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Un document déclassifié le révèle

Le « très bon ami » de Posada au FBI a enquêté sur les attentats de La Havane

L’agent du FBI George Kiszynski, que Luis Posada Carriles a qualifié de « très bon ami » dans son entrevue du New York Times, a enquêté sur les attentats que ce terroriste international a avoué avoir provoqué à La Havane, en 1997, confirme un rapport officiel de la police fédérale nord-américaine déclassifié le 18 mai dernier.

Le document de trois pages a été déposé comme un élément de preuve de plus, auprès du tribunal de El Paso, qui doit juger Posada sous divers chefs d’accusation, à une date toujours indéterminée.

Rédigées le 13 novembre 1998, les deux premières pages du document déclassifié rapportent que le 17 juin antérieur « un examen sur le terrain de quatre détonateurs électriques A été réalisé à La Havane, Cuba » et donnent les « spécifications des spécimens examinés », de marque DuPont et e fabrication étasunienne.

La troisième page - une lettre adressée explicitement au chef du FBI de Miami - se rapporte à trois échantillons d’explosifs examinés, en précisant que les résultats de leur analyse se trouvent en pièces jointes. Juste après le dernier paragraphe, apparaît de façon énigmatique, écrit à la main, le nom KISZYNSKI.

Ce qui indique clairement que l’agent du FBI George Kiszynski, constamment lié au terrorisme contre Cuba depuis des décennies, a participé d’une façon ou d’une autre à l’enquête menée par la police nord-américaine sur les attentats de 1997 à Cuba.

Comme on sait, ces attentats ont été organisés depuis le Salvador par Posada, qui a qualifié Kiszynski de « très bon ami » au cours d’une entrevue avec Ann Louise Bardach et Larry Rother, publiée par le New York Times les 12 et 13 juillet 1998.

TROIS ENVOYÉS DU FBI A LA HAVANE

Le 15 juin 1998, résultat direct d’une communication alors faite au président US Bill Clinton le mois antérieur par l’écrivain colombien Gabriel Garcà­a Márquez, à la demande du président cubain Fidel Castro, une délégation du FBI est arrivée à La Havane et s’y est réunie le 16 et le 17 juin avec des experts cubains.

Les trois officiers nord-américains ont alors reçu une ample information sur les attentats survenus à Cuba l’année précédente, comprenant, entre autres, 64 dossiers dans lesquels on apportait des preuves en relation avec 31 actions et plans terroristes contre Cuba menés entre 1990 et 1998 sur l’ordre de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) de Miami.

Parmi ces preuves, se trouvaient aussi les échantillons d’explosifs utilisés dans la fabrication de bombes désactivées avant d’exploser.

Les officiers du FBI se sont alors engagés à informer la partie cubaine des résultats de leurs analyses des échantillons dans les délais les plus brefs.

Ce qui ne fut jamais fait.

Quelques semaines après le séjour à Cuba des enquêteurs nord-américains, le chef du FBI de Miami, Héctor Pesquera, non seulement n’a pas procédé à l’enquête des éléments signalés à La Havane, mais encore a-t-il ordonné l’arrestation de Cubains infiltrés dans les rangs d’organisations terroristes, à la demande de chefs mafieux, parmi lesquels se trouvait le congressiste fédéral Lincoln Dà­az-Balart, que l’on tiendra constamment informé.

Le jour même du 18 juin, tandis que les agents du FBI en visite à La Havane rentraient dans leur pays, Posada se trouvait dans l’île néerlandaise de Aruba accordant tranquillement l’entrevue au The New York Times dans laquelle il se vante - « avec orgueil », dit le texte - d’avoir organisé la campagne de terrorisme contre Cuba jusqu’à s’offrir le luxe de parler ouvertement de ses commanditaires de la FNCA.

C’est précisément au cours de cette entrevue que le terroriste international identifie l’agent spécial du FBI George Kiszynski comme un « très bon ami » qu’il connaît depuis longtemps.

TOUTE UNE SUCCESSION D’ACTES COMPLICES

L’histoire connue de la complicité de l’officier Kiszynski avec la mafia cubano-américaine commence en 1979 quand les détectives Sergio Pinion et Ozzie Austin lui communiquent des plans de terroristes liés à la Coordination des Organisations Révolutionnaires (CORU) d’Orlando Bosch pour détruire un avion, qui réalisait des vols entre Miami et La Havane. Les enquêteurs de la police de Miami ont alors demandé à leur collègue son appui pour déjouer la conspiration. Immédiatement, Kiszynski s’est réunà­ avec les suspects dénoncés, sous le prétexte de les interroger, et en sortant de la rencontre, a « oublié » sa serviette.

Informés par un collaborateur infiltré dans le CORU, Pinion et Austin ont dénoncé Kiszynski à ses supérieurs hiérarchiques pour qu’ils fassent une enquête dont les résultats - inconnus - ont été rapidement classés.

