorsque je suis allé faire un tour à la manifestation d’en face pour observer de plus près ceux qui se prétendaient les «  véritables » gardiens de la liberté. «  Les arabes tuent des Américains tous les jours. » Un manifestant brandissait une pancarte où il y avait écrit : PAS DE MOSQUEES EN AMERIQUE.

Je suis retournée à Baltimore, dimanche après-midi, et j’ai pensé au chemin que nous avons pris - en fait, à la destination à laquelle nous sommes déjà arrivés. L’idée d’abandonner ce navire qui coule est tentante. Il suffirait de monter à bord d’un canot, de couper les amarres et de s’éloigner à la rame de ce naufrage total de la raison.

Je pense à toutes ces références au «  terrain sanctifié ». Je pense à cet homme qui avait dit qu’il défendait la liberté de culte mais pensait qu’une mosquée de devait pas être autorisée si près d’un sanctuaire.

A quelle distance se situe «  trop près » ? Quelle serait la distance tolérable pour être un musulman ? Ce ne sont là que des questions annexes.

La questions principale est celle du racisme et de la peur. Qui mènent à la haine. Qui nous mènent à la guerre. Qui marginalisent. Qui déshumanisent.

J’ai déjà clairement dit que j’étais en désaccord avec le président. Je m’oppose à la guerre, à l’impérialisme, au sionisme, au complexe militaro-industriel. Je déteste le fait qu’Obama s’est présenté comme la personnification de l’espoir et du changement, comme le dirigeant sur qui on pouvait compter pour redresser les méfaits flagrants du régime de Bush, alors qu’il n’a jamais eu l’intention de tenir ses promesses et, pire encore, savait qu’il poursuivrait cette politique si dévastatrice à l’intérieur et à l’éxtérieur du pays. Cela dit, je ne me permettrais jamais de le juger sous prétexte qu’il porte comme deuxième prénom «  Hussein ». Pas plus que je ne me permettrais de remettre en cause sa religion. Franchement, je m’en fiche qu’Obama soit Juif, Bouddhiste, Chrétien, Musulman, athée, agnostique ou membre de l’Eglise des Spaghettis Volants.

Lundi j’ai reçu un courrier électronique d’Eliane Brower qui me signalait que Chris Matthews sur la chaine MSNBC allait interviewer un opposant et un partisan du centre islamique controversé. En allumant la télé je suis tombée sur Mathews en train de critiquer le Sénateur Mitch McConnell du Kentucky pour ses déclarations à l’émission Meet the Press de la veille. McConnell avait déclaré à deux reprises que lorsque le président affirmait qu’il était chrétien, il n’avait aucune raison d’en douter. A l’évidence, McConnell a sciemment concocté une phrase pour semer un doute sur le christianisme d’Obama - un doute sur la croyance du président.

Malgré les diatribes de Matthew contre la tentative délibérée de McConnell de déstabiliser Obama, Matthew a oublié de parler de l’essentiel. Il a oublié de dire que la religion n’avait pas d’importance, que la liberté de culte était protégée par la Constitution et que n’importe quel président de ce pays pouvait être musulman, Pastafari, ou adorateur du nombril si ça lui chantait.

Lorsque les invités que j’attendais son finalement arrivés, j’avais déjà déconnecté. Parce que le Quatrième Pouvoir est devenu trop ringard. Et parce que j’en ai assez des mensonges débités depuis les attentats du 11/9, de l’enquête qui n’en était pas vraiment une, des appels au sang enflammés, de l’islamophobie, du choc et de la stupeur, de l’assassinat d’hommes, femmes et enfants et de la destruction d’une civilisation.

Nos «  dirigeants » et les «  journalistes » des grands médias insistent sur l’exception américaine, sur le terrain sanctifié, sur les sites sacrés. Et les grenouilles de bénitier crachent un discours qui pourrait déboucher sur la violence. La police de New-York a confirmé qu’un chauffeur de taxi de Manhattan a été poignardé lundi par un client qui lui avait demandé s’il était musulman. Un évènement troublant dans le climat d’islamophobie déclenché par les opposants au centre islamique prés de Ground Zero.

Notre civilisation a perdu. Les terroristes devraient hisser une banderole qui proclame «  Mission Accomplie ».

Missy Beattie

http://www.counterpunch.org/beattie08272010.html

Traduction VD pour le Grand Soir

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