Le développement d’une classe moyenne (1) nombreuse au Nord apparaît caractéristique de la période des Trente glorieuses et son émergence au Sud coïncide avec la phase développementaliste.
L’apparition et la densification de la classe moyenne sont des éléments majeurs de l’ajustement structurel fordiste. Le système dans sa version du capitalisme industriel va engendrer un façonnage sociétal permettant à la fois l’expansion géographique et l’intensification du capitalisme.
Le système d’exploitation et de contrainte, capitaliste depuis trois siècles, façonne les structures de la société en vue d’une exploitation et d’une domination accrues des masses. Pour ce faire, il use de ruse pour arriver à ses fins. En effet, la domination du petit nombre sur le grand nombre a besoin d’un « pseudo » consentement de la part de la masse. Pour l’obtenir, le système met en lumière et promeut des causes « humanitaires » qui, tellement « évidentes », logiques, charitables et flatteuses pour la dignité humaine, deviennent rapidement des dogmes, des vérités imposées qu’il est interdit de mettre en doute ou de contester. Il s’agit le plus souvent de « sauver » tout ou partie de l’Humanité. Ces causes humanitaires, véritables « croisades », mobilisent les multiples agents du système : personnel politique, médias, intellectuels, économistes, juristes, experts… Le but réel desdites croisades est de façonner les structures des sociétés destinataires pour les rendre compatibles avec l’évolution planifiée du système d’exploitation. L’exemple de la révolution verte, débutée dans les années 1960 dans le Tiers-Monde, pour « lutter contre la faim dans le monde » apparaît significatif. Elle a contribué à ajuster les structures de la société (particulièrement celles du secteur de l’agriculture traditionnelle), à intégrer ledit secteur dans la mondialisation et à créer des dépendances externes (économiques, technologiques, financières…). Ce façonnage sociétal facilitera le passage au néolibéralisme avec la crise de la dette extérieure du début des années 1980.
Pour atteindre son objectif d’exploitation maximale à moindre coût, le système capitaliste déploie une stratégie offensive de façonnage de son environnement. Il impose un ajustement structurel permanent à la société dans son ensemble.
Contrairement à l'idée que le système capitaliste ne fait que s'adapter aux variations de son environnement, j'affirme que ledit système façonne son environnement avec pour objectif : le profit à n'importe quel prix.
Comme de nombreux pays, la France est sous l'emprise d'un système caractérisé par un triptyque : État profond - capitalisme de copinage - démocratie de connivence. Les rouages du système sont bien huilés et bien protégés, si bien qu'ils résistent à toutes les tentatives (vote, manifestations, pétitions,...) de réforme. Pour changer le système, il faut d'abord le détruire, faire table rase pour reconstruire. Mais, embourgeoisée, manipulée, conditionnée... la population n'est pas prête à descendre dans la rue pour un éventuel coup de force. Dans ces conditions, il faut mener des actions efficaces qui échappent à l'appareil de contrainte étatique. C'est ce qui est envisagé dans les lignes qui suivent.
Déjà, avant la signature du Traité de Rome en 1957, nos « élites » savaient ce qu’il allait advenir de la France au sein de l’Europe en construction.