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Une intelligence artificielle dirige un fonds de pension

Un algorithme vient d’être nommé au conseil d’administration d’un fonds de pension de Hong Kong. Si les machines ont déjà amplement pris la place des traders sur les marchés, c’est la première fois qu’une intelligence artificielle va les diriger.

C’est logique, au fond. Si, dans le trading haute fréquence, les machines sont considérées comme plus fiables, rapides et rationnelles que les traders humains pour échanger des milliards de dollars sur les marchés, la place de tels algorithmes en conseil d’administration peut froidement se révéler tout aussi efficace. Deep Knowledge Ventures est un fonds de pension à haut risque, spécialisé dans les investissements dans le domaine de la santé et la biotechnologie. Comprendre qu’ils spéculent sur les médicaments, particulièrement contre le cancer, et les maisons de retraites, cliniques privées et traitements personnalisés. Selon leur site, ils se spécialisent dans la lutte contre les effets du vieillissement et la recherche en médecine « régénérative ».

VITAL (pour Validating Investment Tool for Advancing Life Sciences, littéralement outil de validation des investissements dans la science pour les progrès de la vie) est le nom de l’intelligence artificielle promue au conseil d’administration de ce fonds. C’est un algorithme assez classique dans le monde du trading haute fréquence. Même si son nom a pour but d’inspirer d’avantage confiance que celui de ses homologues qui sévissent sur les marchés (Ambush, Cobra, Guerilla, Ninja...). Il fonctionne sur une énorme base de données, ici spécialisée dans le domaine de la santé, comme des rapports financiers, cas cliniques ou encore l’état des brevets, qu’il est capable de croiser en une fraction de seconde. Il peut ainsi réagir bien plus vite qu’aucun humain à chaque nouvelle information. Deux décisions d’investissement auraient ainsi déjà été prises depuis la nomination de l’algorithme à ce poste. VITAL dispose d’une voix au conseil d’administration, tout comme ses cinq collègues humains. Si la machine n’est pas présente physiquement lors des réunions, tous les sujets à l’ordre du jour sont accompagnés de ses rapports, analyses et suggestions.

VITAL devrait petit à petit évoluer. Si pour l’heure, il se contente d’être principalement un gros algorithme d’analyse apte à faire des propositions, des équipes de développeurs de l’entreprise anglaise Aging Analytics Agency se concentrent pour le doter de capacités d’apprentissage et le rendre de plus en plus autonome. Le faire évoluer en ce qu’on nomme un algorithme génétique, au fonctionnement inspiré de Darwin. Ce type d’intelligence artificielle est capable de lancer des actions (stimuli) plus ou moins au hasard, permettant de faire évoluer en temps réel ses paramètres. Ceux produisant de bons résultats survivent et se reproduisent, ils mutent lorsque cela est nécessaire. Les autres disparaissent. Ainsi l’algorithme développe sa propre expérience, son propre bagage génétique, pour poursuivre la métaphore. Vital pourrait être à terme tout à fait capable de prendre en main les activités de tout patron, comme la rédaction et la présentation des bilans financiers aux actionnaires. Ou de rationaliser à l’extrême la gestion de l’entreprise, et tant pis pour l’humain.

Pierric Marissal

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