Un nouveau rapport tombe bien mal pour Apple. Alors que le constructeur s’apprête mercredi à annoncer en grande pompe, à son habitude, son nouvel iPhone à bas coût, le 5C, l’ONG China Labor Watch a d’ores et déjà dénoncé sévèrement les conditions dans lesquelles il est fabriqué.
Apple craignant que les nombreux scandales le liant avec son sous-traitant habituel, Foxconn, n’entachent de trop son image, a décidé d’en changer progressivement. L’iPhone 5C est donc construit par une société américaine, Jabil Circuit, mais dont les usines sont bien entendu en Chine. Le nouveau smartphone à bas coût d’Apple est ainsi assemblé dans une énorme usine de 30 000 salariés basée à Wuxi, ville industrielle de la province du Jiangsu. Et la liste des infractions au droit du travail chinois, comme au code d’éthique d’Apple, dans cette usine, est dramatiquement longue. L’ONG explique clairement la dégradation des conditions de travail des employés depuis que l’usine assemble des produits Apple : cadences impossibles, surpopulation dans l’usine…
L’entorse au droit la plus courante concerne la durée du travail. En moyenne, les ouvriers interrogés par China Labor Watch (CLW) travaillent 11,5 heures par jour, en position debout. Soit 69 heures par semaine, avec au minimum 110 heures par mois d’heures supplémentaires. Le droit du travail chinois impose un maximum de 49 heures. Sur 12 heures de présence quotidienne, la seule pause est la demi-heure accordée pour manger le midi. Et vue la taille de l’usine (il faut selon certaines unités de production plus de 10 minutes pour rejoindre la cafétéria) et les contrôles de sécurité à passer, les ouvriers ont souvent à peine 5 minutes pour manger. Autre scandale, beaucoup d’heures supplémentaires effectuées sont rémunérées à un taux inférieur au minimum légal, lorsqu’elles ne sont tout simplement pas du tout payées. Dans les faits, 30 minutes de travail par jour ne sont pas rémunérées. La paye reste minimale et les ouvriers sont obligés de multiplier les heures supplémentaires s’ils veulent mettre un peu d’argent de côté ou fonder une famille.
CLW dénonce également les conditions de vie des employés. Comme de nombreuses usines de cette ampleur, Jabil propose des dortoirs (en photo ci-dessus) et des repas à ses ouvriers. Services qu’ils doivent payer. Les dortoirs sont très rudimentaires. Quatre lits, pour huit ouvriers, qui s’organisent pour dormir selon les rotations horaires jour-nuit, puisque la chaine de montage ne doit pas s’interrompre lorsqu’Apple se prépare à sortir un nouveau produit. Les conditions de travail sont tout aussi complexes. Les objectifs de production réclamés par Apple sont plus élevés que les normes maximales de son sous-traitant. Une hypocrisie surréaliste qui pousse les travailleurs à faire semblant de respecter les règles pendant les inspections, avant de les enfreindre à nouveau pour travailler plus vite afin de pouvoir atteindre leurs objectifs, qu’ils doivent quotidiennement consigner. Les cadences sont tellement strictes que la moindre pause-pipi doit être préalablement autorisée afin que l’ouvrier soit remplacé. Ces cadences impossibles expliquent la sévère discrimination à l’embauche. Jabil ne recrute que des jeunes, pas de femme enceinte, aucun tatoué…
Pour parfaire le tableau, CLW pointe les problèmes de sécurité au travail. De nombreux ouvriers sont en contact avec des produits chimiques potentiellement dangereux ou encore des lasers. Il n’y a pas forcément assez d’équipements de protection pour tous et les travailleurs ne savent pas correctement les utiliser. C’est que chaque employé n’a droit qu’à un maximum de 2 heures de formation avant sa prise de poste, bien que la loi chinoise impose un minimum d’une journée. En outre, CLW pointe les issues incendies encombrées ou mal indiquées.
Pierric Marissal
"Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’étais déterminé à faire entrer les Etats-Unis dans le 21ème siècle, toujours comme le plus grand facteur de paix et de liberté, de démocratie, de sécurité et de prospérité."
Bill Clinton, 1996
"A travers le monde, chaque jour, un homme, une femme ou un enfant sera déplacé, torturé, assassiné ou "porté disparu", entre les mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Et la plupart du temps, les Etats-Unis en sont complices. "
Amnesty International, 1996