Peu après le scandale Iran-Contra, Kiszynski a été celui qui a communiqué au colonel Oliver North, gérant du complot au service de George Bush pére, un rapport ultrasecret du FBI, dans lequel on révèle de façon détaillée les éléments d’une enquête qu’avait réalisé la police de Miami sur les Contras et le trafic de drogue. Un trafic auquel participait activement l’agent CIA Luis Posada Carriles.

Le 7 février 1992, le même Kiszynski - désigné par le FBI pour satisfaire un ordre du Congrès d’assistance au bureau du Procureur indépendant faisant enquête sur l’affaire Iran-Contra - a interrogé Luis Posada Carriles durant plusieurs heures à l’ambassade nord-américaine du Honduras, pays où le terroriste résidait.

La conversation - agréable - entre le policier et le terroriste se déroule sans que le premier ait l’idée de détenir le second. Posada pourra ainsi continuer avec ses tentatives d’assassinat, en ayant la confirmation d’une sympathie de la part des étasuniens envers ses activités. Et il le fera tant au Venezuela comme en République Dominicaine et au Panama.

« JE N’AI JAMAIS PLUS EU DE NOUVELLES D’EUX »

Il y a encore d’autres anecdotes surprenantes au sujet de cet agent trop spécial. En 1997, l’ingénieur guatémaltèque Antonio "Tony" Jorge à lvarez dirigeait la succursale de la firme WRB Enterprises au Guatemala avec laquelle travaillait Posada Carriles. Le terroriste dirigeait alors la campagne d’attentats contre des hôtels de Cuba et préparait un attentat contre le président cubain Fidel Castro, que l’on prévoyait effectuer au Sommet ibéro américain de Margarita, au Venezuela.

à lvarez, aujourd’hui résident de Greenville, Caroline du sud, a informé le FBI. Il a signalé que Posada et ses complices ont acheté des détonateurs - ceux-là même qui réapparaîtront à La Havane - pour la fabrication d’engins explosifs, et qu’il avait vu du plastic en sa possession.

Selon les déclarations faites par à lvarez au New York Times que l’on a ensuite publiées, le FBI a été « étonnamment » inefficace. Le quotidien a confirmé qu’un agent - George Kiszynski - s’est mis en contact depuis Miami avec à lvarez.

« Il (Kiszynski ) m’a dit que ma vie était en danger, que ces gens-là étaient très dangereux, et que je devais quitter le Guatemala. Je nai jamais plus eu de nouvelles d’eux », a déclaré à lvarez au quotidien.

Le New York Times a dû lui-même conclure que si le FBI avait interrogé à lvarez, il aurais appris que Posada planifiait les attentats de La Havane.

Mais ce n’est pas tout.

Le même Kiszynski réapparaîtra le 26 mars 2001 comme témoin au procès des Cinq cubains accusés d’espionnage pour avoir infiltré des groupes terroristes de Miami.

La défense le convoque après avoir été informée par le FBI qu’il avait enquêté à Miami sur la présence de bateaux suspects.

Kiszynski, dont on ignorait alors les antécédents, a raconté au tribunal qu’il avait effectivement enquêté, en juillet 1998, sur deux embarcations ancrées dans une marina de Miami, dont le propriétaire préparait une opération terroriste contre Cuba.

Kiszynski a affirmé que, au cours d’une opération qu’il a réalisé, on a recherché des explosifs ou des armes et que l’on n’a rien trouvé. Il est ensuite allé interroger le propriétaire, Enrique Bassas, qu’il connaissait depuis longtemps, a-t-il avoué.

Ce que n’a pas précisé Kiszynski, c’est que Bassas est l’un des individus qui a rencontré Luis Posada Carriles, précisément en juillet 1998, entre le 19 et le 21, à l’hôtel Holiday Inn, de Ciudad de Guatemala, pour préparer un autre plan d’attentat contre le président cubain, qui allait participer au sommet des chefs d’état des Caraïbes à Saint-Domingue.

Il n’a pas non plus précisé que Bassas a connu Posada dans la ville cubaine de Cienfuegos, où ils sont tous deux nés, puisqu’il a été membre de l’Armée secrète cubaine du terroriste notoire Sixto Reynaldo Aquit Manrique.

La présence du nom KISZYNSKI à la fin de l’inventaire des échantillons d’explosifs, rédigé par le FBI après la visite de ses envoyés a La Havane, constitue une preuve de plus de mauvaise foi dans le dossier de la relation entre la police fédérale des Etats Unis et le terrorisme cubano-américain.

Presque douze ans après la visite à Cuba des envoyés du FBI, les terroristes dénoncés par Cuba - y compris Posada - sont libres à Miami, conspirant impunément avec la complicité du FBI.

Tandis que les Cinq antiterroristes, qui n’accomplissaient que leur devoir en protégeant leur Patrie, demeurent séquestrés dans cinq prisons nord-américaines, victimes d’une odieuse machination qui l’on prétend, avec un cynisme absolu, appeler Justice.

JEAN-GUY ALLARD

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Hélène Berr. Journal. Paris, Tallandier, 2008.
Bernard GENSANE
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Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

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